Jésus cherche son Père et il pense que le meilleur endroit pour le trouver c'est le temple, la maison de mon Père, comme il dira. Il profite de son entrée dans la maturité juive, la treizième année, et de sa présence à Jérusalem, lors d'un pèlerinage familial, pour aller au temple avec l'idée d'y rester, certainement. Tout est là : le temple est splendide, les docteurs de la Loi sont les éléments clés d'Israël, Jérusalem est cette capitale où il sait qu'il doit souffrir et mourir. D'ailleurs l'accueil est plus que chaleureux.
Nous savons comment Marie et Joseph, au comble de l'angoisse, finissent par l'y retrouver, au bout de trois jours. Marie pousse un cri que le Père Faber, un profond mystique anglais du XIX ème siècle, compare au cri de Jésus sur la Croix appelant son Père : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi, nous te cherchions pleins d'angoisse ! Et Jésus semble sidéré : pourquoi le cherche-t-on ? Pourquoi dit-on que Joseph est son père ? Ne sait-on pas qu'il doit se trouver chez son Père ? Totale incompréhension.
Et Jésus apporte une solution silencieuse en faisant trois choses, trois verbes clairement indiqués dans le texte grec : il descendit avec eux ; il se rendit à Nazareth ; il leur était soumis (Lc 2, 51). Nous savons cela par Marie elle-même qui gardait tous ces événements dans son cœur.
Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth; et il leur était soumis.
(Luc 2, 51)
Qu'arrive-t-il exactement ? Marie et Joseph font passer Jésus de ce monde, dangereux, de ce temple splendide, qui est en train de devenir une caverne de voleurs, dans « l'autre monde », chez saint Joseph, un monde parfaitement sûr où règne l'Esprit de Dieu. Elle fait passer Jésus de l'ancienne Jérusalem à ce monde qui va devenir, grâce à Jésus, la nouvelle Jérusalem : un monde parfaitement sûr : le monde de Dieu sur la terre. On peut considérer ce choix de Jésus comme le geste fondateur de la Nouvelle Jérusalem, c'est dire son extraordinaire importance.
Plus Jésus obéit à cet homme que Marie appelle son père, plus Jésus grandit en sagesse, en taille et en grâce (Lc 2, 52), mais plus aussi son humilité, une humilité vraiment indicible, fait grandir Joseph : en lui obéissant, il en fait son père, il permet au Père éternel de l'investir d'une manière parfaitement unique dont, seule, Marie, et les anges, sont les témoins.
Ces témoins voient un double spectacle tout à fait hors du commun : Dieu qui devient homme en la personne de Jésus ; un humble fils de David [Joseph] qui devient comme l'image unique du Père. Et cette merveille qui se développe harmonieusement avec une très grande force, va durer jusqu'aux trente ans de Jésus : c'est alors qu'il élabore toute la prédication de l'Evangile, surtout qu'il se prépare à la mort. Quand il sort de cette obscurité il est si rayonnant que les apôtres, qui ne l'ont pas entendu, qui n'ont vu aucun miracle, vont quitter le grand Jean-Baptiste pour le suivre.
Père André Doze, conférence du lors du Colloque sur le Message de Lourdes, organisé par Mgr Perrier du 9 au 11 décembre 2007, au Sanctuaire de Lourdes.
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Le 18 février 2011.