En poursuivant l'étude de la Constitution apostolique Lumen gentium qui, dans le chapitre VIII, a voulu « mettre avec soin en lumière, d'une part le rôle de la bienheureuse Vierge dans le mystère du Verbe incarné et du Corps mystique, et d'autre part les devoirs des hommes rachetés envers la Mère de Dieu», je voudrais offrir dans mes catéchèses une synthèse essentielle de la foi de l'Église sur Marie, tout en réaffirmant avec le Concile ne pas vouloir «faire un exposé doctrinal complet», ni «trancher les questions que le travail des théologiens n'a pu encore amener à une lumière totale » (LG, n. 54).
Mon intention est tout d'abord de décrire « le rôle de la bienheureuse Vierge dans le mystère du Verbe incarné et du Corps mystique» (ibid.), en ayant recours aux récits de l'Ecriture et de la Tradition apostolique et en tenant compte du développement doctrinal qui a eu lieu dans l'Église jusqu'à notre époque. En outre, le rôle de Marie dans l'histoire du salut étant étroitement lié au mystère du Christ et de l'Église, je ne perdrai pas de vue ces références essentielles qui, tout en offrant à la doctrine mariale sa juste place, permettent d'en découvrir la vaste et inépuisable richesse.
L'exploration du mystère de la Mère du Seigneur est véritablement très vaste et a été l'objet, au cours des siècles, du travail de nombreux pasteurs et théologiens. Certains, dans la tentative de mettre en évidence les aspects fondamentaux de la mariologie, l'ont parfois traité avec la christologie ou l'ecclésiologie.
Mais, même si l'on tient compte de sa relation avec tous les mystères de la foi, Marie mérite une étude spécifique qui mette en évidence sa personne et sa fonction dans l'histoire du salut à la lumière de la Bible et de la tradition ecclésiale.
En outre, il semble utile, en suivant les indications conciliaires, d'exposer avec soin « les devoirs des hommes rachetés envers la Mère de Dieu, Mère du Christ et Mère des hommes, des croyants en premier lieu » (ibid.). En effet, le rôle attribué à Marie par le dessein divin de salut requiert non seulement de la part des chrétiens d'adopter une attitude d'accueil et d'attention, mais aussi d'effectuer des choix concrets qui traduisent dans la vie les attitudes évangéliques de Celle qui précède l'Église dans la foi et dans la sainteté.
La Mère du Seigneur est ainsi destinée à exercer une influence spéciale sur la façon de prier des fidèles. La liturgie de l'Église en reconnaît la place particulière dans la dévotion et dans l'existence de chaque croyant.
La dévotion mariale n'est pas un sentimentalisme !
Il faut souligner que la doctrine et le culte marial ne sont pas le fruit du sentimentalisme. Le mystère de Marie est une vérité révélée qui s'impose à l'intelligence des croyants et qui exige de ceux qui dans l'Église sont chargés de l'étude et de l'enseignement, une méthode de réflexion doctrinale tout aussi rigoureuse que celle utilisée dans toute la théologie.
Du reste, Jésus lui-même avait invité ses contemporains à ne pas se laisser emporter par l'enthousiasme en considérant sa mère, reconnaissant surtout en Marie celle qui est bienheureuse parce qu'elle écoute la Parole de Dieu et la met en pratique (cf. Lc 11, 28). Ce n'est pas seulement l'affection mais surtout la lumière de l'Esprit qui doit nous guider pour comprendre la Mère de Jésus et sa contribution à l'œuvre du salut.
En ce qui concerne la mesure et l'équilibre à conserver dans la doctrine comme dans le culte marial, le Concile exhorte vivement les théologiens et les prédicateurs de la parole divine à s'abstenir avec le plus grand soin de « toute fausse exagération... » (LG, 67). Celles-ci proviennent de ceux qui adoptent une attitude maximaliste, qui prétend étendre systématiquement à Marie les prérogatives du Christ et tous les charismes de l'Église.
En revanche, il est nécessaire de toujours sauvegarder dans la doctrine mariale la différence infinie qui existe entre la personne humaine de Marie et la personne divine de Jésus. Attribuer à Marie le « maximum » ne peut pas devenir une règle de la mariologie, qui doit constamment faire référence à ce que la Révélation témoigne à propos des dons offerts par Dieu à la Vierge en raison de sa très haute mission.
De même, le Concile exhorte les théologiens et les prédicateurs à «s'abstenir d'une excessive étroitesse d'esprit (ibid.) », c'est-à-dire du danger du minimalisme qui peut se manifester par des positions doctrinales, des interprétations exégétiques et des actes de culte, qui tendent à réduire et presque à rendre vains l'importance de Marie dans l'histoire du salut, sa virginité éternelle et sa sainteté.
Il convient de toujours éviter de telles positions extrêmes, en vertu d'une fidélité cohérente et sincère à la vérité révélée, ainsi qu'elle est exprimée dans l'Ecriture et dans la Tradition apostolique.
Le Concile lui-même nous offre un critère qui permet de discerner l'authentique doctrine mariale:
«Dans la Église (Marie occupe) la place la plus élevée après le Christ et nous est toute proche » (LG, n. 54).
La place la plus élevée : nous devons découvrir cette élévation conférée à Marie dans le mystère du salut. Il s'agit cependant d'une vocation qui se réfère totalement au Christ.
La place la plus proche de nous : notre vie est profondément influencée par l'exemple et par l'intercession de Marie. Nous devons cependant nous interroger sur notre effort pour être proches d'elle.
Toute la pédagogie de l'histoire du salut nous invite à nous tourner vers la Vierge. L'ascèse chrétienne de chaque époque invite à penser à elle comme un modèle d'adhésion parfaite à la volonté du Seigneur. Modèle élu de sainteté, Marie guide les pas des croyants vers le Paradis.
A travers sa proximité dans les événements de notre histoire quotidienne, Marie nous soutient dans l'épreuve, nous encourage dans les difficultés, en nous indiquant toujours le but du salut éternel. Ainsi, son rôle de Mère apparaît de façon toujours plus évidente: Mère de son Fils Jésus, Mère tendre et attentive pour chacun de nous, à qui le Rédempteur, de sa Croix, l'a donnée comme Mère afin que nous l'accueillions comme ses fils dans la foi.