Le Cœur Immaculé de Marie : détail du vitrail réalisé par Oskar Berbig (1884–1930), pour l’église d’Andiast (Suisse), dédiée aux saints Cyricus et Julitta, martyrs du IVès.
Le cœur humain est un organe physiologique indispensable à la vie. Dans un sens figuré, il désigne à la fois le siège des passions humaines, mais aussi, dans une perspective chrétienne, le siège des sentiments et de la profondeur de l’être, le lieu central de toute la personne humaine, où chacun peut se concerter, poser des choix décisifs, s’adonner à la réflexion, ou se tourner vers Dieu. Le cœur est donc un lieu de rencontre entre l’homme et son Dieu, où se risque l’enjeu d’une destinée : le salut de l’homme.
Le Cœur de la Vierge Marie est un trésor de pureté, puisqu’Elle a été préservée du péché originel (dogme de l’Immaculée conception). La dévotion au Cœur Immaculé de Marie est donc née peu à peu, au fil du temps, et elle est intimement liée à celle du Sacré-Cœur de Jésus. Le Cœur Immaculé de Marie est un trésor de miséricorde, de foi, de confiance : lorsque la Vierge Marie nous prend dans Son Cœur, nous sommes alors immergés dans cet amour de prédilection, protégés et transformés. La démarche de consécration est donc une alliance, et la finalité de cette alliance est de se fondre en Dieu par Celle qui Lui est totalement consacrée : la Vierge Marie. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort a écrit que la Vierge Marie est, en effet, le meilleur chemin de la consécration, le modèle humain, après Jésus, le plus achevé.
Icône russe de Notre-Dame de Fátima, XXès.
Si la consécration à la Vierge Marie est très ancienne (saint Jean Damascène nous en donne un exemple en Orient, au VIIè-VIIIès), la dévotion au Cœur immaculé de Marie repose en Occident sur la théologie mariale de saint Bernard de Clairvaux, Docteur marial du XIIès, mais également, au XIIIès, sur les révélations privées octroyées à sainte Gertrude d’Hefta et à sainte Mechtilde de Hackeborn ; celles-ci furent enrichies au XVIIès par celles de sainte Marguerite-Marie Alacoque concernant le Sacré-Cœur de Jésus ; Saint François de Sales , Docteur de l’Église, ayant mis en évidence l’union des Cœurs de Jésus et de Marie, cette dévotion fut progressivement assimilée à Marie. La dévotion au Cœur de Marie fut répandue par saint Jean Eudes, qui fit célébrer pour la première fois, en 1648, la Fête liturgique du Cœur de Marie, et fonda le tiers-ordre de la Société du Cœur de la Mère admirable ; au XVIIIès, saint Louis-Marie Grignion de Montfort élabora plusieurs prières de consécration à la Vierge Marie et promut la consécration à Dieu par Marie .
C’est à partir du XIXès que cette consécration prit de l’essor: en 1830, lors de l’apparition de la rue du Bac à Paris, sainte Catherine Labouré reçut de la Vierge Marie la demande de faire frapper une médaille avec les Cœurs de Jésus et de Marie, qui porterait cette inscription: "Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Quelques années plus tard, en 1836, l'abbé Desgenettes, curé de Notre-Dame-des-Victoires à Paris, consacra sa paroisse au Cœur immaculé de Marie, après en avoir reçu la demande par une locution intérieure. Mais c’est au XXè siècle, avec les apparitions de Fatima du 13 juin 1917, que furent révélées la volonté de Dieu concernant la consécration au Cœur Immaculé de Marie : la promesse de salut personnel et collectif qui y est attachée est cruciale. La Vierge Marie dit en effet le 13 juin 1917 aux petits voyants:
« Dieu veut instaurer dans le monde entier la dévotion à mon Cœur Immaculé. Dites à tout le monde, à tous ceux qui embrassent la dévotion à mon Cœur Immaculé, je promets le salut. Tous ceux qui embrassent cette dévotion auront le salut, ces âmes seront aimées de Dieu placées par moi comme des fleurs mises pour orner son Trône. »
De même, le 13 juillet 1917, dans la troisième des six apparitions de la Vierge Marie à Fatima, après avoir montré l’enfer aux petits enfants, elle ajouta :
« Vous avez vu l’enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »
Plus tard, en 1936, la Bienheureuse Alexandrina de Balasar , "par ordre de Jésus", demanda à Pie XII que le monde soit consacré au Cœur immaculé de Marie, ce qui fut accompli le 31 octobre 1942.
Ce désir divin, exprimé si clairement, explique la multiplication des actes consécratoires réalisés en peu de temps par quatre papes: Pie XII , Jean-Paul lI en 1984, Benoît XVI , en 2010, et François . Il est donc proposé à chacun d'entre nous de se consacrer "au Très Saint Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie", selon la propre expression que l’Ange employa au cours de l'apparition de Fátima de l'automne 1916.
