La Vierge Marie, que saint Louis Grignion de Montfort nomme « le secret de Dieu », est intimement associée à la Trinité : elle est Fille bien-aimée du Père, Mère de Jésus, Fils de Dieu, épouse et Temple de l’Esprit Saint. La Constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium éclaire cette relation.
***
Les évangiles
Le terme de ‘ Trinité’ est anachronique pour les Évangélistes, qui ne l’ont jamais utilisé. Ce terme permet cependant de rassembler ce que les évangiles disent des relations de Marie au Christ en tant que Fils de Dieu, au Père et à l’Esprit Saint. Dans l’évangile de Luc (Lc 1, 26-38) comme dans celui de Matthieu (Mt 1-2 ), on peut mieux appréhender ce mystère de la relation de la Vierge Marie avec la Trinité.
Marie, Mère du Fils
Comme l’explique la Constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium[1], la Vierge Marie, Mère de Jésus Christ, se situe dans le mystère du Christ qui est le Fils envoyé par le Père pour faire de nous des fils adoptifs [2].
Fille de prédilection du Père très miséricordieux et mère de miséricorde
Le saint pape Jean-Paul II, au cours de l’audience du 10 janvier 1996, nous expose la relation entre Marie et le Père, et la raison du titre de ‘Mère de miséricorde’ associé à la Vierge Marie :
« En évoquant les très belles expressions de la Lettre aux Éphésiens[3] :
"Dieu, riche en miséricorde, par le grand amour avec lequel il nous a aimé, alors que nous étions morts à cause de nos péchés, il nous a fait revivre dans le Christ.",
le Concile attribue à Dieu le titre "Très miséricordieux" (LG 56) : le "Fils né d'une femme" (Ga 4,4), apparaît, ainsi, comme le fruit de la miséricorde du Père, ce qui nous fait mieux comprendre comment cette femme est "mère de miséricorde" »[4].
Temple de l'Esprit, épouse de l'Esprit
Le saint pape Jean-Paul II nous explique la relation de la Vierge Marie avec l’Esprit Saint[5] : elle est épouse et Temple de l’Esprit Saint :
« Tout chrétien est "Temple de l'Esprit Saint", selon l'expression de l'apôtre Paul (1Co 6, 19). Mais cette affirmation prend chez Marie une signification exceptionnelle : chez elle, en effet, la relation avec l'Esprit Saint s'enrichit de la dimension sponsale. Je l'ai rappelé dans mon Encyclique Redemptoris Mater : "L'Esprit Saint est déjà descendu sur elle, qui est devenue sa fidèle Épouse lors de l'Annonciation, quand elle accueillit le Verbe du vrai Dieu... "[6].
L'immense dignité de Marie, et son rôle pour nous
Le saint pape Jean-Paul II nous explique l’immense dignité de la Vierge Marie et le rôle qu’elle joue pour notre salut :
« Elle reçoit[7] cette immense charge et dignité d'être la Mère du Fils de Dieu,
et par conséquent, la fille de prédilection du Père et le sanctuaire du Saint-Esprit, don d'une grâce exceptionnelle qui la met bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et sur la terre. » (LG 53).
« Et pourtant, cette dignité très haute n'empêche pas que Marie soit solidaire avec chacun de nous. La constitution dogmatique continue ensuite : "Mais elle se trouve aussi, comme descendante d'Adam, réunie à l'ensemble de l'humanité qui a besoin de salut" et "elle a été rachetée de façon éminente en considération des mérites de son Fils." (LG 53)
Émerge ici la signification authentique des privilèges de Marie et de ses rapports exceptionnels avec la Trinité : ces rapports ont le but de la rendre prête à coopérer au salut du genre humain. »[5]
La connaissance et l’ amour de Marie envers la Trinité
Le saint pape Jean-Paul II nous explique la façon dont Marie a acquis, au fil de sa vie, une connaissance et un amour envers la Trinité qui n’ont cessé de croître :
« Le concile évoque le « pèlerinage de la foi de Marie » (LG 58) : autrement dit, Marie, dont les relations trinitaires ont commencé à l'Annonciation (LG 56), a pourtant cheminé vers la connaissance des personnes divines de la Trinité. Et ce chemin est passé par la croix. Suivre Jésus sur le Chemin de Croix, c'est s'approcher de Jésus, c'est monter vers le Père, c'est vivre de la force de l'Esprit...
