Thérèse de l’Enfant Jésus évoque en effet Lorette où elle se rendit le 13 novembre 1887:
« Je me vis avec bonheur sur la route de Lorette. Que la Vierge a bien choisi cet endroit pour y déposer sa maison bénie ! là tout est pauvre, simple et primitif : les femmes ont conservé le gracieux costume italien et n’ont pas, comme celles des autres villes, adopté la mode de Paris. Lorette m’a charmée. Que dirais-je de la Maison ?
Mon émotion fut bien grande en me trouvant sous le même toit que la Famille, en contemplant les murs sur lesquels Notre Seigneur avait fixé ses yeux divins, en foulant la terre que saint Joseph avait arrosée de ses sueurs, où Marie avait porté Jésus dans ses bras, après l’avoir porté dans son sein virginal.
J’ai vu la petite chambre de l’Annonciation. J’ai déposé mon chapelet dans l’écuelle de l’Enfant Jésus, que ces souvenirs sont ravissants ! Mais notre plus grande consolation fut de recevoir Jésus dans sa maison et de devenir ainsi son temple vivant, au lieu même qu’il avait honoré de sa divine présence. Suivant l’usage romain, la Eucharistie ne se conserve dans chaque église que sur un autel ; et là seulement, les prêtres la distribuent aux fidèles.
A Lorette, cet autel se trouve dans la basilique où la Maison est renfermée, comme un diamant précieux en un écrin de marbre. Cela ne fit pas notre affaire. C’était dans le diamant et non dans l’écrin que nous voulions recevoir le pain des anges.
Papa, avec sa douceur ordinaire, suivit les pèlerins, tandis que ses filles, moins soumises, se dirigeaient vers la Santa Casa. Par un privilège spécial, un prêtre se disposait à y célébrer la messe ; nous lui confiâmes notre désir. Immédiatement, ce prêtre dévoué demanda deux petites hosties qu’il plaça sur sa patène, et vous devinez, ma Mère, le bonheur ineffable de cette communion ! Les paroles sont impuissantes à le traduire.
Que sera-ce donc quand nous communierons éternellement à la demeure du Roi des cieux ! ».