En 1929, le Christ, puis la Vierge Marie ont également demandé au cours d’une apparition à sœur Lucie, alors carmélite, la dévotion des 5 premiers samedis du mois, en réparation des blasphèmes et ingratitudes des humains commis contre le Cœur Immaculé de Marie.
En 1917, le 13 juillet, à Fatima, elle avait annoncé :
« Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si on répond à mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. »
Les deux Cœurs de Jésus et de Marie.
La consécration au Cœur Immaculé de Marie peut être individuelle ou collective: en ce cas, elle concerne une paroisse, un diocèse, une nation…On parle alors de consécration votive . Nombreuses sont les nations et les diocèses consacrés par leurs évêques au Cœur Immaculé de Marie. En 2013, par exemple, a eu lieu la consécration du Liban et du Moyen orient au Cœur Immaculé de Marie , et celle de la Russie et de l’Ukraine a été faite le 25 mars 2022 par le pape François. Il est également possible de consacrer sa paroisse.
Sous une forme personnelle, il est aussi possible de consacrer à la Vierge Marie des points précis de notre vie, de façon concrète: ses biens personnels , son travail, ses actions , ses charismes, mais aussi certains éléments de notre vie : c’est ainsi que l’on peut consacrer sa mort et celle de ses proches.
On célèbre la Mémoire liturgique du Cœur Immaculé de Marie le samedi de la troisième semaine après la Pentecôte.
La « fête du Cœur Très Pur de Marie » fut créée et fixée par Pie VII au dimanche de l'octave de l' Assomption , et Pie IX renouvela cette autorisation. Après les apparitions de Fátima (1917), la dévotion au Cœur Immaculé de Marie augmenta partout dans le monde. La fête fut alors inscrite dans le calendrier liturgique universel en 1942 par Pie XII, et fixée au 22 août, jour octave de l'Assomption. Puis le pape Pie XII institua une nouvelle fête en 1954, celle de Marie-Reine. La fête de Marie Reine avait été initialement prévue le 31 mai ; elle fut déplacée par Paul VI au 22 août, ancien jour octave de la fête de l’Assomption). Paul VI ordonna que
"Ce jour-là, on renouvelle la consécration du genre humain au Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie." (Pie XII, encyclique Ad Cœli Reginam § 34).
La réforme liturgique a placé la fête du Cœur Immaculé de Marie au lendemain de la Solennité du Sacré-Cœur de Jésus, pour affirmer l’étroit lien qui unit ces deux Cœurs de Jésus et de Marie.
Dans la Messe votive en l'honneur de la Vierge Marie (n°28) intitulée « Le Cœur immaculé de Marie », la préface eucharistique s'adresse à Dieu le Père en ces termes:
« Tu as donné à la Vierge Marie un cœur sage et docile pour qu'elle accomplisse parfaitement ta volonté ;un cœur nouveau et doux, où tu pourrais graver la loi de l'Alliance nouvelle ;un cœur simple et pur, pour qu'elle puisse concevoir ton Fils en sa virginité et te voir à jamais ;un cœur ferme et vigilant pour supporter sans faiblir l'épée de douleur et attendre avec foi la résurrection de ton Fils ».
Pour vous préparer à cette fête, ou pour vous consacrer au Cœur Immaculé de Marie, l’Association Marie de Nazareth vous propose une neuvaine au Cœur Immaculé de Marie. En outre, vous pouvez vous inscrire pour vous consacrer au Cœur Immaculé de Marie dans le cadre du projet 100 étoiles, initié pour commémorer le centenaire de la proclamation de Marie comme patronne principale de la France par Pie XI, dans sa Lettre apostolique « Galliam Ecclesiae filiam », en 1922.
Il est également possible de se procurer la neuvaine de préparation aux deux Cœurs unis, qui s’appuie sur des textes de saint Jean Eudes, grand apôtre des Cœurs unis de Jésus et de Marie.
Le Cœur Immaculé de Marie, détail.
Le Cœur Immaculé de Marie est une représentation symbolique de la pureté, de la foi, de la charité et de la douleur de la Vierge Marie. Pour symboliser ce Cœur Immaculé, fruit de l’Immaculée Conception de Marie, il est fréquent de le représenter avec des fleurs de Lys blanches entourant le Cœur. Le cœur lui-même est représenté avec des flammes, brûlant d’un zèle ardent. Le glaive qui le transperce évoque la prophétie de Syméon de l’évangile de Luc (Lc 2, 34-35) : il est symbole de la Parole de Dieu, qui pénètre, comme le dit st Paul, « jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations et des moelles, [jugeant] les sentiments et les pensées du cœur. » (Heb 4,12) ; le glaive symbolise également aussi la douleur de Marie lors de la Passion. Les roses qui l’ornent symbolisent l’amour, du don de l’amour, et évoquent la Rose mystique des Litanies de Lorette. Ces éléments symboliques sont constitutifs de la représentation du Cœur Immaculé de Marie dans l’art.