La création d’Adam et Eve. |
Le Christ et l’épouse, prototypes de l’humanité. |
Paroisse de Marie Immaculée, Modugno (BA) – Italie, 2007. © Aimable concession du P. Marko Rupnik, Centro Aletti, Rome. |
Paroisse de Marie Immaculée, Modugno (BA) – Italie, 2007. © Aimable concession du P. Marko Rupnik, Centro Aletti, Rome. |
Le récit de Genèse 1 a été composé pendant l'exil, dans le delta des fleuves de Mésopotamie. Comme les hommes de cette région, l'écrivain biblique admet que Dieu a créé le monde en séparant les eaux pour faire apparaître la terre sèche.
« Dieu dit: "Que les eaux qui sont sous le ciel s'amassent en une seule masse et qu'apparaisse le continent" et il en fut ainsi. Dieu appela le continent "terre" et la masse des eaux "mers", et Dieu vit que cela était bon. » (Gn 1, 9-10)
Mais à la différence des Perses, la Lumière n'est pas une divinité, elle est une créature. Oui, dit l'homme biblique, il n'y a qu'un seul Dieu, mais ce n'est pas le Dieu Mazda-lumière des philosophes et des politiques, la lumière est une créature du vrai Dieu, YHWH, le Dieu d'amour, le Dieu de l'Alliance.
« Dieu dit: "Que la lumière soit" et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. » (Gn 1, 3-4)
Et le sixième jour,
« Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit: "Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la... » (Gn 1, 27-28)
"à l'image de Dieu" : C'est l'homme générique (le genre humain), et c'est l'homme relationnel (homme et femme) qui portent l'image de Dieu.
Plus tard on dira que l'homme est à l'image de Dieu Trinité, et à l'image du Christ. Ce n'est pas le Christ et l'épouse qui sont le reflet de l'amour de l'homme et de la femme, mais c'est l'homme et la femme qui croissent à partir de l'amour entre le Christ et l'humanité-Eglise-Marie.
"Dieu les bénit" (Gn 1, 28) : littéralement, Dieu dit du bien de l'homme (du genre humain).
La création est racontée en sept jours pour correspondre au rythme liturgique juif qui s'achève par le repos du shabbat, le septième jour.
Le récit de Genèse 2-3est coloré par le fait que les croyants vivaient en bordure du désert entre l'Egypte et Canaan. Il est proche de l'époque de la sédentarisation. Ce récit a donc été composé bien avant l'exil à Babylone, et très probablement avant le 9° siècle et le début de l'Ecriture en terre d'Israël. Il a été donc transmis oralement puis fixé par écrit.
Au commencement, il n'y avait pas d'herbe, c'était le désert... Adam est pris et mis dans un jardin comme Israël avait été pris du désert et placé sur sa terre :
« Il n'y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n'avait encore poussé, car YHWH Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n'y avait pas d'homme pour cultiver le sol. 6 Toutefois, un flot montait de terre et arrosait toute la surface du sol. Alors YHWH Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant. YHWH Dieu planta un jardin en Eden, à l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait modelé.» (Genèse 2, 4-8)
En ce temps reculé, les croyants pensaient que chaque peuple avait ses dieux, mais ils avaient compris qu'ils devaient éviter les cultes magiques des Baals (qui étaient vénérés dans cette région et qui comportaient des prostitutions sacrées et des sacrifices d'enfants), ainsi, dans le récit de Création, il est dit à Adam et Eve de ne pas manger de l'arbre du milieu du jardin...
Genèse 2 nous montre le paradoxe de la fragilité et de la grandeur humaine
Genèse 3 fait intervenir le serpent (on dira plus tard Satan). Le serpent est selon le sens du mot biblique « arum », rusé et nu. Il est rusé mais sans carapace et sans protection. Il est l'adversaire. Rusé, il présente la parole de Dieu comme une parole "qui empêche".
- La racine du péché, c'est la déformation de l'image de Dieu.
- Le serpent, le Rusé détruit la relation à Dieu.
- Le serpent, le Rusé, détruit la relation aux autres (auparavant, l'autre était « l'os de mes os » : un cadeau génial..., maintenant il est accusé... et il devient comme l'Adversaire : nu.)
Notons que dans ce récit primitif, il ne s'agit pas encore d'une théologie du péché originel... (La compréhension du péché originel viendra au temps de Jésus).
Après le péché, Dieu ne maudit pas l'humanité.
- Dieu maudit le serpent (le diable) : Gn 3, 14.
- Dieu maudit le sol, la terre : Gn 3, 17.
Une espérance est donnée :
« Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon. »
(Gn 3, 15)
A la lumière du Christ, l'Eglise relira le récit de la Genèse 2-3 comme un récit du péché originel. Avant le péché originel, nos premiers parents étaient donc dans une justice resplendissante :
« "Dieu se manifesta aussi lui-même, dès l'origine, à nos premiers parents" (DV 3). Il les a invités à une communion intime avec Lui-même en les revêtant d'une grâce et d'une justice resplendissantes. »
(Catéchisme de l'Eglise catholique § 54)
F. Breynaert