Jésus ne correspond pas au rêve trop humain d'un salut par simple substitution : Jésus est intervenu à notre place mais il ne nous sauve pas sans nous. Il veut notre bonne volonté. Par sa mort et par sa résurrection, une lumière descend dans les cœurs, ils donnent aux cœurs ouverts la paix de Dieu qui les rend féconds, la force de faire le bien et de revenir au Père. Jésus ne se substitue pas à nous, Jésus ne nous demande pas non plus de nous substituer aux autres. Suivons l'explication de Benoît XVI :
« L'idée de fonction vicaire est diffuse dans toute l'histoire des religions. En de multiples manières, on s'efforce de détourner du roi, du peuple, de sa propre vie, la menace du malheur, en le transférant sur des substituts. Le mal doit être expié, et ainsi doit être rétablie la justice. Mais on fait tomber sur d'autres la punition, le malheur inéluctable et l'on cherche ainsi à se libérer.
Pourtant, cette substitution, par le biais de sacrifices d'animaux ou même humains reste en dernière analyse sans consistance. Ce qui est alors offert en représentation n'est qu'un succédané de ce qui est proprement personnel et ne peut en aucun cas prendre la place de ce qui doit être sauvé de cette manière. [...]
L'histoire tout entière est à la recherche de Celui qui véritablement peut intervenir à notre place ; Celui qui véritablement est capable de nous prendre en lui et de nous conduire vers le salut.
Dans l'Ancien Testament, l'idée de la fonction vicaire apparaît de façon tout à fait centrale quand Moïse, après l'idolâtrie du peuple, dit au Dieu en courroux:
« Pourtant, s'il te plaisait de pardonner leur péché... Sinon, efface-moi, de grâce, du livre que tu as écrit!" » (Exode 32, 32).
Il est vrai qu'il reçoit cette réponse
« Celui qui a péché contre moi, c'est lui que j'effacerai de mon livre. » (Exode 32, 33),
mais d'une certaine manière Moïse devient le substitut qui porte sur lui et qui, par son intercession, change le destin du peuple. [...]
Cette idée de la fonction vicaire apparaît pleinement développée en Isaïe 53 avec l'image du Serviteur souffrant qui prend sur lui la faute des multitudes les rendant ainsi justes (cf. Is 53, 11).»[1]
Jésus
Quand Jésus dit qu'il est venu pour servir, il assume la figure du Serviteur, et du Serviteur souffrant.
« C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. » (Mt 20, 28)
En utilisant le titre "Fils de l'homme", Jésus s'unit à tout homme et affirme qu'il veut nous prendre en lui, car l'expression "Fils de l'homme" a un sens collectif, c'est le royaume (Dn 7).
« Le Fils de l'homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter.» (Mc 8, 31)
Le Fils de l'homme « n'est pas simplement un, mais de nous tous avec lui-même il ne fait "plus qu'un" (Ga 3, 28) : il nous transforme en une humanité nouvelle. »[2]
Ainsi, en utilisant le titre "Fils de l'homme", Jésus appelle notre incorporation, notre participation à la Rédemption.
[1] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth. De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection. Parole et Silence, Paris 2011, p. 200-201.
[2] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 362-363.
Synthèse F. Breynaert