Au calvaire, se révèle en effet d'une manière très particulière l'ineffable mystère trinitaire : le Fils demande au Père de pardonner aux hommes qui ne savent ce qu'ils font (Lc 23, 33), et l'Esprit Saint est donné (Jn 19, 30).
La mère de Jésus reçoit en cette heure un accroissement de sa connaissance et de son amour pour la Trinité. »[8]
Ainsi, Marie a vécu dans des gestes simples son amour ineffable de la Trinité. Fr. Philippe de Jésus-Marie, o.c.d., nous explique la façon dont cet amour s’est développé:
« L'amour secret de Marie pour la Trinité, pour le Père, le Fils et l'Esprit Saint avec toutes ses modulations les plus exquises demeurera toujours un mystère caché pour nous. [...] L'amour divin, surnaturel de la Vierge a été en même temps le plus humain, le plus tendre, le plus concret qui puisse exister. Il s'est incarné et s'est développé à travers les gestes plus simples, les plus quotidiens. »[9]
Marie et la dimension trinitaire et sociale de l’Église
Le pape Benoît XVI, dans sa Lettre encyclique Caritas in veritate, nous explique le lien entre la Vierge Marie et la doctrine sociale de l’Église :
« Alors que la solitude est une pauvreté, les relations interpersonnelles sont un enrichissement. La religion chrétienne est une religion trinitaire, relationnelle ; elle lutte contre l'exclusion ; elle crée du lien.
Marie, qui est en relation avec la Trinité, d'une manière simple, lumineuse, nous conduit tout naturellement à la doctrine sociale de l'Église et stimule le progrès authentique et la dynamique du don »[10].
[1] Lumen Gentium (LG), constitution dogmatique sur l'Église, est l'une des quatre constitutions conciliaires rédigées par le concile Vatican II, promulguée le 21 novembre 1964 par le pape Paul VI, en communion avec les Pères conciliaires.
[2] LG : Vatican II, Constitution dogmatique Lumen gentium Ga 4, 4-5. Vatican II, LG 52
[3] Eph 2, 4.
[4] Jean Paul II, audience générale du 10 janvier 1996
[5] Jean Paul II, ibid.
[6] Jean Paul II, Redemptoris Mater 26
[7] en latin : "ditatur" = "elle est enrichie de".
[8] Jean Paul II, audience générale du 10 janvier 1996.
[9] Fr. Philippe de Jésus-Marie, o.c.d., Le secret du Carmel, le scapulaire et la vie mariale, Editions du Carmel, Toulouse 2010, p. 94.
[10] Benoît XVI, Lettre encyclique Caritas in veritate, en particulier § 53. 54. 79
***
Pour en savoir plus
-sur Lc 1, 26-38 : Marie et le mystère trinitaire, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Mt 1-2 : Marie et la Trinité, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie et la Trinité dans le mystère pascal, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Mère du Fils, fille du Père, sanctuaire du Saint-Esprit (Vatican II), dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie en perspective trinitaire (Jean Paul II), dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie et la Trinité : conséquences sociales (Benoît XVI), dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie immaculée et la Trinité dans la dynamique du don, dans l’Encyclopédie mariale
-sur L'analogie de Dieu comme époux, dans l’Encyclopédie mariale
-sur La maison de la Sainte Trinité : la Vierge Marie (St Bernard), dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie est le secret de Dieu, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Fille du Père, mère du Fils, épouse de l'Esprit (St François d'Assise + 1226), dans l’Encyclopédie mariale
-sur Fille du Père, Mère du Fils, Épouse de l'Esprit-Saint, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Le Rosaire, prière Trinitaire, dans l’Encyclopédie mariale
-sur La consécration : une démarche trinitaire, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie et la Trinité (liturgie byzantine), dans l’Encyclopédie mariale
-sur la Très Sainte Trinité (CEC), dans l'Encyclopédie mariale
