Matthieu Lavagna sortira le 13 mars prochain un livre de réponse à Michel Onfray : Non, le Christ n'est pas un mythe, publié en coédition par les 1000 raisons de croire et Artège, qui en 270 pages, explique dans le détail toutes les erreurs de Michel Onfray sur Jésus et le christianisme. Il réagit en attendant à deux interview du "philosophe" récemment réalisées sur Radio Notre-Dame.
2’35 : « si je ne crois pas en Dieu c’est la faute de votre Dieu »
Affirmation purement gratuite. D’un point de vue chrétien, Dieu donne des raisons de croire suffisantes a toute personne de bonne volonté. Si Michel Onfray ne croit pas en Dieu, c’est parce qu’il est mal ou insuffisamment renseigné ou qu’il est de mauvaise foi. Comme disait Pascal : « il y a assez de lumière pour ceux qui désirent voir et assez d’obscurité pour ceux qui sont des dispositions contraires ».
3‘10 : « Mes thèses ne sont pas souvent examinées »
Ceci est parfaitement faux. Michel Onfray refuse le débat avec toute personne ayant examiné ses thèses dans le détail. Il a refusé de débattre avec Jean-Marie Salamito, professeur agrégée de la Sorbonne et spécialiste du christianisme antique. Il a également refusé de débattre avec Olivier Bonnassies ce 25/01/2024 et il a également refusé de débattre avec moi sur la thèse mythiste en me disant : « Monsieur, je n’ai aucune bonne raison de vous offrir ce plaisir-là »
5’28 : « je ne suis pas insultant à l’égard de Jésus »
Mensonge ! Onfray affirme littéralement que le Jésus des évangiles est antisémite qu’il incite à tuer les incroyants et a haïr ses propres parents (cf. son traité d’athéologie, Décadence et Théorie de Jésus)
5’51 : Michel Onfray affirme que Jésus « ne mange jamais rien», il « ne mange pas de loukoum ni de couscous » Ces remarques sont parfaitement stupides et hors propos par rapport à la question de son historicité. De plus, l’accusation qu’émet Michel Onfray est tout simplement fausse: Jésus mange en effet du poisson avec ses disciples (Lc 24,42-43) ainsi que l’agneau pascal avec ses Apôtres (Mt 26,17-19). On lui reproche même d’être un glouton et un ivrogne: « Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et ils disent: C’est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie » (Mt 11,19). Enfin, même si les évangiles ne mentionnait pas Jésus en train de manger cela ne montrerait pas qu’il s’agit d’un personnage conceptuel. Sinon il faudrait conclure à l’inexistence d’un grand nombre de personnes de l’antiquité (Jules césar, Aristote, Platon, etc).
Michel Onfray poursuit en affirmant : «on le voit pas uriner » Doit-on vraiment conclure que si Jésus avait réellement existé, les évangélistes auraient rapporté les passionnants épisodes de ses passages aux toilettes? Faut-il aussi conclure à l’inexistence de Jules César, Tacite, Flavius Josèphe, Suétone, de Paul de Tarse ou de Napoléon dont il n’est jamais rapporté qu’ils ont uriné? Michel Onfray est un sacré blagueur…
6’45 : « le corps de Jésus, il n’est pas décrit dans les évangiles » Eh alors ? c’est aussi le cas d’un grand nombre de personnages dans l’Antiquité ! On a pas de description physique du corps de saint Paul dans une source historique primitive. Doit-on en conclure qu’il n’a pas existé ?
8’12 : « vous savez bien qu’il n’y a pas de manuscrit des évangiles qui soit contemporain de l’existence de Jésus » Affirmation ridicule puisque c’est le cas pour tous les manuscrits de l’antiquité ! Pour l’Iliade d’Homère, le premier manuscrit complet vient 800 ans après ! Ce qui important est la date de rédaction des manuscrits originaux et les exégètes sont unanimes pour dater les évangiles du 1er siècle (entre 50 et 90).
8’35 : Michel Onfray se plaint que « Les manuscrits sont copiés puis copiés puis copiés, etc » mais il semble ignorer que c’est le cas pour toute la littérature antique ! Ces textes ont effectivement été copiés et recopiés minutieusement par des scribes professionnels. En comparant les manuscrits, la critique textuelle est capable de retranscrire avec précision 99,5% du texte original du Nouveau Testament. Il y a uniquement 40 versets où il y a une hésitation et aucun de ces versets ne porte sur une doctrine chrétienne fondamentale.
9’03 : Louis Daufresne mentionne bien les deux textes de Flavius Josèphe qui parlent l’existence de Jésus et Michel Onfray répond : « Ces textes ne disent pas que Jésus a existé mais que les chrétiens ont existé ». Mensonge grotesque une fois de plus. Les deux textes parlent de Jésus pas seulement des chrétiens.
