En Angleterre, Notre-Dame de Walsingham

Bien que le sanctuaire de Notre-Dame de Walsingham soit d’origine médiévale, 1997 marque le centenaire du retour de la dévotion dans ce réputé centre marial de Walsingham, à Norfolk, Angleterre.

Le « Nazareth de l'Angleterre » est un lieu saint tenu en haute estime par les Chrétiens du pays.

D’après la légende, c’est une riche veuve de la noblesse, Lady Richedis, qui en fut à l’origine, en 1061.

Un manuscrit du 15ème siècle relate la "ballade de Walsingham" et explique comment la noble veuve désirait honorer Notre Dame : Marie répondit en lui demandant de construire une chapelle et la conduisit, « en esprit », à Nazareth pour lui montrer l’emplacement où l’archange Gabriel l’avait saluée, puis Marie lui fit prendre les mesures de la maison pour qu’elle puisse la reproduire à Walsingham.

La Vierge Marie lui expliqua aussi qu'en ce lieu le peuple célébrerait l’Annonciation, source de la Rédemption de l’humanité et qu’elle trouverait assistance dans tous ses besoins.

Par trois fois Lady Richedis eut cette vision et entendit cette requête. Cela confirma son désir de faire construire une chapelle. Cependant, les dimensions relatives à la construction ne lui paraissaient pas claires, ni à elle ni aux constructeurs. Voyant que ceux-ci ne progressaient pas dans la construction, Lady Richedis passa la nuit en prières.

Les anges eux-mêmes finirent la construction de la chapelle de Walsingham

Ses supplications reçurent une réponse immédiate car Notre Dame fit en sorte que les anges finissent la construction sur l’emplacement qu’elle désirait, environ à 200 pieds de l’endroit où les ouvriers avaient travaillé.

Au fil des années, plusieurs miracles furent attribués à Notre Dame de Walsingham, y compris celui qui sauva le roi Edouard I de la chute d’un pan de mur de maçonnerie.

Au 14ème siècle, la Maison miraculeuse de Norfolk fut supplantée par la Maison de Lorette, en Italie, près d’Ancône. Suivant une autre légende, la maison natale de la Vierge à Nazareth aurait été transportée par des anges de Palestine à Fiume (autrefois en Yougoslavie). Ne réussissant pas à attirer l’attention et la vénération, les anges la transportèrent sans succès dans deux autres lieux, près de Recanati, en Italie. Finalement, en 1295, la Maison de Marie fut transportée à Lorette, près de la mer Adriatique.

En fin de compte, la basilique historique de Walsingham fut érigée aux 15ème et 16ème siècle.

La révolte protestante s’amplifiant, la ferveur à la dévotion de Marie déclina en Angleterre. Jusqu’à cette époque, Walsingham avait été un lieu de pèlerinage très populaire.

En 1534, le prieur et les chanoines de Walsingham signaient l’Acte de Suprématie devenant ainsi les premiers à se soumettre à l’autorité d’Henry VIII. Pendant les siècles suivants, le sanctuaire tomba en ruine et sa précédente gloire fut totalement oubliée.

Au XIXe siècle, la dévotion à Notre Dame de Walsingham connaît un grand renouveau

Mais une riche dame anglaise, Charlotte Boyd, au XIXe siècle, commença la restauration du sanctuaire de la même façon qu’une autre riche femme l’avait fait au XIe siècle.

Pour les pèlerins voyageant de Londres à Walsingham, le dernier arrêt est une chapelle située à environ 1 mille et connue sous le nom de Slipper Chapel » (chapelle du chausson) parce que les pèlerins, quittaient leurs chaussures avant de marcher le dernier mille, pieds nus, jusqu’au sanctuaire.

Le petit bâtiment du 14ème siècle servait d’étable aux animaux avant que Charlotte Boyd n’ait le désir de le restaurer. Avant que son plan ne se concrétise, elle se convertit au catholicisme et, vers 1890, elle acheta la chapelle et en fit don à l’abbaye de Downside.

La confrérie Notre Dame de la Rédemption (Our Lady of Ransom) prit soin de la restauration et une statue sculptée de la Vierge à l’Enfant fut mise à la place d’honneur. Elle se trouve maintenant à King’s Lynn.

