Beaucoup de nos contemporains sont aussi persuadés qu’on ne peut pas être certain de l’authenticité de textes aussi anciens que la Bible juive ou le Nouveau Testament, et ils imaginent qu’ils auraient pu être quelque peu changés dans leur contenu, au fil des années. Des émissions de vulgarisation et une certaine exégèse excessivement critique laissent souvent planer le doute sur ces questions.
Mais tout le monde admet pourtant sans problème l’authenticité de la plupart des textes des grands auteurs antiques classiques, même quand le texte établi ne repose que sur quelques dizaines de manuscrits anciens.
- Par principe, plus nous avons de textes, moins il y a de doutes sur les originaux.
- Mais il faut savoir que pour « La Guerre des Gaules » de Jules César, par exemple, nous n’avons que neuf ou dix copies et que la plus ancienne date de 900 ans après César.
- Pour « L’Histoire de Rome » de Tite-Live, il n’y a guère plus d’une vingtaine de transcriptions, la plus ancienne datant d’environ 900 après Jésus-Christ.
- Sur les 14 recueils des histoires de Tacite, une vingtaine de copies seulement ont survécu. Sur les seize recueils de ses annales, dix sections de ses deux œuvres historiques majeures viennent entièrement de deux manuscrits qui datent l’un du IX° siècle et l’autre du XI° siècle.
- Nous devons presque toute l’histoire de Thucydide à huit manuscrits datant approximativement de 900 après Jésus-Christ.
- Il en est de même pour tous les auteurs anciens et pourtant, aucun humaniste ne doute de l’authenticité de ces œuvres, malgré le long laps de temps qui nous en sépare et le nombre relativement restreint des manuscrits restants.
En ce qui concerne le Nouveau Testament, nous disposons d’énormément d’éléments :
- C’est vraisemblablement entre 30 et 100 qu’il a été rédigé et nous possédons des manuscrits complets et en très bon état de tout le Nouveau Testament datant de 350 (ce qui fait un laps de temps de 300 ans).
- Nous détenons des papyrus contenant la plupart des écrits du Nouveau Testament du III° siècle et même un fragment de l’Evangile de Jean qui date des alentours de l’an 130.
- Il existe plus de 5.000 manuscrits grecs, plus de 10.000 manuscrits latins et 9.300 autres en diverses langues.
- Ajoutons à cela les 36.000 citations du Nouveau Testament que l’on trouve dans les écrits des Pères de l’Eglise, en Orient comme en Occident.
- Dans tous ces milliers de sources, les variantes textuelles existent et elles peuvent changer parfois le sens d’une phrase ou nuancer un verset, mais le sens général du récit est parfaitement identique et tout à fait conforme aux Evangiles dont nous disposons aujourd’hui en librairie.
- Comme l’a dit l’un des plus grands spécialistes de l’Ecriture, F.J.A Hort : « Etant donné l’abondance et la qualité des preuves de son authenticité, le Nouveau Testament demeure, de façon absolue et irréfutable, unique parmi les écrits en prose anciens » (The New Testament in the Original Greek Vol I p. 561 – New york, Mac Millan Co.)
- Sir Frédéric Kenyon, un critique de pointe dans ce domaine résume tout cela : « L’intervalle entre les dates de la composition d’origine et les premières copies est si minime que nous pouvons nous permettre de la négliger et nous n’avons plus aucune raison de douter que les Ecritures nous soient parvenues dans leur ensemble telles qu’elles ont été écrites. Désormais, l’authenticité comme l’intégrité de l’ensemble des livres du Nouveau Testament ne sont plus à mettre en doute » (The Bible and Archeology Harper and Row 1940)
Aucun texte de l’Antiquité n’a été aussi bien conservé que les Saintes Ecritures juives et chrétiennes, parce que ces textes ont été tellement copiés, dans tant de pays et tant de versions, qu’il était impossible de les falsifier et qu’il n’y a donc absolument aucun doute sur les textes originaux.
Les extraordinaires découvertes de Qumran en 1947 sont venues confirmer la parfaite conservation des textes bibliques.
- Qumran est considérée par tous les archéologues comme la découverte la plus importante en matière de textes antiques.
- Plus de 900 textes datant du premier siècle avant Jésus-Christ ont été exhumés et sont maintenant publiés dans leur totalité.
- Parmi eux, on trouve des extraits de tous les livres de la Bible sauf le Livre de Suzanne, et l’intégralité d’un rouleau du prophète Isaïe.
- Tous ces textes sont, à quelques variantes textuelles ou orthographiques près, qui n’altèrent jamais le sens du texte, conformes aux textes saints de la Bible hébraïque qu’on trouve aujourd’hui en librairie partout dans le monde.
