Je donne pour assuré qu’ils ont parlé entre eux, beaucoup parlé… Et de quoi donc ? Mais de la seule chose qui pouvait intéresser les juifs pieux de leur époque, ce qu’ils étaient plus que quiconque : du salut d’Israël.
Et plus précisément, à mesure que passaient les années, de la mission messianique de Jésus, de l’œuvre de la Rédemption dans laquelle ils avaient chacun leur part prédestinée.
A mesure que passaient les années, Jésus, bien évidemment, leur dévoilait de plus en plus les dimensions réelles de son identité. Non ? Cela vous étonne ?
Sous le toit de la Famille
Parce que l’Evangile n’en souffle mot vous pensez que les personnages de la Famille gardaient le silence sous leur toit, à table, à la veillée, dans leurs temps de loisir ou de travail ?
Vous pensez qu’ils récitaient les prières d’Israël tout à fait à la façon de leurs coreligionnaires, appelant comme les autres un Messie à venir, alors que dans leur propre maison… ?
Ou bien voulez-vous les faire discuter de boulot et de balivernes ?
Mais de quoi parlaient Antoine et Paul dans leurs rencontres ? Les trois frères ou amis Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse et Basile ? Augustin et Monique ? Benoît et Scolastique ? François et Claire ? François de Sales et Jeanne de Chantal ? etc.
En parcourant toute la gamme des hommes et femmes de Dieu qui ont eu des relations interpersonnelles… Et les trois personnages les plus saints de la terre, reflet de la Trinité céleste, n’auraient pas eu comme sujet habituel de leurs conversations intimes les intérêts du Royaume de Dieu ?
Ce serait renversant ! Nous pouvons donc supposer sans crainte de nous tromper que la Vierge Marie était au courant de bien des projets de son Fils lorsqu’il amorça sa vie publique.
Ce qui rend un peu moins invraisemblable ou pas du tout invraisemblable au contraire sa requête, pour nous étrange, à Cana. Mais oui sa requête d’un miracle, enfin…
Et nous saisissons aussi par là quelque chose de plus du souci de saint Joseph, entrant dans le jeu du Dieu qui se cache, de donner le change sur son Enfant Jésus.
Car ce ne fut pas rien sans doute, rien de facile d’agir et de parler à son sujet ou au sujet de l’attente messianique universelle tout autour d’eux, de telle sorte que personne ne soupçonne là-dessus quoi que ce soit.
Joseph, l’homme des tâches difficiles
Il l'est à bien des niveaux et d’abord à celui du secret à garder, de la réalité la plus énorme à voiler qui fut jamais, et cela durant 30 ans !
Une remarque: pensez-vous qu’il faille écarter des sujets probables de conversations sous le toit de la Famille, ce qu’on peut appeler « les origines de Jésus »... Cela me parait absurde.
Situons l’Enfant divin à l’âge où ses compagnons de jeux et d’école se posent des questions sur l’amour et la vie.
Jésus sait qui il est et d’où il vient, mais comment, pour cela même, taire chose si belle avec ses parents qui, forcément, s’en sont entretenus déjà entre eux ?
Et si cela débouche sur la vie virginale qu’ils ont en commun, quoi de scabreux ?
C’est nous qui sommes faussement délicats à faire les ignorants ou les aveugles.
(D’après "A la découverte d’un prince discret – Saint Joseph –")