Marie et la lecture de la Torah

Marie et la lecture de la Torah

Vraisemblablement, Marie fréquente la synagogue de Nazareth et prend place dans la partie réservée aux femmes. Dans la synagogue tout est orienté vers l'armoire qui contient la Sefer Torah, une copie du Pentateuque. Selon un usage ancien qui se dit remonter à Moïse, l'Écriture est lue et commentée plusieurs fois par semaine. Il ne s'agit pas seulement d'écouter la parole, mais de la célébrer et de la vivre: trois moments indiqués par une maxime célèbre de Simone le Juste:

« Le monde appuie sur trois piliers: la Torah, le culte et les actions inspirées par l'amour. » [1]

En écoutant les parties différentes de la Bible, Marie acquiert personnellement le sens de la primauté de Dieu et de sa Parole, car c'est aussi selon cette Parole transmis par Gabriel qu'elle orientera toute sa vie (Lc 1,38).

- Marie exprimera son expérience de maternité avec les termes de l'Exode dans lequel « Dieu a fait grandes et merveilleuses choses » (Dt 10,21; cf Lc. 1,49).

- La pitié juive enseigne à prier avec les psaumes et à méditer en silence : deux modalités de la prière qui se retrouvent en Marie (cf. Lc 1,46-55; 2,19.51).

Dans le Magnificat (Lc 46-55) on a l'écho de différents psaumes : le bras puissant, (Ps 89,11) ; il se souvient de son amour (Ps 98,3) ; la grâce du Seigneur [...] dure à jamais pour ceux qui le craignent (Ps 103, 17) ; Il comble de biens les affamés (Ps 107,9) ; saint [...] est son nom (Ps 111,10).

- Le Juif prie avec le midrash haggadique, sorte d'exégèse spirituelle qui recherche le sens caché de la Bible pour éclairer les événements personnels et communautaires. Marie se conduit ainsi en méditant dans son cœur les événements et en les confrontant ensemble avec la Parole de Dieu pour la comprendre et la réaliser (Lc 2,19.51) :

« Confronter le présent avec le passé était une habitude sapientiale du peuple élu. La tradition de l'Ancien Testament avait éduqué Israël à retenir dans son cœur la manière avec laquelle Dieu opérait dans son histoire passée, pour en tirer des applications actuelles, utiles pour l'aujourd'hui. Marie comme fille de son peuple hérite de ces modes de contemplation, et en réalise parfaitement les instances, surtout parce qu'elle concentrait son esprit réfléchi sur Jésus, Sagesse incarnée. » [2]

Qui pourra comprendre le degré de contemplation atteint par Marie ?


[1] DI SANTE, La preghiera di Israele, p. 115

[2] A.SERRA, Sapienza e contemplazione di Maria secondo Luca 2,19.51b, Edizioni Mar, Roma 1982, p. 258


Stefano de Fiores,

Faculté théologique pontificale « Marianum » à Rome.