Nsimalen (Yaoundé)

Nsimalen (Yaoundé)

En 1986, on parle d'apparitions

Le 13 mai 1986, vers treize heures, à dix-huit kilomètres de Yaoundé, dans la cour d’une école tenue par la congrégation des Filles de Marie, Clémentine (douze ans), Adèle (douze ans), Marie-Pascaline (douze ans), Jean- Marie (treize ans), Godefroy (quatorze ans), Zacharie (dix-sept ans) et Jacqueline Atangana (six ans), sourde-muette de naissance, « voient une dame toute belle ».

Le 16 mai 1986, toute la forêt environnante semble « illuminée ».

Le 19 mai 1986, vers seize heures, un « miracle solaire », ressemblant à celui de Fatima, se serait produit sur le lieu des apparitions. Un groupe de personnes aurait alors « vu » la Vierge pendant dix minutes.

Le surlendemain, un nouveau phénomène solaire aurait été précédé d’une apparition alléguée par plusieurs témoins. Les « apparitions » durent jusqu’au 22 mai.

Seule Véronique continue à voir et à recevoir messages et prières, centrés sur la paix et la conversion.

Les guérisons

Des milliers de personnes se rendent sur les lieux. On parle de guérison : Jacqueline Atangana, sourde-muette de six ans qui parle pour la première fois pour désigner l’apparition : « Maria ! » Pierre Zagna Nvondo, catéchiste aveugle de quarante et un ans, aurait recouvré la vue.

En 1998, ce lieu est devenu un lieu de culte public

Mgr Zoa, évêque de Yaoundé jusqu’en 1998, s’en tient aux conseils de prudence et de discrétion. Mgr Tonyé Bakot, deuxième successeur de Mgr Zoa et promu archevêque de la capitale le 18 octobre 2003, a publié dès le 30 mai 2004 un décret pour l’érection du culte marial dans la grotte de Nsimalen, située 15 km au sud de Yaoundé. Le « nouveau lieu de culte public » est « dédié à Notre- Dame » (canon 1230). Il ne s’est pas prononcé sur le fond. Il canalise le culte populaire du fait des bons fruits qu’il a reconnus à Nsimalen.

Il a formé une « commission d’enquête interdisciplinaire » pour discerner plus avant « le phénomène de Nsimalen ». Cette commission est composée de sept membres : deux médecins, un sociologue, un psychologue, deux prêtres dont l’abbé Achille Baila Ky, ancien vicaire général. La commission, mise en place le 14 juillet 2004, a pour mission d’établir l’histoire des événements, d’observer la situation actuelle, de recueillir les témoignages et de discerner la conformité et la valeur des phénomènes, en les comparant à des faits analogues accueillis ou reconnus par l’Eglise.

2006 : l’archevêque de Douala prend la parole

Dans son homélie du 1er janvier 2006, l’archevêque de Douala disait sur le lieu même de l’apparition :

« Chers fidèles du Christ, bien-aimés de Dieu, la mémoire collective retient que le 13 mai 1986 s’est déroulé sur ces lieux un événement qui a bouleversé depuis lors la vie spirituelle de nombreuses personnes. Cet événement est qualifié aujourd’hui, en attendant d’y voir clair, sous le vocable de phénomène de Nsimalen. Au cours de ce phénomène Nsimalen, se trouve le visage spirituel de Marie de Nazareth la mère de notre Seigneur et Sauveur, Jésus Christ [...].

Nous sommes encore en marche pour qu’éclate au grand jour la vérité sur le phénomène de Nsimalen ; et cela prendra du temps. A Lourdes cela avait pris du temps ; à Fatima, cela a pris du temps ; à Medjugorje en ex-Yougoslavie et à Kibého au Rwanda, cela a demandé beaucoup de temps, de courage et de persévérance. Pour Nsimalen, nul ne possède la vérité si ce n’est Dieu. Mais les nombreux témoignages reçus, oraux et écrits, nous indiquent clairement que nous sommes sur la bonne voie.

Pour cultiver la grâce et les fruits manifestés à Nsimalen, l’archevêque, selon les normes du Cardinal Seper, assume le culte spontané des fidèles sous la direction des deux prêtres désignés qui ont édité un large programme pastoral : chemin de croix le vendredi, adoration du Saint sacrement, confessions et direction spirituel. [...]

Si donc si Nsimalen et ses pèlerins que vous êtes est de Dieu, Nsimalen vivra, mais si Nsimalen est des hommes, Nsimalen se convertira, mais Nsimalen ne disparaîtra jamais, j’en ai la conviction. Continuons à prier, le ciel nous dira ce qui s’est passé [...]. »

La prise en charge de Nsimalen par l’évêque est exemplaire, car elle était difficile à bien des titres et elle mérite d’être signalée.

1. Deux prédécesseurs avaient pris des positions négatives, malgré la ferveur et les fruits du pèlerinage spontané. Le virage n’était donc pas si facile à prendre dans une aussi juste continuité.

2. La commission faisait problème. Avant les décisions publiées en 2006, l’évêque a réformé ou refondu la commission : sept membres n’en font plus partie et la présidence a été transférée au Recteur du sanctuaire qui cumule ainsi la responsabilité pastorale et la préparation du jugement.

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Cf. René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, « NSIMALEN », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007, annexes.