Dans son fameux Testimonium, Flavius Josèphe écrit: « En ce temps-là paraît Jésus, un homme sage, [si toutefois il faut l’appeler un homme, car] c’était un faiseur de prodiges, un maître des gens qui recevaient avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Judéens et aussi beaucoup de Grecs; [Celui-là était le Christ.] Et quand Pilate, sur la dénonciation des premiers parmi nous le condamna à la croix, ceux qui l’avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. [Car il leur apparut le troisième jour, vivant à nouveau; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet.] Jusqu’à maintenant encore, le groupe des chrétiens ainsi nommé après lui n’a pas disparu17. » (Antiquités juives, XVIII, 63-64)
Le deuxième passage où Flavius Josèphe fait référence à Jésus se trouve quelques chapitres plus loin dans Antiquités juives: « Comme Anan était tel et qu’il croyait avoir une occasion favorable parce que Festus était mort et Albinus encore en route, il réunit un sanhédrin, traduisit devant lui Jacques, frère de Jésus appelé le Christ, et certains autres, en les accusant d’avoir transgressé la loi, et il les fit lapider. » (Antiquités juives, XX, 200. Nous soulignons.) Dans ce passage, Flavius mentionne explicitement la lapidation de Jacques le « frère de Jésus appelé le Christ », ce qui implique nécessairement que Flavius Josèphe pensait que Jésus était un personnage historique. Si certains avaient encore des doutes quant à l’interpolation partielle ou totale du Testimonium flavianum, le consensus exégétique atteste bien l’authenticité totale de ce deuxième passage. D’après l’historien John Meier, il apparaît dans tous les manuscrits grecs « sans aucune variante notable». Ces deux textes mentionnent bien l’existence de Jésus, pas seulement des chrétiens.
Vers 9’50 Louis Daufresne mentionne avec raison le talmud comme preuve supplémentaire de l’existence historique de Jésus et Onfray répond : « Il ne faut pas confondre la Torah et le Talmud » Remarque totalement hors sujet ! Louis ne les a pas confondu ! Pire encore, alors que Louis remarque très justement à 10min10 que le talmud dit l’hostilité qu’il y a à l’égard du Christ. Onfray lui répond « Non, l’hostilité à l’égard du christianisme, pas du Christ». Encore un nouveau mensonge ! Le talmud parle bien de Jésus le nazaréen, pas juste de l’existence du christianisme : « La veille de la Pâque, ils ont pendu [crucifié] le cadavre de Jésus le Nazaréen, […] Jésus le Nazaréen méritait-il que l’on cherche une raison de l’acquitter? Il était un incitateur au culte des idoles, et le Miséricordieux déclare à propos d’un incitateur au culte des idoles: “Vous ne l’épargnerez pas et vous ne le cacherez pas” (Dt 13,9) » (Traité du Sanhédrin 43a)
Vers 10’58 : Louis fait remarquer à Onfray que personne n’a nié l’existence de Jésus avant le XVIIIe siècle et Onfray répond que Celse, philosophe païen du IIe siècle remettait en cause l’existence de Jésus ! Or c’est archi faux. C’est l’exact contraire qui est vrai : Celse mentionne bel et bien l’existence de Jésus. Par exemple, Celse se moque du fait que les chrétiens se soient mis à diviniser le Christ alors qu’il est mort sur une croix « Vous nous donnez pour Dieu un personnage qui termina par une mort misérable une vie infâme » (Discours contre les chrétiens).
Quant à Porphyre et à l’empereur Julien, aussi cités, ils n’ont jamais remis en cause l’existence de Jésus contrairement à ce que prétend Onfray qui ne donne aucune source pour justifier ses propos comme d’habitude.
Bart Ehrman historien athée, très hostile à l’égard du christianisme était bien obligé d’avouer : « Toutes les sources qui mentionnent Jésus jusqu’au XVIIIe siècle supposent qu’il a réellement existé. […] Ce qui est le plus frappant, c’est que cela est vrai non seulement pour ceux qui ont cru en Jésus, mais aussi pour les non-croyants en général et les opposants au christianisme en particulier. […] Les antagonistes juifs et païens qui ont attaqué le christianisme et Jésus lui-même n’ont pas pensé qu’il n’avait jamais existé. […] L’idée que Jésus n’a pas existé est une notion moderne. Elle n’a pas de précédents anciens. Elle a été inventée au XVIIIe siècle. On pourrait dire qu’il s’agit d’un mythe moderne, le mythe du Jésus mythique. », in Bart Ehrman, Did Jesus exist?, HarperOne, 2012, p. 96.
