Joseph et Marie ont été éduqués dans l’esprit nationaliste et religieux de leur peuple, peuple choisi pour porter le Nom de YHWH parmi les nations. Deus autem noster..
C’est le Dieu d’Abraham qui se montre à lui à Mambré et l’assure d’une postérité plus nombreuse que les étoiles du ciel. « Désormais tous les peuples le feront entrer dans leurs bénédictions ».
C’est le Dieu d’Isaac qui lui donne une épouse et l’accompagne en toutes ses voies, le Dieu de Jacob qui siège au sommet de l’échelle mystérieuse, signe d’Alliance, bénit ses troupeaux et sa famille. Deus autem noster..
C’est le Dieu de Moïse, celui du Buisson ardent devant qui l’homme de Dieu quitte ses chaussures pour adorer, le Dieu de la délivrance, le Dieu du Sinaï et de l’Alliance, le Dieu des conquêtes.
C’est le Dieu de David et de l’Arche, de Salomon et du Temple…
Et voilà que ce Dieu-là est dans la maison de Nazareth. Joseph et Marie savent que toute la Providence de YHWH est concentrée sur leur pauvre demeure, qu’il y aurait mille fois plus de raison de se prosterner sur son seuil qu’il n’y en avait de le faire devant les Anges de Mambré, la pierre de libation de Jacob, le Buisson… Ils savent qu’il y a chez eux plus grand que le Temple, que leur maison est le Saint des Saints, bien plus l’Arche elle-même, ou plutôt plus que l’Arche, ce que l’Arche signifiait. Pourtant, pas de nuée, pas de service liturgique, aucune des grandiosités du culte de Jérusalem. Cependant on sait que là-bas, il n’y a que l’ombre, que la réalité est ici. Deus autem noster : Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, sois béni ; prends pitié de nous ; qui sommes-nous pour que tu aies choisi ainsi tes serviteurs ?
Une immense joie envahit en permanence, Joseph et Marie, considérant la faveur dont ils sont l’objet ou plutôt la faveur dont est l’objet le peuple auquel ils appartiennent, avec une application personnelle très poussée : les promesses se réalisent maintenant et par leur intermédiaire. Ils ont chez eux le trésor dont tous seront enrichis, la Voie, la Vérité et la Vie du monde.
Adoration et gratitude envahissent tout leur champ de conscience. Et cela au milieu des occupations ordinaires communes à tous. Personne au-dehors ne se doutant de rien. L’anonymat est la chape de silence la plus épaisse qui soit. C’est la durée du Nouveau Testament en cette première phase.
Avec Jésus chez eux, une note particulière doit s’introduire dans la piété de Joseph et de Marie par rapport à celle de leur première formation : celle de la tendresse. Une familiarité inattendue s’est manifestée pour eux dans l’Incarnation et maintenant, ils peuvent voir de leurs yeux la Sagesse qui joue parmi les hommes et fait ses délices d’être avec eux.
L’enfance de Jésus a dû être pour ses parents, avec l’émerveillement des Voies de Dieu, une adaptation à l’esprit non légaliste de la Nouvelle Alliance. En cela, sans doute devaient-ils trancher « au-dedans » par rapport à la forme de piété environnante ; tout en observant « au-dehors » les pratiques communes, pour maintenir le secret et par solidarité avec le reste du peuple.
Et « plein de monde tout autour » pour s’unir à eux dans l’amoureuse louange, à savoir tous les chœurs des Anges.
Les hommes de bonne volonté aussi, connus « par avance », vous et moi, par exemple !
D’après « à la découverte d’un prince discret » - Saint Joseph – écrit par le Père Francis VOLLE