Assumpta corpuscularia lapislazulina, 1952 ; huile sur toile ; 230*144cm ; collection particulière.
Voir le tableau :
http://salvadordali.chez.com/tableau43.html
Ou :
Le contexte historique de cette œuvre :
Le visage qu'il prête à la Vierge Marie n'est autre que le visage de sa femme, Gala. Il a peint ce tableau à Port Lligat pendant un été plein de souvenirs, de chaleur et d'amour pour Gala et voulait que ce tableau soit plus beau et plus ressemblant que jamais.[1]
Une représentation de l'Assomption :
Dans la mesure où les croyants sont unis au Christ dans le baptême et participent aux souffrances du Christ (Romains 6, 1-6), ils ont part, par l'Esprit, à sa gloire et sont ressuscités avec lui en anticipation de la révélation finale (cf. Romains 8, 17 ; Éphésiens 2, 6 ; Colossiens 3, 1).
La Vierge Marie est la disciple fidèle pleinement présente avec Dieu dans le Christ, elle est la mère de Jésus-Christ, unie au Christ plus que quiconque, sur terre et au ciel.
L'union de Marie à son Fils dans l'au-delà est la conséquence de leur union parfaite sur la terre.
C'est pourquoi Salvador Dali représente la crucifixion et la table de l'autel eucharistique.
L'au-delà est un au-delà de l'espace et du temps.
C'est pourquoi Dali fait éclater les formes, notamment celle de la terre qui ressemble à un atome en fission nucléaire, et celles des drapés.
L'ambiguïté de l'œuvre de Dali :
L'Assomption de Dali dénote avec les autres représentations de l'Assomption. Cette originalité est-elle une perte ou un gain ?
Dans les œuvres baroques, la vierge Marie s'élève vers la lumière divine, dans un ciel peuplé d'anges et de saints, elle s'élève vers la Trinité souvent représentée, et si elle ne l'est pas, le regard de Marie dit une rencontre.
L'iconographie orientale montre le Christ comme un vis à vis : il est vivant auprès de sa mère étendue, il prend et porte l'âme de Marie, parce qu'il est son Créateur et peut la vivifier. Ensuite, en haut de l'icône, Marie est représentée dans une mandorle de gloire, au ciel.
Aucune rencontre n'est suggérée par la peinture de Dali. Aucune transcendance, aucune Alliance.
Salvador Dali représente le Christ intérieur au corps de Marie, crucifié non sanglant et sans visage, est-il une personne vivante qui appelle la Vierge Marie à la vie, ou est-il une sorte d'organe, une simple force ? Marie est-elle portée par le Christ qui l'habite ou s'élève-t-elle comme une super-femme, « portée par une volonté de puissance nietzschéenne »[2]. Il semble alors que Salvador Dali nous amène dans une religion des énergies, où la femme s'élève « par la force virile de ses anti-protons » [3], analogue, quant au fond, aux religions anciennes qui cherchaient à capter les énergies cosmiques et biologiques.
Lorsque les peintres de la Renaissance italienne prirent pour modèles leurs femmes ou leur maîtresse, ils prirent le risque de perdre de vue l'Evangile.
C'est aussi le risque que court Salvador Dali, au point que son œuvre a pu recevoir des interprétations Nietzschéennes et non pas chrétiennes.
[1] http://salvadordali.chez.com/galerie6.html
[2] http://salvadordali.chez.com/galerie6.html
[3] http://salvadordali.chez.com/galerie6.html
Synthèse Françoise Breynaert