Le royaume d’Israël s’était unifié au temps du roi David, et s’était pacifié au temps du roi Salomon. Dans les cœurs avait grandi deux convictions :
L’histoire n’est pas cyclique (un éternel retour) comme dans les mythes.
Le Dieu de l’Alliance n’est pas indifférent à l’histoire comme les dieux des panthéons des nations.
Après Salomon, les dix tribus du Nord se séparèrent autour de leur capitale Samarie tandis que les deux tribus du sud demeuraient autour de Jérusalem et du temple. Chacun des deux royaumes eut alors ses rois et ses prophètes.
Au Nord, Elie, Amos et Osée.
Elie, prophète de l'absolu
Elie est prophète dans le royaume du nord vers –850.
Elie dénonce le comportement du roi Achab qui tue pour saisir la vigne de Naboth. Et il annonce une grande sécheresse (1 R 17).
Que ce soit pour obtenir la pluie (1R 17,1 ; 18,1-2.17.41-46) ou pour la santé (2R 1,2-8.17), il démontre qu’il faut invoquer YHWH avec confiance et non pas convoquer magiquement les Baals (1R 18,19-40).
Persécuté, il monte à l’Horeb. Il cherchait à retrouver la Présence dans la parole, et il la trouve dans le silence. Il va se fier à ce silence et reprendre confiance... (1R 19). Elie appelle alors Elisée, qui, libéré de son passé, abandonne ses boeufs et se met à sa suite (1R 19, 20).
Mais le roi Ochozias continue de rechercher auprès de Baal-zébub un "miracle", mais au lieu du bien, il lui arriva du mal (2R 1).
Fidèle jusqu'à la mort, Elie est emporté par YHWH dans un "char de feu" (2R 2).
Après Elie, le peuple mélange encore l’idolâtrie à la foi en YHWH. Le pays s'enrichit, mais il y a des pauvres. On se trompe de paix...
Amos : "On se trompe de paix !"
Amos voit venir de loin le danger : l'Assyrie est menaçante (Amos 1 et 2). Auparavant, les victoires donnaient la preuve qu’on avait raison d’être différents des autres peuples. Désormais, l’histoire n’est plus faite de victoires ; Dieu n’est pas tenu à une logique, il n’est pas non plus la projection de nos désirs. On ne peut pas identifier Dieu à l’histoire comme l’a fait récemment le philosophe Hegel. L’histoire n’est pas le juge ultime.
Quand le pays est encore en paix, mais aux yeux du prophète, il n’y a plus de signes extérieurs qui prouvent qu’on est sur le bon chemin, mais il y a seulement des signes intérieurs : la vérité du vécu de l’Alliance, c’est-à-dire -de manière indissociable- de la justice sociale et du vrai culte (Am 2, 7-8). Dieu dialogue avec son peuple au sujet des événements.
Dieu interpelle par l'histoire, par des événements négatifs et par des silences mais son appel est mystérieux :
« Je n’ai connu que toi aussi te visiterai-je » (Am 3,2) ; « Voici venir des jours, oracle de YHWH où j’enverrai la faim dans le pays [...] faim d’entendre la parole de Dieu. » (Am 8,11)
Osée, l'analogie du Dieu "époux".
A l’époque du prophète Osée, le royaume du Nord est en décadence : à Samarie se succèdent 5 rois en 10 ans... La prospérité donne bonne conscience au peuple mais Israël n’a pas compris le don de Dieu (Os 2,10 et 11,3) ; le culte n’est qu’idolâtrie et débauche (Os 4,11-19), les alliances politiques font perdre la véritable alliance (Os 7, 8-16).
L’amour de Dieu est comme un amour conjugal, il ne peut supporter l’infidélité. « Je te fiancerai à moi pour toujours ; je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde ; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras YHWH » (Os 2,21).
La colombe symbolise la monogamie qui évoque l’alliance de Dieu avec Israël (Os 7,11) : sur ce registre, l’idolâtrie est un adultère. Dieu se retire quand on le rejette, c’est pourquoi le fils d’Osée s’appelle « Pas-mon-peuple »(Os 2,6) mais Dieu est prêt à refaire le miracle de l’exode à travers le désert (Os 2, 16-17) pour recréer son peuple.
L’absence de roi nous ramène à la période prédavidique où la protection de Dieu s’exerça de manière intense. L’alliance ne se mesure plus à la réussite de l’histoire, mais à l’amour et à la fidélité de Dieu, véritable époux (Os 2, 20-25), dans la conversion du cœur (Os 5,15 et 6,6 et 14,3). YHWH lui-même enlève la faute et rend possible le retour à lui (Os 14,3).
C’est lui qui donne à Ephraїm son fruit, et puisqu’il y a un jeu de mot entre Ephraïm et fruit, on peut dire que c’est YHWH qui donne à son peuple son identité (Os 14,9).
En 735, Damas et Samarie s’allient contre l’Assyrie et demandent à Jérusalem de s’associer à eux. Le roi refuse. Commence alors une guerre fratricide entre le royaume du Nord et le royaume du Sud (2R16).
La Samarie tombe aux mains de l’Assyrie en 721 ; la population est déportée (2 R 17,5-6).
Bibliographie :
CHARPENTIER, Pour lire l’Ancien Testament, Cerf, 1980 Cahier de l’Evangile n° 64, Amos et Osée, Cerf.
Synthèse Françoise Breynaert
Abside de S. Apollinaire in Classe, Ravenne, première moitié du VI° siècle.
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