Hongrie : une longue histoire entre les mains de Marie

Hongrie : un peu d'histoire

La Hongrie est peuplée au IX° siècle par des tribus nomades provenant des steppes d'Asie. Au début, les Magyars, avant tout guerriers vivent d'élevage et de pillage.

Ils se sédentarisent en l'an 955 et sont alors christianisés par des missionnaires byzantins et occidentaux, avec leur tête saint Adalbert, évêque de Prague.

La Hongrie, royaume de Marie

Le roi St Etienne a voulu être couronné le jour de l'Assomption de l'année 1001 ; il voulut que l'image de Marie soit brodée sur son manteau royal et que dans les proximités du palais royal soit bâtie une splendide église dédiée à Marie.

Le jour de l'Assomption, en 1038, le roi renouvela l'acte de consécration à la Vierge et lui offrit sa couronne, lui demandant de veiller sur la jeune Eglise du pays : "O Marie, Vierge pieuse, accueille et soutiens mon royaume".

St Gérard de Scanad (†1046), un bénédictin, invita les Hongrois à appeler la Vierge « Magna Domina », « Grande Dame des Hongrois », et à lui rendre tout l'honneur que le peuple avait réservé à la déesse païenne de la fertilité et de la vie, "Boldog Asszony".

L'angélus de l'aube, de midi et du soir, a été introduit après la victoire sur les Turcs à Belgrade en 1456. (1)

La domination musulmane et le rôle des congrégations mariales

À la suite de l'occupation de Budapest par les Ottomans le 29 août 1541.

Budapest était occupé depuis 1541 par les Ottomans (musulmans turcs), et fut libéré en 1686.

En 1693, l'empereur Léopold I avait alors renouvelé l'acte national de confiance à Marie.

C'est en 1696 qu'a lieu le miracle des larmes sur l'icône "Hodigitria" à Mariapoc.

Et c'est en 1697 que les Turcs sont chassés définitivement du territoire austro-hongrois.

Au XVI et XVII° siècle, les congrégations mariales donnent une formation religieuse profonde à leurs membres, développent le Regnum Marianum, et répandent la religion dans les masses :

De nombreux princes sont formés dans ces congrégations : Ferdinand II, Ferdinand III, Leopold Ier, Charles de Lorraine, Eugène de Savoie, Jean Sobieski, François Rákóczi II, les Esterházy, les Báthory, les Zrinyi et les membres les plus distingués de la haute société hongroise. Le prince Nicolas Esterházy fit cadeau à son fils Ladislas pour sa fête d'un chapelet; il l'avait récité pour lui tous les jours pendant 16 ans...

Le centre de la vie des congrégations était Nagyszombat. L'université de Nagyszombat s'est engagée en 1657 par vœu à défendre l'Immaculée Conception et à célébrer chaque année la fête de l'Immaculée Conception avec la plus grande solennité possible.

Le laboureur en allant à son champ, le berger en faisant paître son troupeau récitent le chapelet; et les femmes en filant louent la Vierge Marie. Presque tous les hommes portaient le chapelet attaché à leurs vêtements.

Joseph II et la soumission de l'Eglise à l'Etat

En 1765, Joseph II devint empereur du Saint Empire Romain Germanique et co-régent des possessions des Habsbourg, jusqu'à sa mort en 1790. Ses réformes consistaient à soumettre l'Eglise à l'Etat : réduction du nombre de séminaires, suppression de congrégations et d'ordres religieux jugés inutiles. Il supprima les sanctuaires marials qui n'étaient pas des paroisses. Il effaçait des différences nationales et donc aussi l'idéal hongrois de vivre comme un royaume de Marie « Regnum Marianum ».

La renaissance catholique fut lente à se manifester. En 1853 le Primat Scitovszky, grand serviteur de Marie, ressuscita l'ancienne congrégation des universitaires à Nagyszombat, et Pierre Klobusiczky, archevêque de Kalocsa (1821-1843), propagea, même parmi les membres de la dynastie régnante et du parlement, la dévotion envers Marie Immaculée.

Jusqu'en 1848, l'hymne national était un hymne à Marie, les monnaies portaient l'effigie de Marie et le drapeau national, avec l'image de la Vierge, portait l'inscription: "Matre monstrante Viam, Deo duce, pro patria et libertate vivere aut mori" (Avec la Mère qui montre la voie, et guidés par Dieu, vivre ou mourir pour la patrie et la liberté). Les revendications authentiques de l'insurrection de 1848 (le nationalisme hongrois et le respect de la classe ouvrière) n'étaient pas opposées à ce règne de Marie.

