D'après le titre de son livre (Mi 1.1), Michée est originaire de Moréshèt, à l'ouest d'Hébron, dans le royaume du Sud ; il a exercé son ministère sous les trois rois de Juda Jotham, Achaz et Ezéchias (758-698 avant J-C). D'après le livre de Jérémie (31.18), c'est au temps d'Ezéchias que Michée aurait prophétisé.
Le contexte historique est donc la chute de Samarie en l'an -721 et l'arrivée de nombreux réfugiés du Nord dans la région de Jérusalem (Juda).
Dans un contexte chaotique, Michée invite à marcher humblement avec Dieu :
Le royaume du Sud doit payer un tribut à Ninive, et il l'accepte mal. Le peuple se sent abandonné de Dieu, la foi vacille.
Michée transmet une parole du Seigneur. Cette parole n'est pas une parole contre le peuple, mais contre son découragement.
"YHWH plaide contre Israël: Mon peuple, que t'ai-je fait? En quoi t'ai-je fatigué ? Car je t'ai fait monter du pays d'Egypte, je t'ai racheté de la maison de servitude." (Michée 6, 2-4)
Le peuple veut alors offrir des sacrifices, certains sont légitimes (offrir des veaux ou de l'huile) d'autres non interdits (immoler son fils aîné) : les premiers sont une action de grâce, les seconds sont des actes magiques pour contraindre la divinité.
Le prophète invite plutôt à regarder vers l'avenir :
"On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que YHWH réclame de toi: rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu." (Michée 6, 8)
La révolte d'Ezéchias contre Ninive inspire à Michée de vifs reproches :
Pour rompre avec les Assyriens, le roi Ézéchias cesse d'envoyer son tribut à Ninive et demande à l'Égypte sinon le concours de son armée, du moins l'envoi de chevaux pour combattre l'envahisseur "Assur" (l'Assyrie).
Ces événements inspirent à Michée de vifs reproches contre l'infidélité d'Israël à l'Alliance avec le Dieu vivant, l'idolâtrie, la cupidité, les injustices faites aux pauvres, etc.
Michée annonce la destruction de Jérusalem.
Michée annonce aussi une restauration et un roi qui règnera au nom du Seigneur :
Ce roi naîtra à « Bethléem-Ephrata », et « Ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques » (Mi 5, 1) parce qu'il accomplit la promesse que Dieu fit à David par le prophète Nathan (2 Sam 7, 4-16).
"Et toi, (Bethléem) Ephrata, le moindre des clans de Juda, c'est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël; ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques. C'est pourquoi il les abandonnera jusqu'au temps où enfantera celle qui doit enfanter" (Mi 5, 1-2)
Cette attente du salut venant d'un roi de la lignée de David est similaire avec l'attente exprimée par Isaïe aux chapitres 7, 9, 11, à la même époque.
Ce roi naîtra à « Bethléem-Ephrata » (Mi 5, 1), on l'appelle Ephrata pour la distinguer de la cité du même nom en Galilée.
Sous le règne du descendant de David reviendront les exilés (les habitants du royaume du Nord qui se sont exilés après la chute de Samarie) : « le reste de ses frères reviendra aux enfants d'Israël » (Mi 5, 2). Une promesse qui sera ensuite relue pour annoncer le retour du second exil, l'exil à Babylone en 587-537.
Il est "paix" mais il délivre encore par "le glaive" (Mi 5, 4-5).
La mère du messie et la communauté de la fille de Sion : toute souffrance est un travail d'enfantement.
Au verset 2 il est dit :
« C'est pourquoi il les abandonnera jusqu'au temps où aura enfanté celle qui doit enfanter. » (Michée 5, 2)
Celle qui doit enfanter est la fille de Sion, comme il est dit quelques versets auparavant :
« Tords-toi de douleur et crie, fille de Sion, comme la femme qui enfante, car tu vas maintenant sortir de la cité et demeurer en rase campagne. Tu iras jusqu'à Babel, c'est là que tu seras délivrée; c'est là que YHWH te rachètera de la main de tes ennemis. » (Mi 4, 10).
Autrement dit, le prophète invite à vivre positivement la douleur des événements politiques, la douleur de l'exil : la souffrance doit être vécue comme un travail d'enfantement. En Michée 4, 8-14, l'accent est sur la douleur, en Michée 5, 1-2, l'accent est sur la fécondité.
De plus, c'est la première fois qu'il y a un rapport réciproque, presque une identification entre la mère du messie et la communauté qui traverse les évènements de l'exil.
Quel accomplissement ?
Un certain accomplissement de ces prophéties et une certaine restauration ont lieu rapidement : la reconquête du royaume du Nord commencera sous le règne d'Ezéchias et continuera sous le règne de Josias.
Mais Josias ne sera pas un roi pacifique, et le pays sera de nouveau envahi au temps de Nabuchodonosor, roi de Babylone ; au retour d'exil la nation sera sous domination perse puis grecque, puis romaine...
Après l'exil à Babylone, comme le prophète Isaïe, le prophète Michée recevra une interprétation messianique qui se superpose plus ou moins avec l'attente d'un messie transcendant.
Dans le Nouveau Testament,
- Mt 2,5-6 et Jn 7,40-42 témoignent de l'existence d'une telle attente messianique.
- Saint Luc au chapitre 2 qui raconte la naissance de Jésus à Bethléem, suggère l'accomplissement de la prophétie de Michée par un procédé midrashique.
Source : Les introductions et notes de la Bible de Jérusalem.
Synthèse F. Breynaert