Nazareth. L’église grecque orthodoxe Saint-Gabriel. Berthold Werner, Public domain, via Wikimedia Commons.
Si l’Église de Jésus est née en Terre sainte, elle s’est rapidement diversifiée en plusieurs Églises. La dévotion envers la Vierge Marie est une source d’unité pour toutes ces Églises, qui La célèbrent dans leurs liturgies respectives.
Jésus a dit :
« je suis la vigne véritable et mon père est le vigneron... » (Jn 15, 1)
et Jésus nous compare aux sarments. Ceux et celles qui sont unis à Jésus, incorporés à Jésus, forment l'Église.
L'Église est donc née de Jésus, en Terre Sainte.
C'est pourquoi l'Église de Jérusalem est appelée l'Église mère.
Les premiers disciples étaient juifs. La première Église de Jérusalem était donc judéo-chrétienne. Son premier chef a été Jacques, frère de Jésus, martyrisé en l'année 62.
Mais l'Église n'est pas restée uniquement judéo-chrétienne : très vite des Grecs, des païens, sont entrés dans l'Église, notamment à Antioche.
Saint Pierre témoigne avec stupeur que Dieu donnait l'Esprit Saint aux païens (Ac 10, 44).
Saint Paul s'émerveille de voir que le Christ a détruit le mur qui séparait les juifs et les païens. Oui, dit Paul, Jésus est devenu la « pierre d'angle » qui rassemble les hommes dans la même construction, dans la même Église (Eph 2, 20).
Une telle unité est merveilleuse. Et Marie a joué un rôle dans cette unité.
Saint Jean le sait : Jésus meurt pour rassembler dans l'unité les fils de Dieu dispersés (Jn 11, 52). Or, selon les prophètes, cette unité devait se faire au temple et en Sion. Et Jean sait que Jésus est le nouveau temple, et la mère de Jésus est la nouvelle Sion. Les fils de Dieu sont rassemblés en Marie, ils sont unis en Christ. Saint Jean se souvient aussi de ce qu'il a vu au calvaire : au moment où Jésus donnait sa mère au disciple, la tunique sans couture n'était pas déchirée, signe de l'unité de l'Eglise (Jn 19, 23-27).
Dès l'origine, Marie est gardienne de l'unité.
Après la mort de Jacques le frère de Jésus, et à cause de la persécution en Judée, le premier centre chrétien fut Antioche, et ce fut aussi le premier « patriarcat ».
Plus tard, l'Église de Jérusalem fut détachée d'Antioche et proclamée patriarcat en l'an 451.
Il y a eu très rapidement trois autres « patriarcats ». Et, dans l'ordre hiérarchique il faut nommer d'abord l'Église de Rome, fondée par Pierre et Paul ; puis le patriarcat de Constantinople (qui possède les reliques de l'apôtre saint André), puis celui d'Alexandrie (lié à saint Marc), puis celui d'Antioche et enfin celui de Jérusalem.
Toutes les Eglises ont voulu avoir leurs liturgies et des accueils de pèlerins sur les lieux saints, c'est bien compréhensible.
C'est pourquoi, en Terre Sainte, en plus des chrétiens du patriarcat de Jérusalem, il y a des chrétiens rattachés au patriarcat de Constantinople, ou au patriarcat d'Antioche (qui en fait a son siège à Damas et une juridiction jusqu'en Iraq et en Iran) et il y a des Coptes rattachés au patriarcat d'Alexandrie, et des Éthiopiens dont la liturgie est dérivée de la liturgie copte.
Il y a toujours eu aussi un nombre important de chrétiens arméniens : l'Eglise arménienne est directement issue de l'Église de Terre Sainte, elle s'est séparée de Césarée pour des raisons politiques en l'an 374 ; elle a alors opté pour la langue arménienne. Ils ont à Jérusalem un patriarcat et un quartier dans la vieille ville.
Depuis le temps des croisades, il y a aussi des chrétiens rattachés à l'Eglise de Rome, par le patriarcat latin de Jérusalem. Parmi eux, les franciscains (« la custodie ») ont la garde de nombreux lieux saints. Sont aussi présents des chrétiens réformés ou anglicans. On peut aussi rencontrer quelques maronites venus du Liban, ou quelques chrétiens rattachés aux patriarcats formés au XX° siècle, aux églises orthodoxes autonomes ou autocéphales : tous désirent célébrer sur les lieux saints et recevoir leurs pèlerins.
Ajoutons que depuis le retour des juifs sur leur terre au XX° siècle, il y a davantage de judéo-chrétiens ; ils se partagent dans les différentes confessions chrétiennes.
Toutes les Églises font mémoire de Marie pendant l'Eucharistie.
Toutes les Églises honorent Marie pendant le temps de l'Avent (avant Noël), fêtent l'Annonciation (25 mars).
Presque toutes les Églises fêtent la naissance de Marie (8 septembre) et la Présentation de Jésus au temple (2 février) et l'Assomption ou Dormition (15 août).
Chaque Église a aussi ses traditions particulières :
Les Coptes ont un très grand nombre de fêtes mariales, plus d'une par mois.
Les Chaldéens (patriarcat d'Antioche) et les Maronites fêtent Notre Dame des semences, c'est une fête agricole, mariale, et eucharistique (15 mai).
Les Byzantins honorent la mère de Dieu par des icônes, ils commencent l'année liturgique le 1° septembre par une fête qui célèbre Marie mère de Dieu et intercède pour la protection de l'environnement.
Les Latins aiment définir dogmatiquement ceux que les orientaux préfèrent chanter. Les latins ont, en plus des solennités principales, des fêtes telles que la Visitation (31 mai), et un grand nombre de mémoires liturgiques telles que Notre-Dame de Fatima (13 mai), Marie reine (22 août), Notre-Dame des douleurs (15 septembre), Notre- Dame de Guadalupe (12 décembre).
Les Maronites ont des points communs avec les Latins et ils ont d'autres particularités comme par exemple, en plus de l'Annonciation à Marie le 25 mars, un dimanche pour célébrer l'Annonciation à Joseph.
Il y a donc une grande variété de sensibilités et de rites liturgiques en Terre . Et c'est une richesse.
« Les Églises particulières à l'intérieur de l'Église universelle manifestent le dynamisme de leur pèlerinage terrestre et offrent à tous les membres de la communauté des croyants un trésor de traditions spirituelles, liturgiques et ecclésiales qui fait ressortir la bonté universelle de Dieu et son désir, vérifié à travers l'histoire, de les introduire tous dans sa vie divine. »[1]
[1] Homélie de Benoît XVI, Cathédrale grecque-melkite catholique Saint-Georges - Amman, samedi 9 mai 2009
-Sur les différentes Églises de Terre sainte, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur la liturgie mariale catholique romaine, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur la liturgie mariale byzantine, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur la liturgie mariale arménienne, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur la liturgie mariale copte et éthiopienne, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur la liturgie mariale chaldéenne et assyrienne, dans l’Encyclopédie mariale
-Sur la liturgie mariale maronite, dans l’Encyclopédie mariale
Françoise Breynaert et l'équipe de MDN.