En 1867, la Hongrie redevint une nation autonome, quoique toujours fédérée avec l'Autriche ; l'empereur François Joseph et l'impératrice Elisabeth furent couronnées dans l'église mariale du palais royal. (2)

Dans les tourmentes du XX° siècle

Dans la tourmente nazie

Horthy s'allie avec l'Allemagne nazie dans les années 1930, dans l'espoir de revenir sur les pertes territoriales qui ont suivi la Première Guerre mondiale. Les choses s'aggravent encore lorsqu'en octobre 1944, Hitler veut éviter que la Hongrie ne rejoigne les Alliés et remplace Horthy par un collaborateur nazi hongrois F. Szálasi et son parti des Croix fléchées. C'est alors que plus de 450 000 Juifs et plusieurs centaines de Tsiganes périrent. (4)

Dans ce contexte obscur, la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie par Pie XII le 31 octobre 1942 fut répétée par le maire de Budapest, Charles Szendy, le 27 juin 1943.

Cette même année, lors de la procession du Saint Sacrement, dans toutes les paroisses, les fidèles présents se sont offerts eux-mêmes et ont offert la capitale du pays et tout l'univers au Cœur de Jésus et au Coeur Immaculé de Marie comme Reine de l'univers. Cette consécration restera inoubliable.

Bon nombre de villes de province ont suivi cet exemple (Szeged, Kecskemét, Szabadka, Baja, Kalocsa, etc.) et là encore la consécration a été faite avec la plus grande solennité possible.(3)

Dans la tourmente communiste

En 1945, l'armée Rouge occupa complètement le Pays, et la Hongrie fut contrainte d'entrer dans l'orbite soviétique.

Peu après, le 2 octobre 1945, J. Mindszenty fut nommé cardinal et primat de Hongrie.

Le 15 août 1947, pendant que le gouvernement se préparait à célébrer le centenaire de la révolution de 1848, le cardinal Mindszenty ouvrait l'Année Mariale, parce que la révolution de 1848 était compatible avec les idéaux catholiques.

« En 1948, il déclare : "Mon vœu le plus profond serait qu'un million de familles hongroise prennent le chapelet à la main et supplient Marie."

Et dans une de ses lettres pastorales : "Revenons aux plus anciennes sources de notre Patrimoine hongrois ! Donnons à nouveau à la Vierge Marie le nom de Reine, afin qu'elle prenne notre destin entre ses mains."

Et il prie Marie en ces termes : "Marie, notre Mère, ce que nous endurons de peines, nous l'offrons en expiation. Que les soupirs et les pleurs, la peur, l'amertume, la plainte muette du monde servent à l'expiation de nos péchés. Nous sommes prêts à souffrir, Mère douloureuse, autant que ton Fils le jugera bon pour notre salut. Cependant, nous t'en prions, relève la nation éprouvée comme Job et montre que tu es toujours notre Mère." » (5)

La participation populaire fut très importante, ce qui attira la méfiance du gouvernement, et en 1949, le cardinal est condamné à la prison à vie pour trahison envers l'État hongrois.

Libéré lors de l'insurrection de 1956, il se rend à Budapest. Il loue les insurgés, intervenant à la radio pour se déclarer favorable aux développements anti-communistes de l'insurrection. Quand les troupes soviétiques interviennent en Hongrie, il trouve un asile politique dans une ambassade avant de se réfugier à Vienne.

L'insurrection démocrate-populaire de 1956 ne fut pas complètement vaine : elle convainquit les gouvernants de respecter, au moins en partie, une relative liberté de culte, et une détente progressive au niveau de la vie sociale. (2)

De nos jours

Les premières élections ont eu lieu en 1990. Les troupes communistes sont parties en 1991. La Hongrie est entrée dans l'OTAN en 1999 et membre de l'union européenne en 2004.

Il y a actuellement en Hongrie plusieurs centaines de congrégations mariales pour la jeunesse ou pour les différentes classes de la société, accompagnées par les prêtres séculiers, les jésuites, les bénédictins, les cisterciens, les piaristes, les prémontrés, les franciscains, les salésiens etc. (3)


(1) Clodovis BOFF, Mariologia sociale. Il significato della Vergine per la società. BTC 136. Queriniana, Brescia 2007. Biblioteca contemporanea, p. 158

(2) Attilio GALLI, Madre della Chiesa dei Cinque continenti, Ed. Segno, Udine, 1997, p. 369-378

(3) Louis Nagyfalusy

(4) wikipedia.org.

(5) P. Werenfried van Straaten, dans la revue « L'Homme nouveau » du 15.06.75

 

 

Françoise Breynaert