- On peut même reconstituer le Canon des Ecritures juives, à partir des calligraphies et des signes qui permettent de distinguer et d’identifier les lectionnaires spécialement vénérés, et le Canon qui peut être ainsi reconstitué est parfaitement conforme au Canon retenu par l’Eglise catholique aujourd’hui.
- Tout cela prouve de manière définitive la parfaite conservation des textes bibliques, conservation qui s’explique parfaitement quand on voit l’infini respect religieux avec lequel les traditions juives et chrétiennes ont toujours conservé leurs sources.
- Il n’y a jamais eu dans l’Histoire le moindre indice d’une tentative de falsification des textes, qui aurait supposé, compte tenu de la diffusion très large des ces textes, à toutes les époques, un pouvoir politique et militaire déterminé, disposant d’une capacité d’action planétaire et la mettant en œuvre dans ce but avec des moyens très importants.
- Une telle action aurait évidemment laissé des traces et il n’y en a aucune.
- Personne n’est capable de donner le moindre argument précisant ni qui, ni quand, ni pourquoi quelqu’un aurait entrepris de falsifier les textes saints juifs ou chrétiens.
L’Islam professe que les Saintes Ecritures juives et chrétiennes ont été « falsifiées », parce qu'elles différent fortement du texte du Coran sur tous les récits qu'ils ont en communs.
- Le texte du Coran évoque ainsi à sa manière de nombreux épisodes de l’histoire juive et chrétienne en rapportant des récits qui sont parfois en contradiction avec les Saintes Ecritures juives et chrétiennes.
- La doctrine de la plupart des musulmans contemporains est donc que des Révélations authentiques ont été faites aux juifs et aux chrétiens mais qu'il a dû y avoir une falsification ultérieure des textes juifs et chrétiens puisque le Coran est regardé comme un texte parfait, incréé, transmis directement par Dieu à Mahomet sans la moindre erreur.
- Il n’est cependant jamais précisé nulle part par qui, quand et comment se serait faite cette supposée falsification, qui est pourtant absolument nécessaire à la cohérence de l’interprétation musulmane.
- En réalité, l'accusation de falsification est portée essentiellement contre les juifs et elle est très floue. Il semble que le Coran n'accuse pas ces derniers d'avoir falsifié les Ecritures dans la lettre, mais bien plutôt dans le sens ; ainsi, cette accusation peut être rapprochée de celles portées par des auteurs chrétiens, syriaques en particuliers, qui reprochaient aux juifs de cacher le sens véritable des Ecritures.
- Par ailleurs, on peut mentionner également dans l'Histoire divers auteurs musulmans qui ont défendu l'authenticité de la Bible.
Par contre, le processus de fixation du Coran par le calife Uthman, 15 ans après la mort de Mahomet, pose vraiment question. Cet épisode est d’autant plus incompréhensible que les musulmans tiennent la thèse d’un texte révélé mot à mot et sans erreur à Mahomet, ce qui n’aurait jamais dû conduire à des versions très différentes, moins de 15 ans après sa mort …
- D'après la tradition musulmane officielle, le Coran aurait été fixé dans une version définitive parmi toutes les variantes en circulation par le troisième calife après Mahomet, Othman (634-644), qui aurait fait détruire toutes les autres versions une vingtaine d'année après la mort de Mahomet.
- Il est déjà difficile de comprendre la nécessité d’une telle opération d’élimination de fausses versions du Coran si le texte avait été effectivement révélé et dicté mot à mot sans erreur à Mahomet : comment peut-on imaginer dans un cas comme celui d’un Coran révélé et parfait, des copistes très proches de l’auteur du texte qui s’écarteraient en quoi que ce soit de la version originale ?
- Mais il y a plus : selon les recherches récentes qui concordent, tout porte à croire que c'est le calife Abd al-Malik (685-705) ainsi que le gouverneur al-Hajjaj qui firent la première recension unifiée du Coran (et qui détruisirent les versions concurrentes) et qui chargèrent le scribe al-Zuhri de forger des traditions faisant remonter ces actes à Othman.
- En réalité, aujourd'hui les plus anciennes copies complètes du Coran datent de 2 siècles après Mahomet. Il y a eu destruction des copies du Coran qui existaient avant Othman, mais il y a eu aussi destruction des Corans d'Othman, comme le montre l'analyse du "trou noir" de la littérature arabe..
- il faut insister aussi sur la multiplicité des codex coraniques. Jeffery avait ainsi recensé pas moins de 27 codex différents, attribués à divers Compagnons ; on compte également quelques 10 000 variantes de lecture, sans parler des variantes des plus anciens manuscrits (mais encore des versets absents).
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