Jésus, dans les discours eschatologiques, a expliqué que la fin du monde sera précédé par l'évangélisation de tous les païens (Mc 13, 10).
Pendant ce "temps des païens" (pendant la durée de la mission chez les païens), une partie d'Israël est sauvée (n'oublions pas que l'Eglise primitive était essentiellement formée de Juifs devenus chrétiens), mais Jésus annonce qu'une partie d'Israël restera endurcie jusqu'au jour de la venue de Jésus, la Parousie, et leur maison (leur temple) sera vide (Lc 13, 35). Et en effet, l'Eglise primitive constata très rapidement un certain échec de sa mission auprès des Juifs (Cf. Actes des Apôtres).
C'est dans le cadre de cette vaste fresque biblique que Benoît XVI évoque le la question du prosélytisme actuel.
Benoît XVI cite saint Bernard de Clairvaux qui au XII° siècle reprochait au pape Eugène III de ne pas suffisamment évangéliser les païens, précisant "pour ce qui concerne les juifs, tu as une excuse liée au temps"[1].
Benoît XVI cite aussi Hildegarde Brem, abbesse du monastère cistercien de Mariastern-Gwiggen en Autriche, qui, à la fin du XX° siècle s'inscrit dans la ligne de saint Bernard, et, commentant saint Paul "une partie d'Israël s'est endurcie jusqu'à ce que soit entrée la totalité des païens" (Rm 11,25) affirme que "l'Eglise ne doit pas se préoccuper de la conversion des juifs, parce qu'il faut attendre le moment préétabli par Dieu "jusqu'à ce que soit entrée la totalité des païens".»[2]
[1] Saint Bernard de Clairvaux, De consideratione ad Eugenium Papam (III, 1, 3), cité dans cité dans Sämtliche Werke, ed. Winkler, volume I (1990), p.611-827
[2] Hildegarde Brem Ep 363, cité dans Sämtliche Werke, ed. Winkler, volume I (1990), p. 834
Résumé par F. Breynaert de : Joseph Ratzinger, Benoît XVI,
Jésus de Nazareth. De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection.
Parole et Silence, Paris 2011, p. 61-62