Il y a plus d’un siècle (le 20 août 1897) une procession de pèlerins, de King’s Lynn à la « chapelle de la Pantoufle », marqua le retour de la dévotion publique à Notre Dame de Walsingham.

Cependant, pendant plus d’une génération l’Eglise catholique montra peu d’enthousiasme pour le sanctuaire. On donna comme raison que pendant le 19ème siècle beaucoup de Catholiques d’Angleterre et d’Irlande ne soutenaient pas les tentatives du cardinal Manning et d’autres, pour promouvoir les dévotions publiques, processions, etc. Les fidèles étaient habitués à plus de réserve dans l’expression de la prière et considéraient de telles pratiques comme des importations étrangères.

En conséquence, la restauration du sanctuaire de Walsingham eut au début peu d’effet sur les Catholiques anglais. Cependant, en 1920, le curé anglican de Walsingham, Alfred Hope-Patten, décida de redonner vie au sanctuaire médiéval sous les auspices de l’Eglise d’Angleterre.

Un sanctuaire marial à vocation oecuménique

L’ampleur du projet anglican suscita un réveil des Catholiques et ils redoublèrent leurs efforts pour encourager la dévotion à Notre Dame de la Pantoufle. Actuellement, le sanctuaire catholique s’est beaucoup développé, surtout depuis la construction de la chapelle de la Réconciliation.

Maintenant, les deux sanctuaires avec leurs hôtels respectifs sont très populaires et très fréquentés.

Auparavant, Anglicans et Catholiques ne reconnaissaient pas publiquement leur existence respective à Walsingham. Les indications dans la vieille ville signalaient même le « Sanctuaire N.D. de Walsingham » dans une direction et le « Sanctuaire de la Rédemption » dans une autre.

Puis les choses ont changé il y a une quinzaine d’années quand le Pape Jean-Paul II visita l’Angleterre et célébra la messe dans une église de Wembley où un tableau de la Vierge de Walsingham figurait sur l’autel.

Le tableau fut placé là conjointement par le directeur du sanctuaire catholique et l’administration du sanctuaire anglican.

Par la suite, Anglicans et Catholiques se sont reconnus mutuellement dans leurs publications et leurs activités.

Les relations œcuméniques, à cause d’éléments un peu trop zélés, ont été tendues pendant un moment et connaissent maintenant une période d’accalmie. L’actuel administrateur anglican, Martin Warner, considère l’état des choses actuelles comme étant « des racines qui s’enfoncent pendant l’hiver ». Il est optimiste et croit que cela fera une entente cordiale entre les églises catholiques et protestantes.

Certains catholiques anglais constatent une difficulté concernant la doctrine et la dévotion mariales.

Actuellement, l’Eglise catholique a une génération de prêtres et de professeurs qui a reçu très peu de formation en mariologie et pratique seulement une dévotion symbolique à Notre Dame et pourtant, on s’attend à ce que prêtres et professeurs allant à Walsingham ou en d’autres lieux mariaux puissent parler avec ferveur aux foules de fidèles dont le cœur déborde de foi et d’amour pour la Mère de Dieu.

De nombreuses célébrations ont lieu au sanctuaire de Walsingham. Un nouveau vitrail représentant l’Annonciation, réalisé par Alfred Fisher, a été ajouté dans la « chapelle des Pantoufles ». Un autre a été offert par la confrérie Notre Dame de la Rédemption.

Notre Dame de la Mer, "Stella Maris"

Pour marquer ces dons importants, une année de liturgies spéciales, de concerts, de spectacles a été inaugurée, certains sur un sujet marial.

Notre Dame de Walsingham est connue sous le nom de « Vierge de la mer ». Une légende médiévale raconte qu’elle secourt les marins en détresse. L’hôtellerie des pèlerins anglicans s’appelle « Stella Maris », Etoile de la Mer. C’est un des plus anciens titres de Marie.

Walsingham qui est à quelques milles de la côte de Norfolk, est un lieu de prière et de guérison, il représente le salut dans la tempête et les naufrages, et offre des eaux calmes et un port tranquille dans toutes les épreuves.

Puissions-nous de nouveau parler de l’Angleterre comme étant « Our Lady’s Dowry », l’héritage de Notre Dame.

_______________

Frère John M. Samaha