A.Altdorfer. La Visitation, v.1530.
La Visitation de la Vierge Marie est une grande fête chrétienne. Elle célèbre le voyage que fit en Judée la Vierge Marie, alors enceinte, pour assister sa cousine Élisabeth, déjà âgée et enceinte de saint Jean-Baptiste. Cette visite fut l'occasion d'une effusion de l'Esprit Saint et du Magnificat. La liturgie célèbre et rend présente cette "visite", tandis que le récit de cet événement est rapporté dans l’évangile de st Luc (Lc1,39).
Raphaël. La Visitation, 1516.Raphael, Public domain, via Wikimedia Commons.
Dans l’Évangile de la Visitation, Marie enceinte se rendit en Judée : la tradition a localisé la demeure d’Élisabeth et de Zacharie à Ain Karem. Ce voyage de Nazareth à Ain Karem revêt également une portée symbolique. La Vierge Marie fait preuve d’un zèle de charité qui la porte à voyager en toute hâte : la véritable course de Marie revêt ainsi une portée allégorique : elle est un modèle de mission, comme le dit le pape François. Marie portant l’Enfant Jésus est aussi associée à l’arche d’alliance, et les commentateurs successifs mentionnent habituellement des points de contact entre les deux passages du second Livre de Samuel et de l’Évangile de Luc sur la Visitation. On peut ainsi parler du voyage de Marie comme d’un véritable chemin intérieur, et plusieurs Pères de l’Église ont donné leur interprétation du séjour de la Vierge Marie chez sa cousine Élisabeth. En outre, la Visitation a eu pour effet de confirmer saint Jean-Baptiste dans sa mission dès le sein de sa mère.
Giotto. La Visitation (détail), v.1306.Giotto, Public domain, via Wikimedia Commons.
La rencontre de ces deux mamans est un événement qui va bien au-delà de joyeuses retrouvailles familiales. Un événement se produit: l’enfant tressaille dans le sein de sa mère, sous l’action de l’Esprit Saint. Plusieurs pères de l’Église ont commenté ce tressaillement de saint Jean-Baptiste. L’évangile rapporte un échange de paroles extraordinaire: Élisabeth prononce la bénédiction (« Tu es bénie entre toutes les femmes »), et la Vierge Marie répond par cette prière que l’on nomme le Magnificat.
« Tu es bénie entre toutes les femmes » : on fait mémoire de cette parole d'Élisabeth lorsque l’on prie le Je vous salue Marie, la prière utilisée dans la pratique du chapelet et du rosaire. Marie répond en prononçant cette prière que l’on nomme Le Magnificat.
S. Botticelli. La Madone du Magnificat, 1481. L'Enfant Jésus guide la main de sa mère tenant une plume pour écrire le texte du Magnificat. Public domain, via Wikimedia Commons.
L’exultation de Marie sous l’action de l’Esprit Saint se manifeste par ce cantique de louange que l’on nomme le Magnificat. Marie résume en cette prière celle des femmes d'Israël: le Magnificat est empreint de nombreuses références bibliques.
En outre, les commentaires du Magnificat par les Pères de l’Église (saint Irénée, Origène, etc.) ont été enrichis par ceux des papes saint Jean-Paul II et Benoît XVI.
Le Magnificat peut être considéré comme une prophétie du mystère pascal. Dans la liturgie catholique en latin, on chante le Magnificat pendant les Vêpres, c'est-à-dire l'après-midi. Il est associé à plusieurs psaumes. Le Magnificat a été une grande source d'inspiration pour les compositeurs.
Noël Hallé. St François de Sales donnant la Règle de l'ordre de la Visitation de Sainte-Marie à sainte Jeanne de Chantal. Public domain, via Wikimedia Commons
Cet épisode biblique est le second des Mystères joyeux médités pendant la prière du Chapelet (ou du Rosaire). Il a donné son nom à l' Ordre de la Visitation co-fondé en 1610 par saint François de Sales, évêque de Genève canonisé en 1665 et proclamé Docteur de l'Église en 1877 et la baronne sainte Jeanne de Chantal, canonisée en 1767. Saint François de Sales a d’ailleurs prononcé un sermon de profession -pour la fête de la Visitation de la Vierge Marie, le 2 juillet 1618, qui met l’accent sur la charité et l’humilité de la Vierge Marie, et fonde les principes mêmes de cet Ordre de la Visitation.
La fête de la Visitation est maintenant fixée au 31 mai chez les Catholiques. Cette fête se déploie dans les différentes liturgies d’Orient et d’Occident.
La fête de la Visitation est célébrée en Orient le 2 juillet, pour tenir compte que Marie est demeurée chez sa parente trois mois, jusqu'à la circoncision de saint Jean-Baptiste.
L’instauration de la fête de la Visitation en Occident a connu plusieurs étapes. La fête de la Visitation a été instituée dans toute l'Église d'Occident en l'an 1389, à l'époque du grand schisme (quand il y avait un pape et un antipape), à la demande de l'évêque de Prague, comme un appel à Marie, à Jésus et à l'Esprit Saint, pour l'unité de l'Église. C’est cependant grâce aux Franciscains que la fête de la Visitation fut instaurée : en effet, ces derniers transformèrent au XIIIès la fête du 2 juillet, d’origine byzantine, en célébration de la Visitation, à l’initiative de saint Bonaventure, qui présidait, en 1263, le chapitre général. En outre, les Franciscains introduisirent la Visitation dans la Couronne des sept joies de Marie, cycle de prières fondé sur la récitation des Ave Maria qui préfigure le Rosaire.
Après le concile Vatican II, la fête a été déplacée le 31 mai, dans le "mois de Marie", et généralement aussi dans le temps liturgique de la Pentecôte.
Visitation. Mosaïque du P. M.I. Rupnik, S.J. Église des Ursulines, Vérone.
Le thème de la Visitation occupe une place unique dans l’iconographie chrétienne, en Orient comme en Occident. Selon les sensibilités des artistes, l’accent est mis sur différents aspects de la Visitation : la rencontre des deux femmes, avec plusieurs développements de motifs iconographiques, le tressaillement des enfants, le zèle ardent de Marie, etc. L’encyclopédie mariale vous propose quelques articles qui illustrent ce thème de la Visitation dans l’art: dans l’art roman, dans l’art renaissant, avec Domenico Ghirlandaio et Sebastiano del Piombo; dans l’art de la Contre-Réforme espagnol avec El Greco, etc…
Pour illustrer ce thème de la Visitation dans l’art contemporain, on peut citer quelques exemples : Arcabas, qui nous propose une vision très épurée de l’événement, Bradi Barth , qui reprend le motif iconographique des deux enfants qui se saluent in utero, et une mosaïque du P. Marko Rupnik, qui met l’accent sur la continuité du chemin parcouru par la Vierge Marie entre l’Annonciation et la Visitation, avec un rouleau qui se déploie sous la forme d’un chemin menant de l’Annonciation (Nazareth) à la Visitation (Aïn Karem) (voir ci-dessus).
L’Encyclopédie mariale vous propose quelques récits que Maria Valtorta a faits de la Visitation.