Entre 12’56-13’27 Onfray affirme que Jésus est nécessairement un collage de l’ancien testament puisqu’il cite un psaume sur la croix (« Mon Dieu mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ») et que ce psaume « a été rédigé 2000 ans avant lui-même » Or c’est archi faux ! Toute personne un minium informée en matière historique sait très bien que les psaumes n’ont pas été rédigés 2000 ans avant Jésus [si c’était le cas, cela voudrait dire qu’ils auraient été rédigés avant Abraham]! De plus le fait que Jésus cite un psaume rédigé mille ans avant lui-même ne montre aucunement qu’il n’a pas existé. J’ose espérer que Michel Onfray ne conclurait pas à mon inexistence si un jour je m’aventurais à citer un texte rédigé mille ans avant ma naissance !
A 17’00, Onfray ose comparer Jésus au Père Noel. Ce propos est d’une telle stupidité qu’il ne mérite pas d’être commenté.
Vers 20’20, Michel Onfray nous apprends une nouvelle époustouflante. D’après lui les scribes «dont le boulot était de recopier les manuscrits » étaient « des illettrés » C’est archi-faux par définition puisque les scribes copistes étaient au contraire nécessairement des personnes parfaitement lettrées. Comment peut-on recopier un manuscrit s’il on n’est même pas capable de lire ou d’écrire ? Comme d’habitude, Onfray ne donne aucune référence pour défendre son propos aux antipodes du consensus universitaire en matière de critique textuelle.
21’47 : Louis remarque avec justesse que personne n’aurait pu imaginer le Christ qui se serait fait crucifier puisque c’est tellement invraisemblable d’imaginer que Dieu aurait pu mourir. Et Onfray répond « Comment ça personne ? Bien sûr que si puisque que ça a été inventé » => Nous avons là à faire à une grosse pétition de principe. Onfray part déjà du principe que sa thèse mythiste est vraie et se contente de la réaffirmer au lieu de répondre à l’argument pertinent de Louis.
22’55 : « historiquement, si Jésus avait existé il n’aurait pas été crucifié il aurait été lapidé… c’est comme si on vous dit qu’on avait utilisé la chaise électrique à la révolution française »
Or, il s’agit là encore d’une erreur historique flagrante que n’importe quel spécialiste de l’Antiquité serait en mesure de réfuter. En effet, c’est un fait parfaitement avéré que les Juifs étaient souvent crucifiés dans l’Antiquité. Par exemple, Flavius Josèphe rapporte qu’en l’an -4, le gouverneur de Syrie nommé Varus a crucifié 2000 Juifs: « Varus détacha une partie de son armée pour rechercher les fauteurs de la rébellion. De ceux qu’on dénonça il fit châtier les uns comme principaux responsables et relâcha les autres; il y eut deux mille personnes crucifiées pour cette affaire » (Flavius Josèphe, Antiquités juives, 17, 295)
De même, on sait que Titus fit crucifier beaucoup de personnes lui aussi, si bien qu’il manquait de bois pour tous les mettre en croix ! « Fouettés et soumis, avant le supplice, aux traitements les plus cruels, ils [les Juifs] étaient crucifiés par les Romains en face du rempart. […] Les soldats, qu’excitaient la fureur et la haine, crucifiaient les captifs, en manière de raillerie, de façons différentes, et la multitude des victimes était si grande que l’espace manquait aux croix, et les croix aux corps» (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, V, 446-451)
Flavius Josèphe rapporte également que le grand prêtre de Jérusalem, Alexandre Jannée, fit crucifier 800 pharisiens devant leurs propres familles: « Il fit mettre en croix au milieu de la ville huit cents des captifs et égorger sous leurs yeux leurs femmes et leurs enfants; lui-même contemplait ce spectacle en buvant, étendu parmi ses concubines» (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs,I,97)
Ainsi, il est parfaitement faux de dire qu’à l’époque du Christ on ne crucifiait pas. Encore une fois, Michel Onfray démontre une ignorance flagrante des données historiques.
0’37 : « Je ne dis pas que le christianisme c’est faux, je dis pas ça, je dis que Jésus est un mythe » Voilà une débilité qui dépasse l’entendement. Le christianisme repose précisément sur l’affirmation d’un Jésus mort et ressuscité pour nos péchés. Il est donc logiquement impossible d’être chrétien et de nier l’existence de Jésus de la même possible qu’il n’est pas possible d’être musulman et de nier l’existence de Muhammad.
