La doctrine mariale, qui s’est développée au fil du temps, a permis à l’Église de reconnaître les privilèges dont la Vierge Marie a été comblée, ainsi que les conséquences de ces privilèges marials. La maternité de Marie, qui a pu s’exercer grâce à la prédestination de Marie, s’est véritablement déployée dans et par l’Incarnation du Christ, Fils de Dieu. À cette maternité divine s’est ajoutée en effet ce que l’on nomme la maternité ‘spirituelle’ de Marie. Cette seconde dimension de maternité, seconde ‘mission’ de Marie, s’exerce dans la médiation qu’elle exerce auprès de Dieu pour nous sauver. La conséquence de cette maternité spirituelle nous permet donc d’entrer dans une relation filiale mariale.
La doctrine mariale s’est constituée au fil du temps, selon le principe - cher à l’Église - du ‘développement dogmatique’. Dieu se révèle en effet dans le temps et permet que soient peu à peu révélés les mystères. Cette révélation progressive est l’œuvre à la fois du peuple entier qui, sous l’action de l’Esprit Saint, perçoit l’unité de la foi (ce qu’on appelle ‘sens commun des fidèles’) et de ses évêques qui reçoivent la mission d’enseigner le peuple de Dieu (pères de l’Église, conciles). Ce principe s’applique donc également à la doctrine mariale, révélée également au fil du temps. Ainsi, il existe encore, par exemple, une controverse à propos d’un futur dogme sur la Vierge Marie : certains espèrent que Marie sera un jour proclamée officiellement ‘co-rédemptrice’.
Le saint pape Jean-Paul II a expliqué, lors de l’une de ses audiences, le rôle du concile Vatican II dans le développement de la doctrine mariale :
« Le Concile Vatican II a mis en lumière la collaboration de Marie à l'œuvre du salut de l'humanité, en profonde et constante harmonie avec son divin Fils. Sa maternité spirituelle universelle en découle : associée au Christ dans l'œuvre de la Rédemption, Marie devient Mère des hommes qui renaissent à une vie nouvelle. La mission maternelle universelle de Marie s'exerce de façon particulière à l'égard de l'Église. Elle guide sa foi vers l'accueil toujours plus profond de la Parole de Dieu, elle soutient son espérance, elle anime sa charité et sa communion fraternelle et elle encourage son dynamisme apostolique.
La maternité spirituelle de Marie, qui a pris toute sa dimension après l'Assomption, se prolonge jusqu'à la fin du monde. Le Père céleste a voulu unir son intercession maternelle à l'intercession sacerdotale du Rédempteur, au bénéfice de ceux qui sont en danger ou dans le besoin[1] ».
Le mystère de Marie est fondé d’abord sur ce qu’on nomme ‘maternité intégrale de Marie’: sa maternité divine, que l’on reconnaît en l’appelant ‘Théotokos’ (Mère de Dieu), fait de la Vierge Marie un ostensoir vivant : elle a porté en son sein le Fils de Dieu. Cette maternité divine est fondée sur la libre acceptation de Marie (ce qu’on nomme le ‘fiat’, prononcé lors de l’Annonciation). La sainteté de Marie est reconnue dès sa conception : Dieu a en effet permis que cette créature, choisie entre toutes les femmes, fût conçue sans péché, afin d’accueillir en son sein Son Fils, le Rédempteur : c’est le dogme de l’Immaculée Conception, qui sera promulgué en 1854 par le pape Pie IX. D’autre part, cette maternité divine de Marie a permis - car rien n’est impossible à Dieu - qu’il s’agisse d’une maternité virginale, de sorte que la virginité perpétuelle de Marie, avant l’enfantement, pendant l’enfantement et après l’enfantement fait partie de l’enseignement ordinaire de l’Église : l’hymne ‘Alma Redemptoris Mater’ proclame ce grand mystère d’une façon magnifique :
« Tu quae genuisti, natura mirante, tuum sanctum genitorem » (Toi qui as engendré - la nature en fut tout étonnée - celui qui t’avait lui-même engendrée).
Enfin, la mission de maternité spirituelle de Marie, qui s’exerce à partir de l’Ascension et de la Pentecôte et se déploie à partir de l’Assomption (glorification personnelle de Marie corps et âme) jusqu’à la fin des temps a été également acceptée par la Vierge Marie au pied de la Croix. Le Christ lui a confié cette mission par ces paroles, rapportées dans l’évangile de st Jean :
« Femme, voici ton fils. (…) Voici ta mère. » (Jn 19,26.27)
« Jésus voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton Fils.” Puis il dit au disciple : “Voici ta mère.” Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. »
Le Concile Vatican II contient, dans la Constitution Lumen Gentium, sur l’Église, un chapitre intitulé “La Bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu dans le Mystère du Christ et de l’église”. La maternité spirituelle, que Marie exerce à l’égard de toute l’Église et de tous les hommes, découle à la fois de la coopération de Marie à la Rédemption (elle est debout au pied de la Croix et unit ses propres souffrances de Mère à celles de son Fils, pour la Rédemption des hommes), et de la médiation que Marie opère, d’une manière particulière, depuis son Assomption au ciel, puisqu’elle intercède pour les hommes auprès de son Fils. Cette intercession, se retrouve dans la prière mariale enseignée par l’Église : “Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs”. Cette médiation maternelle s’exerce dans le temps, d’une double façon : d’une façon personnelle, au cœur de nos vies : elle nous transmet les dons divins et intercède constamment auprès du Christ en notre faveur. La dimension mariale traverse en effet la vie spirituelle du Chrétien. D’autre part, de façon plus générale, elle s’exerce également dans les événements, dans notre histoire, par des signes, des apparitions, des guérisons, qu’elle nous envoie, qu’il faut savoir lire et auxquels nous pouvons accorder foi.
La première partie de l’étude se centre sur la maternité divine de Marie, puis sur sa sainteté, grâce à sa conception immaculée. Cette maternité divine a reçu le privilège d’être une maternité virginale, selon le vœu de la Vierge Marie que nous professons ‘toujours Vierge’.
La seconde partie de l’étude se centre sur la maternité spirituelle de Marie : la coopération de Marie à la Rédemption, et le dogme de l’Assomption de Marie, promulgué par le pape Pie XII, en 1950.