Le christianisme roumain est bien antérieur à la conversion des Slaves, il date de l'Empire romain et de l'âge patristique. Il s'agissait alors d'une région marginale de l'empire romain, une région paysanne restée un peu à l'écart de la culture classique et qui fut très lentement évangélisée par des évêques en grande majorité latins[1].
Le songe de la Vierge (Visul Maicii Dommului) est un texte très court, une lettre, un saint livre, facilement porté sur soi, facilement recopié et transmis :
« Le songe de la Très Pure Mère (de Dieu) - quand elle s'est endormie sur le mont des Oliviers et quand est venu vers elle le Seigneur Christ en rêve et lui a dit : Dors-tu ?
Et la , s'étant éveillée a répondu à Jésus-Christ : Fiul mei iubite, Je me suis endormie, et maintenant je m'éveille. Mais toi, je t'ai vue lié et vendu, lié au poteau et en croix crucifié ; et de ton très pur et saint corps, comme d'un bois écorcé, le sang qui coulait.
Répondit Jésus Christ et lui dit : O Maica mea iubita, il est vrai que le songe que tu as rêvé, je veux le souffrir pour le genre humain et pour les péchés de ce peuple. » [2]
Et le texte s'achève un peu brusquement par la déclaration que
« Quiconque écrira cet écrit -comme une lettre de la Vierge- et le passera aux autres et portera sur lui ce saint livre : Je me montrerai à lui et le conduirai à l'Empire du ciel. »
La promesse un peu superstitieuse qu'il véhicule n'est qu'une expression déformée et popularisée d'authentique promesses...[3].
[1] Cf. « La Vierge dans la Littérature populaire roumaine » par Frédéric Tailliez, s.j. (professeur à l'Institut Pontifical Oriental), dans Hubert du Manoir, Maria, tome 2, Beauchêne, Paris 1952, p. 276-277
[2] HASDEU, Cuvinte den Batrîni, Bucarest, 1878-1881, § 388
[3] Cf. « La Vierge dans la Littérature populaire roumaine » Ibid., p. 286-287
Synthèse Françoise Breynaert