Saint Augustin (354-430), philosophe et théologien chrétien, est l’un des quatre Pères de l’Église occidentale, proclamé Docteur de l’Église en 1298. Il a vécu sur la terre algérienne (alors appelée Numidie) où il fut évêque à Hippone (aujourd'hui Annaba, en Algérie). Il est connu pour ses œuvres majeures, "La cité de Dieu" et "Les confessions", qui sont à l’origine du genre littéraire de l’autobiographie. Il a d’autre part développé une vraie théologie mariale, reprise par le concile Vatican II, que nous vous proposons de découvrir.
Saint Augustin (354-430) a vécu sur la terre algérienne (alors appelée Numidie) où il fut évêque à Hippone (aujourd'hui Annaba, en Algérie). Il est connu pour "Les confessions" ou "La cité de Dieu".
Il a surtout magnifiquement évoqué la maternité de Marie :
Marie est mère de Jésus d’abord par sa foi et par son amour, et c’est aussi par sa foi et par son amour qu’elle est devenue notre mère, nous qui sommes les membres du Christ.
Marie le modèle de l’Eglise qui est vierge et mère, elle aussi, puisqu’elle enfante de nouveaux baptisés par la puissance de l’Esprit Saint.
plus heureuse de recevoir la foi du Christ que de concevoir sa chair
Saint Augustin commente l'Evangile. Or l'Evangile décrit Marie comme disciple de son Fils (Mt 12, 46-50 et Lc 11, 27-28). Ainsi, la Vierge Marie est vue comme la figure exemplaire du croyant, et c'est que saint Augustin met en valeur :
« Il [Jésus] dit : "Les voici, mes frères ; et quiconque aura fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère et ma mère et ma sœur" (Mt 12, 46-50). [...] C’est ainsi que Marie fut plus heureuse de recevoir la foi du Christ que de concevoir la chair du Christ.
Car à qui lui disait : "Bienheureux le sein qui vous a porté", le Christ lui-même répondit: "Bien plus heureux ceux qui entendent la parole de Dieu et l’observent" (Lc 11, 27-28). [...] De même, le lien maternel n’eut servi de rien à Marie, si elle n’avait eu plus de bonheur à porter le Christ dans son cœur que dans sa chair. »
Saint Augustin († 430) [1]
Marie conçoit et enfante virginalement
"Marie conçoit d’abord dans l’esprit" [2]. A l’Esprit qui donne répond l’acceptation de la créature humble dans la foi et qui se rend disponible aux desseins de Dieu.
Saint Augustin interprète la parole de Marie "Comment cela se fera-t-il ? car je ne connais pas d’homme" (Lc 1,34), comme une intention ou un voeu de virginité. [3]
Dans un sermon pour le jour de Noël, saint Augustin parle de Dieu qui fait que Marie reste vierge dans l’enfantement. Cette virginité dans l'enfantement est une merveille qui s'explique parce que Jésus, le Verbe, reste Dieu tout en naissant homme :
« Devenu visible pour l’amour de nous, l’invisible Créateur de sa mère est né de son sein fécond sans aucune atteinte à sa pureté virginale ; car elle est restée Vierge en concevant son Fils, Vierge en l’enfantant, Vierge en le portant, Vierge en le nourrissant de son sein, Vierge toujours. » [4]
La merveille de l'enfantement virginal est aussi le couronnement de la foi de Marie :
« [L’ange répondit à Marie : ] Vous resterez Vierge ; croyez seulement la vérité, conservez votre virginité, recevez même ce qui la complétera. Votre foi étant intègre, votre virginité restera sans tache. » [5]
Marie conçoit Jésus par sa charité pleine de foi
Jésus a été conçu du Saint Esprit, c'est-à-dire de l'amour très saint, de la charité divine. [6]
La sainteté de Marie
Saint Augustin, comme son maître Ambroise n’ont pas le moindre doute sur la sainteté de Marie. Sa doctrine servit de base à la plus grande partie des théologiens occidentaux qui ont suivi. Mais les circonstances difficiles où il écrivit (contre les hérésies) firent que quelques textes, parmi les plus discutés en mariologie, furent interprétés avec des divergences considérables.
