Notre Dame de Guadalupe... (1)
Le visage métissé de Notre Dame de Guadalupe était un modèle d'inculturation, d'union entre le peuple évangélisateur et le peuple évangélisé.
Le langage imagé de la Tilma est aussi un signe d'inculturation. Notamment, la tunique rouge pâle était auparavant, la couleur de Huizilopotchtli, le dieu du sang et de la vie ; maintenant c'est la couleur du sang du vrai Rédempteur. Le manteau vert-bleu était auparavant la couleur des empereurs Aztèques ; c'était aussi la couleur-synthèse du dieu Ometèotl, un "dieu-deux", masculin-féminin ; maintenant c'est la couleur de Marie, mère du Christ roi, Impératrice du monde. Le soleil éclipsé par la Vierge indique que la divinité du soleil et du sang est maintenant éclipsée et au service de la Mère de Dieu.
La date du 12 décembre 1531 correspondait aussi très précisément, dans le calendrier des Aztèques à une date où était attendu un grand bouleversement, destruction ou renouvellement.
A travers ces exemples, on voit que l'inculturation d'une part reçoit un langage et des valeurs en attente, et d'autre part donne la révélation chrétienne en l'enracinement dans ce langage et ces valeurs en attente.
L'histoire des Aztèques, c'est loin... Mais l'inculturation reste toujours actuelle, auprès des immigrés, dans les banlieues, chaque fois que nous rencontrons quelqu'un qui a une éducation et une culture différente...
Au-delà des signes utilisés par Notre Dame de Guadalupe, c'est son cœur qui est important. Le cœur doux et humble de celle que Juan Diego appelle « la plus petite »... C'est donc par son cœur que Marie est « l'Étoile de la première et de la nouvelle évangélisation », pour l'Amérique, mais aussi pour le monde entier.
... Etoile de l'Evangélisation (2)
Pour l'Ouverture des travaux de la IIIe conférence générale de l'épiscopat latino-américain, le 28 janvier 1979, Jean-Paul II a donné un discours qui s'achève par une invocation à Notre Dame de Guadalupe appelée « Etoile de l'évangélisation ».
L'évangélisation a une signification profonde que Jean-Paul II a précisée dans sa I° partie, en écartant les tentations réductrices ou violentes :
§ I.4. La conception du Christ comme politicien, révolutionnaire, le fauteur de subversion de Nazareth, n'est pas en accord avec la catéchèse de l'Église.
Confondant le prétexte insidieux des accusateurs de Jésus avec l'attitude - bien différente - de Jésus lui-même, on prétend voir dans le dénouement d'un conflit politique la cause de sa mort et l'on passe sous silence la volonté d'oblation du Seigneur et même la conscience de sa mission rédemptrice.
Les Évangiles montrent clairement que tout ce qui altérait la mission de Jésus comme serviteur de Yahvé était une tentation pour lui (cf. Mt 4, 8, Lc 4, 5).
Il n'accepte pas la position de ceux qui mélangeaient les choses de Dieu avec des attitudes purement politiques (cf. Mt 22, 21 ; Mc 12, 17 ; Jn 18, 36).
Il rejette sans équivoque le recours à la violence. Il ouvre son message de conversion à tous, sans en exclure même les publicains. La perspective de sa mission est beaucoup plus profonde. Elle consiste en un salut intégral par un amour qui transforme, pacifie, un amour de pardon et de réconciliation.
D'autre part, il n'y a pas de doute que tout cela est fort exigeant pour le chrétien qui veut vraiment servir ses frères les plus petits, les pauvres, les nécessiteux, les marginaux, en un mot tous ceux qui reflètent en leur vie le visage souffrant du Seigneur [...]
I., 5. Je ne me lasserai pas moi-même de répéter, accomplissant ainsi mon devoir d'évangélisateur de l'humanité entière : n'ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, des systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement » [...]
IV, 2
Au terme de ce message, je ne peux faire moins que d'invoquer encore une fois la protection de la Mère de Dieu sur vos personnes et sur votre travail durant ces jours. Le fait que notre rencontre a lieu avec la présence spirituelle de Notre-Dame-de-Guadalupe, vénérée au Mexique et dans tous les autres pays comme la Mère de l'Église en Amérique latine, est pour moi un motif de joie et une source d'espérance. « Étoile de l'évangélisation », que ce soit elle votre guide dans les réflexions que vous ferez et dans les décisions que vous prendrez. Qu'elle obtienne pour vous de son divin Fils :
- Une audace de prophètes et une prudence évangélique de pasteurs ;
- Une clairvoyance de maîtres et une sûreté de guides et d'orientateurs ;
- Une force d'âme comme témoins, et une sérénité, une patience et une douceur de pères.
(1) Cf. Les articles de ce chapitre "Notre Dame de Guadalupe".
(2) Extraits du discours du pape Jean-Paul II, le 28 janvier 1979, pour l'Ouverture des travaux de la IIIe conférence générale de l'épiscopat latino-américain.
Synthèse F. Breynaert