Les chrétiens pensent que le Judaïsme trouve son origine dans la véritable Révélation, mais qu'il y a eu une inflexion substantielle après la venue du Christ et la chute de Jérusalem en 70, quand le courant pharisien a repris et réorganisé le Judaïsme d'une manière nouvelle.
L’attente du Messie par Israël est un fait unique au monde, jamais vu ailleurs dans l’Histoire de l’humanité : une longue série d’homme, sur plusieurs siècles, a prophétisé la venue d’un roi Messie issu d’Israël, qui changerait le cours de l’Histoire du monde, en évoquant aussi sa naissance, sa vie, sa mort, sa mission, sa postérité et même la date de sa venue. L’attente s’est concentrée sur ce concept particulier de « Messie » qui est fondamentalement un concept trinitaire impliquant Celui qui donne l’Onction, Celui qui reçoit l’Onction, et l’Onction elle-même. Dans la perspective biblique, l’Onction donnée au Messie ne sera pas moins que l’Esprit de Dieu lui-même (cf. Isaïe 11,1-2 ; 61,1-2), ce Messie de Dieu étant à un titre tout spécial attendu comme le Fils bien aimé qui dévoilera le Père éternel (cf. Psaume 21,1-9 ; 2 Samuel 7,7 ; 1 Chroniques 17,11 ; Isaïe 9,5).
Selon cette attente, la première mission du Messie est donc d’être « un prophète comme Moïse » (Deutéronome 18,15) qui parachève la Révélation en dévoilant le mystère de Dieu pour permettre à tout homme de le connaître et de vivre en union parfaite avec Lui. La venue de Jésus révèle que dans le mystère de Dieu, avant la création du monde, le Fils oint par le Père de l’Esprit Saint est en réalité Messie de toute éternité. Par son Incarnation, ce Fils unique qui était dans le sein du Père éternel (Psaume 21,1-9) a définitivement révélé le mystère de Dieu qui est « un » (ehad) mais pas solitaire (yahid) en dévoilant sa divinité préfigurée (2 Samuel 7,14 ; Isaïe 7,14 ; 9,5 ; Daniel 7,14 ; Malachie 3,1) et ce mystère de la Trinité qui était déjà entrevu dans de nombreux passages des Écritures (Genèse 1,1-3 ; 1,26 ; 16,7 ; 18,1-33 ; 22,11-12 ; Exode 3,14 ; Deutéronome 6,4 ; 32,13 ; Ecclésiaste 12,14 ; Sagesse 9,1 ; Psaume 33, 45,8 ; 110,1 ; Isaïe 6,3 ; 54,55 ; Daniel 7,13 ; Michée 5,1)
L’attente la plus forte des contemporains du Christ était celle d’un Roi-Messie annoncé à David (2 Samuel 7,5-9) qui était comprise comme la promesse d’un Roi puissant qui aurait rassemblé Israël et qui l’aurait libéré des romains en restaurant la royauté pour l’éternité. On pensait à un roi selon la nature humaine, mais dans la pensée de Dieu, la reconstruction du royaume d’Israël n’était pas limitée dans le temps, dans l’espace et dans les moyens.
