La vénération de la Consolatrice est née dans le cadre d'un pèlerinage, le 8 décembre 1624.
Le 8 décembre 1624, à l'occasion de la solennité de l'Immaculée Conception, le père Brocquart et les étudiants du nouveau collège jésuite (fondé en 1603) formèrent une procession pour aller installer une statue de la Vierge sur le glacis à l'extérieur des remparts de fortification de la ville.
La statue en bois de tilleul qu'ils proposèrent à la piété populaire, représentait une vierge de majesté sous les traits de la femme de l'Apocalypse avec le croissant de lune à ses pieds.
L'initiative du père Brocquart et de ses étudiants était à l'époque une pratique courante, car depuis le Bas Moyen Âge les pèlerinages d'une journée occupaient une place de plus en plus importante dans le cadre de la pitié populaire. Depuis leur déclin, les grands pèlerinages de Jérusalem, Rome ou Compostelle étaient remplacés par des pèlerinages régionaux qui s'inscrivaient dans un contexte géographique plus restreint.
L'influence d'Ignace de Loyola
L'époque de la Réforme catholique et le renouveau ecclésial qui avaient suivi le Concile de Trente, portaient l'empreinte de la spiritualité d'Ignace de Loyola (+1556), le fondateur de la Compagnie de Jésus.
Tout ce dont les Réformés s'étaient défait avec incompréhension et ardeur aveugle parce que cela choquait leur spiritualité ou leur idéal de pureté, Ignace l'enseigna en le replaçant dans le contexte plus vaste du mystère de l'Incarnation.
Son activité et son influence étaient marquées de son acceptation évidente des aspects visibles de l'Église du Christ.
Le pèlerinage eut des effets importants
À l'époque ou se développa la vénération de la Consolatrice des Affligées comme patronne de la cité et du pays, le Duché de Luxembourg avait depuis longtemps perdu son autonomie et faisait partie de l'entité politique des Pays-Bas espagnols.
Le pèlerinage exprimait l'attachement à la vraie foi en un temps d'errements et de schisme. Le pèlerinage cherchait aussi à détourner les fléaux de la peste et de la guerre.
À partir de 1625, des pèlerins isolés ou des groupes d'étudiants se rendaient auprès de l'image de la Consolatrice des Affligées installée dans une chapelle érigée à cet effet sur le glacis au-delà des fortifications et consacrée en 1628. Dès 1639, le premier « Livre des miracles » mentionne des prières exaucées et des guérisons qui ont eu lieu devant l'image miraculeuse dans la chapelle du Glacis.
L'Octave et la translation
Comme l'invocation de la Consolatrice des Affligés remportait un succès grandissant auprès de la population, on instaura cette même année une semaine consacrée plus particulièrement au pèlerinage dont le déroulement constitue jusqu'à aujourd'hui le fondement des célébrations de l'Octave.
En effet, en 1639 ce fut la première fois que, pour faire face à l'afflux des pèlerins, on amena la statue de la Consolatrice pour une durée de huit jours à l'église des Jésuites à l'intérieur de la forteresse. À la fin de cette huitaine, au cours d'une solennelle procession de clôture, la statue devait être ramenée dans la chapelle du Glacis.
Cette translation de l'image miraculeuse, qui allait devenir une tradition annuelle, nous montre que le pèlerinage et la vénération de l'image étaient inextricablement liés.
Par le truchement de l'image, on vénère l'original, c'est-à-dire la Vierge
Les facettes multiples de ce contact avec l'image miraculeuse constituent le noyau du pèlerinage. Contrairement à l'Antiquité et au Moyen Age, pendant les Temps modernes la rencontre avec l'image est essentielle au pèlerinage puisqu'elle en est le but. Cependant l'image en tant que telle ne revendique aucune vénération particulière.
Mais pour reprendre le raisonnement de Jean de Damas (8e siècle), c'est par le truchement de l'image qu'on vénère l'original, c'est-à-dire la Vierge ou les saints à qui l'on adresse prières, invocations et actions de grâce.
Un autel en fer forgé, l'Octave qui devient une quinzaine...
À l'occasion du premier centenaire de l'élection de la Consolatrice des Affligés comme patronne de la cité, le père jésuite Théodore Helm, recteur de la chapelle du Glacis, commanda un autel rococo destiné à recevoir l'image miraculeuse pendant les célébrations de l'Octave. Cet autel en fer forgé d'une valeur artistique certaine a été décoré au fil des ans d'innombrables lampes et cœurs en argent ainsi que d'autres ex-voto.
En 1922 l'évêque Pierre Nomesch étendit la période du pèlerinage annuel sur une quinzaine pour permettre à tous les doyennés, les paroisses et les écoles d'organiser leur propre pèlerinage à l'image de la Consolatrice des Affligés. Des litanies et des cantiques spécialement composés, d'abord en allemand, ensuite également en luxembourgeois, donnaient alors une nouvelle empreinte à l'Octave et lui conféraient une dimension nationale de plus en plus marquée qui allait se confirmer et s'intensifier au cours de la Deuxième Guerre Mondiale.
Le sentiment national, et l'Eglise "peuple en marche".
L'image de la Consolatrice des Affligés ainsi que son message de réconfort et d'espérance représentaient aux yeux d'une grande partie de la population luxembourgeoise une des composantes de son sentiment national et de sa conscience collective.
Au Concile Vatican II, l'Église s'est définie comme « le peuple de Dieu en marche ». Aujourd'hui on découvre à nouveau que la route, le cheminement, le départ, l'arrêt, l'arrivée, l'accompagnement, voire l'essoufflement dont partie de l'expérience humaine.
Ensemble avec Marie sur le sentier de la foi, tel pourrait être le condensé de la longue histoire du pèlerinage de la Consolatrice des Affligés.
Ce sentier est éclairé par Marie, véritable figure d'espérance dont la destiné a déjà connu son accomplissement. C'est elle qui a déjà pleinement part à ce qu'il nous faut chercher à atteindre grâce à notre foi confiante de pèlerin, à savoir le plein partage de la gloire pascale du Seigneur.
Ainsi le pèlerinage de la Consolatrice des Affligés reste un chemin plein de promesses. Grâce à la vénération de Marie, l'Église ne cesse de se rassembler en tant que peuple de Dieu en marche.
Extraits de Michel Schmitt, « Pèlerinage », https://cathedrale.lu