3’12 : Michel Onfray affirme aussi faire « l’éloge de la civilisation judéo-chrétienne » Encore un mensonge supplémentaire! Il suffit de lire son livre Décadence pour voir que c’est tout le contraire ! Onfray ne cesse de cracher sur le christianisme à longueur de journées ! Il soutient que saint Paul était un meurtrier, que le Jésus des Évangiles (qui n’a pas existé) incite à tuer tous ceux qui ne croient pas en lui, que l’Église catholique a activement collaboré au génocide juif, que le pape saint Jean-Paul II a positivement soutenu le massacre des Tutsis par les Hutus, que l’Église déteste les femmes, que les Évangiles sont antisémites ou encore que Hitler – bon catholique – était un disciple de saint Jean. Rien dans ses écrits sur le christianisme ne ressemble à une analyse objective et honnête des faits. Insultes, amalgames, mensonges, truandages; ses dires rendent impossible toute réflexion rationnelle en la matière.
5’05 : Onfray poursuit avec une énormité supplémentaire « c’est comme les musulmans qui pensent qu’il n’y a rien eu avant l’islam » Pardon ? Mais quel musulman dit ça au juste?!! Les musulmans croient précisément qu’Allah s’est révélé à travers la torah et l’évangile (Sourate 5, 68). Evidemment qu’ils pensent qu’Allah s’est révélé avant l’islam…
9’50 : « c’est à partir de Constantin qu’on a décidé du canon des évangiles » N’importe quoi, les évangiles canoniques étaient acceptées dès la fin du Ier siècle début IIe siècle. En effet, la majorité du canon du Nouveau Testament était établie bien avant Constantin. Dès le début du IIe siècle, les Pères apostoliques (Clément mort en 96, Ignace qui rédige ses lettres en 107, et Polycarpe en 120) connaissent 25 des 27 textes du Nouveau Testament (seuls Jude et la troisième lettre de Jean ne sont pas mentionnés). On peut donc en déduire que la plupart des livres du Nouveau Testament circulaient avant l’an 100, ce qui prouve que, dès la fin du Ier siècle, les écrits du Nouveau Testament ont vite fait autorité chez les chrétiens. Certes, la liste complète des 27 livres du Nouveau Testament a été pour la première fois proposée par saint Athanase en 367, mais les chrétiens se sont très tôt mis d’accord pour reconnaître la majorité des textes du Nouveau Testament. Les opinions divergeaient uniquement sur l’inspiration divine de l’épître aux Hébreux, l’épître de saint Jacques, la deuxième lettre de Pierre, les deuxième et troisième lettres de Jean, la lettre de Jude et enfin l’Apocalypse. Ce fut l’Église catholique qui reconnut l’inspiration de ces livres à la fin du ive siècle avec le pape Damase Ier au concile de Rome de 382.
13’19 : « la condamnation de l’homosexualité est une affaire de concile » Archi-faux encore. Onfray n’a jamais lu saint Paul qui condamne ouvertement les pratiques homosexuelles : Rm 1,27-29 ou 1 Cor 6,9-10. D’autant plus que l’homosexualité était déjà réprouvée à maintes reprises dans l’Ancien Testament (Lv 18,22 ; Lv 20,13)
13’35 : Onfray nous apprend l’énormité selon laquelle « saint Thomas d’Aquin justifie l’avortement » Mensonge historique total et calomnie irrecevable ! Saint Thomas d’Aquin condamne précisément l’avortement dans la somme théologique même s’il croit à l’animation médiate (retardée) ! (Secunda secundae, IIa IIae, question 63, article 8)
N’importe qui peut le vérifier: il est historiquement faux que l’Église ou saint thomas d’Aquin autorisait l’avortement. Bien que les théologiens catholiques aient débattu du moment précis où avait lieu l’insufflation de l’âme, il n’en demeure pas moins que l’Église a toujours condamné formellement l’avortement, quel que fût le stade de développement de l’embryon. Saint Jean-Paul II rappelle bien la réalité historique dans son encyclique Evangelum Vitae (1995): « Des origines à nos jours la Tradition chrétienne est claire et unanime pour qualifier l’avortement de désordre moral particulièrement grave. Depuis le moment où elle s’est affrontée au monde gréco-romain, dans lequel l’avortement et l’infanticide étaient des pratiques courantes, la première communauté chrétienne s’est opposée radicalement, par sa doctrine et dans sa conduite, aux mœurs répandues dans cette société, comme le montre bien la Didachè. À travers son histoire déjà bimillénaire, cette même doctrine a été constamment enseignée par les Pères de l’Église, par les pasteurs et les docteurs. Même les discussions de caractère scientifique et philosophique à propos du moment précis de l’infusion de l’âme spirituelle n’ont jamais comporté la moindre hésitation quant à la condamnation morale de l’avortement. » (Evangelium Vitae, § 61)
Michel Onfray est objectivement un imposteur, un menteur, un spécialiste de la désinformation.