La basilique Notre-Dame-du-Pilier (Basílica de Nuestra Señora del Pilar) est le sanctuaire le plus important de l’Espagne. Son rayonnement est mondial. Il est lié à la tradition de l’apparition de la Vierge du Pilier à saint Jacques le Majeur, venu évangéliser l’Hispanie romaine, en l’an 40. Le saint pape Jean-Paul II a visité ce sanctuaire en 1982.
Avant l’invasion musulmane advenue en 711, il existait déjà à Saragosse une église « Sancta Maria intra muros »
En 1118, Saragosse fut délivrée des musulmans et un édifice roman construit, dont il ne reste aujourd'hui qu'un tympan.
Le « Pilar » est une colonne d’albâtre sur lequel la Vierge Marie aurait posé le pied lors d’une apparition à saint Jacques en l’an 40.
Voici un extrait du récit de cette apparition, datant du XIIIès[1]:
« Saint Jacques apôtre entendit des voix d’anges qui chantaient : Je vous salue Marie, pleine de grâce... Il s’agenouilla tout de suite, il vit la Vierge Mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui était entre deux chœurs de milliers d’anges sur un pilier en marbre […]
Ceci terminé, la Bienheureuse Vierge Marie appela vers elle très doucement le bienheureux apôtre Jacques et lui dit :
“Près de lui tu placeras l’autel de la chapelle […] la vertu du Très-Haut fera des prodiges et des prodiges admirables chez ceux qui dans la nécessité m’invoqueront. Et ce pilier se trouvera en ce lieu jusqu’à la fin du monde et il y aura toujours en cette ville quelqu’un qui vénérera le nom de Jésus-Christ mon Fils”. »
En 1434, un incendie ravageur contraignit les autorités épiscopales à démolir l’église romane pour reconstruire un édifice gothico-mudéjar, achevé en 1515. L'édifice était composé d'une nef unique, et d'un cloître abritant la chapelle du Pilar.
Quand l’Espagne fut unifiée, le culte de Notre Dame del Pilar devint un culte national, et ce d’autant plus que Christophe Colomb découvrit l’Amérique le 12 octobre, en la fête de Notre Dame del Pilar ![2]
Un jeune homme, Miguel-Juan Pellicer di Calandra à la suite d’un grave accident, avait dû être amputé d’une jambe, tout près de la rotule. Il alla prier avant l’intervention, et une nouvelle fois après, pour remercier d’être encore en vie. Puis, ne pouvant plus travailler, il devint mendiant… Il mit sur sa cicatrice de l’huile des lampes du sanctuaire, et rentra chez lui. Deux années et cinq mois après l’amputation, après avoir prié comme à son habitude Notre-Dame du Pilier, il s’endormit, et le lendemain matin, se réveilla avec deux jambes !
Une enquête fut réalisée et la nouvelle du miracle se répandit. C’est alors que l’on entreprit d’agrandir le sanctuaire par des travaux qui commencèrent en 1681 et s’achevèrent en 1872[3].
En 1771, Goya peignit les fresques de la voûte du petit chœur, représentant l'adoration du nom de Dieu, ainsi que la fresque Regina Martyrum (la reine des martyrs) sur l’une des coupoles.
Dans le livre de l’Exode (Ex 13, 21-22), le peuple délivré de l’esclavage d’Égypte est guidé par une colonne de feu la nuit et il est protégé par une colonne de nuée qui le sépare des Égyptiens pendant le jour. Il s’arrête là où s’arrête la colonne, il repart quand la colonne se met en route. Cette colonne de feu et de nuée manifeste la présence de Dieu, et de manière particulière, le Christ, l’Emmanuel, Dieu avec nous. Marie a attiré sa présence au moment de l’Incarnation et elle attire sa présence aujourd’hui dans nos vies.
La colonne, comme l’échelle de Jacob, unit le ciel et la terre. C’est le symbole de Marie parce qu’en elle le ciel et la terre se sont unis au moment de l’Incarnation de Jésus Christ (Lc 1, 26-38).
Le pilier donne de la solidité à l’édifice, il est symbole de la solidité de la foi et de la charité dont Marie a fait preuve de façon inébranlable. Il est le symbole de la confiance du peuple en Marie.
La colonne est fondamentale au point de vue de l’architecture : c’est sur elle que s’appuie l’édifice. L’Église a pour pierre d’angle de Christ, c’est lui qui fait l’unité, mais on pourrait ajouter qu’elle a un pilier, Marie. En effet, Marie était présente avec quelques disciples au calvaire quand Jésus versa son sang, répandit l’eau du baptême et donna l’esprit (Jn 19, 23-34). Et c’est avec Marie que les premiers disciples ont prié au cénacle avant la Pentecôte qui fit naître l’Église.
La fête de Notre-Dame du Pilier a lieu le 12 octobre, avec une longue semaine de festivités.
Dans la liturgie, on lit ces textes : 1Chr 15 ; He 1, 12-14 ; Lc 11, 27-28.[4]
Depuis Pie XII, Notre-Dame du Pilier est la patronne de toutes les nations de langue espagnole.
De plus, Notre-Dame du Pilier aussi la patronne aux Philippines du diocèse de Imus, de l’archidiocèse et de la ville de Zamboanga[5].
[1] Patrick Sbalchiero. « Jacques », In : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.
[2]Attilio GALLI, Madre della Chiesa dei Cinque continenti, Ed. Segno, Udine, 1997, p. 326-327.
[3] Attilio GALLI, Madre della Chiesa dei Cinque continenti, Ed. Segno, Udine, 1997, p. 326-327.
[4] Des prières particulières à ce sanctuaire sont disponibles sur ce site (espagnol)
[5] Voir à ce sujet www.catholicforum.com/forums/forum.php.
-sur L’apparition de Notre Dame Del Pilar (Anne-Catherine Emmerich), dans l’Encyclopédie mariale
-sur les sanctuaires marials d’Espagne, dans l’Encyclopédie mariale
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