Il était aussi promis que le Messie serait « Prêtre pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédech » (Psaume 110,4) et qu’il instituerait « une Alliance nouvelle » (Jérémie 31,31-33 ; Malachie 3,1), « une Alliance éternelle » (Isaïe 55,3) pour la Rédemption de tous (Isaïe 53,12 ; 59,20 ; Daniel 9,27) : là aussi, Jésus a comblé et dépassé toute attente, en étant à la fois le Prêtre, l’Autel et la Victime d’un sacrifice parfait scellé dans son sang (Psaume 40,7), le sang de l’Agneau pascal véritable (Genèse 22,8 ; Isaïe 53,7), infiniment plus précieux que celui des sacrifices passés, à travers sa Passion et sa Résurrection annoncés en détail, à l’avance, par plusieurs prophéties de l’Ancien Testament (Isaïe 52,13-53 ; Psaume 21,2-19 ; Sagesse 2,12-22 ; Zacharie 12,10-12).La Mère du Messie a été aussi annoncée et attendue comme « Celle qui doit enfanter » (Michée 5,5) : elle est pour nous la Vierge qui enceinte sera un signe (Isaïe 7,10-14), ou encore la Femme dont la descendance écrasera la tête du serpent (Genèse 3,15), et d’une manière typologique « l’élue » (Tobie 13,11), « la plus belle des femmes » (Cantiques 5,9) qui « séduit le Roi par sa beauté » (Psaume 46,12), étant « comme le lys au milieu des chardons » (Cantique 2,2), « sans tache aucune » (Cantique 4,8), la « Fille de Sion » qui danse, exulte et se réjouit de porter le Seigneur « en son sein » (Zacharie 2,14-15, Sophonie 3,14-16), qui miraculeusement accouchera (Isaïe 66,6-8), qui restera éternellement « une fontaine scellée » (Cantique 4,12), « une porte close » (Ézéchiel 44,1-2), qui souffrira beaucoup (Lamentations 2,13) et qui deviendra finalement « la mère de tous les vivants » (cf. Genèse 3,20) : comme le Mont Sinaï, l’Arche et le Temple, elle est « couverte par la nuée » (cf. Exode 40,34) devenant à l’Annonciation l’Arche de la Nouvelle Alliance, pour enfanter l’Emmanuel « Dieu avec nous » (Isaïe 7,14).
Rétrospectivement, ces trois critères objectifs incontestables annoncés à l’avance qui permettent d’identifier Jésus avec le Messie attendu par Israël sont les suivants :
En réalité, ce sont d’innombrables prophéties, figures ou images qui sont accomplies avec la venue de Jésus (L’Arche de Noé, l’Arche d’Alliance, l’Arbre de la Vie, l’Aurore qui précède le lever du Soleil, l’Échelle de Jacob, la Colombe de Noé, la Colonne de Feu, la Lune qui reflète la lumière du soleil, la Mer, la Porte Orientale du Temple, la Sagesse, la Terre Promise, la Tour de David, la Verge d’Aaron, la toison de Gédéon, le Buisson Ardent, le Mont Sinaï, le Paradis, le Propitiatoire, le Rempart de la Cité de Dieu, le Rocher de Moïse, le Sanctuaire de Dieu, le Soleil, le Tabernacle, le Temple, le Trône de la Sagesse évoquent typologiquement les mystères de Jésus et de Marie) même si les contemporains du Christ ont pu être cependant déroutés parce que certaines autres prophéties - qui concernent un moment d’épreuve puis de triomphe terrestre lors la venue en gloire du Seigneur à la fin des temps (Isaïe ; 43,5-6 ; Zacharie 8,23 ; 14,9 ; Joël 2,30-31 ; Sophonie 3,9 ; Michée 4,1-3), ou bien l’éradication définitive du mal dans l’éternité auprès de Dieu au Ciel (Isaïe 2,1-4 ; 11,6-9 ; 60,15-18 ; Jérémie 31,34 ; Psaume 72,7-11 ; Osée 2,21-25 ; Amos 9,13-15) - ne sont pas encore accomplies, alors qu’elles font effectivement partie des attentes messianiques, mais dans le plan de Dieu il y a deux venues du Christ et un accomplissement au Ciel.
L’incompréhension d’une partie d’Israël elle-même était aussi annoncée : il était écrit que « la pierre rejetée par les bâtisseurs » deviendrait « la pierre angulaire » (Psaume 118,22) et qu’ainsi le Seigneur appellerait « mon peuple » une nation qui n’était pas son peuple (Osée 2,25). Il a « posé en Sion une pierre d’achoppement, un rocher qui fait tomber » (Isaïe 8,14) mais l’illumination finale de tout Israël est promise explicitement dans le Nouveau Testament et annoncée aussi dans l’Ancien puisque Jésus accompli également la figure du Patriarche Joseph vendu par ses frères, qui sauve l’univers, avant de se faire finalement reconnaître d’eux et de les serrer sur son cœur en pleurant de joie : « Le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein de Dieu l’a tourné en bien, afin d’accomplir ce qui se réalise aujourd’hui : sauver la vie à un peuple nombreux » (Genèse 50,20)
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