Marie et l’Eglise
Sur le rapport "Marie et Église", Augustin explique ceci :
D'une part, l’Eglise est plus grande que Marie car Marie est membre de l’Église, membre sublime et saint, mais seulement un membre: l’Église est le "corps" dont font partie tous les membres, y compris Marie, et l’Eglise forme avec sa tête (le Christ) une seule chose : le Christ total.
D'autre part, Marie est mère des membres du Christ, c’est-à-dire des fidèles.
La charité est le fondement de la fécondité spirituelle.
Il y a un rapport de "similitude" entre l’Église et Marie, vierge et mère.
Ce que Marie a accompli en faisant la volonté du Père, l’Eglise et chaque fidèle continuent de l’accomplir, comme elle et avec elle. L'Eglise et chacun de nous sont donc en un sens "la mère du Christ". [7]
Le regard de saint Augustin ne s’étend pas à tout le chemin historique de l’Église mais il se fixe d’abord sur le moment décisif de l’Annonciation.
A l'Annonciation, le Christ s’insère par Marie dans notre « pâte » en la transformant.
A l'Annonciation, la foi et l’amour de la Vierge envers Jésus et envers nous, lui donnent d’être la mère de la tête (Jésus) ainsi que la mère des membres (nous). [8]
Le fondement de la maternité spirituelle, aussi bien de Marie que de l’Eglise, c’est la charité: « Cette femme unique [Marie] [...] a coopéré, par la charité, à la naissance, dans l’Église, des fidèles qui sont les membres de ce chef. » [9]
Marie "coopère" dans l'Eglise : elle coopère avec les prédicateurs, elle coopère avec les sacrements.
Toute cette doctrine de saint Augustin est reprise par le concile Vatican II (Lumen gentium 53, 60-65).
[1] Saint Augustin, De la virginité, 3, dans L’ascétisme chrétien, par J.SAINT MARTIN, DDB, Paris 1939, p.201.
[2] AUGUSTINUS, Sermo 215, 4. PL 38, 1074.
Cf. J. PINTARD, Le principe “prius mente quam corpore […]” dans la Patristique et la Théologie latines in Etudes Mariales, 27 (1970), 25-58.
[3] Saint Augustin, Sermon 291, 5 in Œuvres complètes de saint Augustin, tome 7, edition L Guérin, Bar le Duc, France, 1868, p.443
[4] Saint Augustin, Sermon 186, 1.1, pour le jour de Noël III, in Œuvres complètes de saint Augustin, tome 7, edition L Guérin, Bar le Duc, France, , 1868, p.154-155
[5] Saint Augustin, Sermon 291, 5 in Œuvres complètes de saint Augustin, tome 7, edition L Guérin, Bar le Duc, France, 1868, p.443
[6] Saint Augustin, sermon 214,6 in Œuvres complètes de saint Augustin, tome 7, edition L Guérin, Bar le Duc, France, , 1868, p.218
[7] Saint Augustin, De la virginité, 5, dans L’ascétisme chrétien, par J.SAINT MARTIN, DDB, Paris 1939, p.205.
[8] Saint Augustin, De la virginité, 6, dans L’ascétisme chrétien, par J.SAINT MARTIN, DDB, Paris 1939, p.205.
[9] Saint Augustin, De la virginité, 6, dans L’ascétisme chrétien, par J.SAINT MARTIN, DDB, Paris 1939, p.205.
[10] Saint Augustin, De la virginité, 5, dans L’ascétisme chrétien, par J.SAINT MARTIN, DDB, Paris 1939, p.204.
Cours de A.GILA, Faculté théologique pontificale "Marianum", Rome.
Synthèse F. Breynaert
-Sur st Augustin, Docteur de l’Église, dans l’Encyclopédie mariale