LG 60-65 : La Bienheureuse Vierge et L'Église

LG 60-65 : La Bienheureuse Vierge et L'Église

Marie, servante du Seigneur

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Nous n'avons qu'un Médiateur, selon la parole de l'Apôtre: "Il n'y a qu'un Dieu et qu'un Médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme-Christ Jésus, qui s'est lui-même donné pour tous comme rançon" (I Tim. 2, 5-6).

Le rôle maternel de Marie envers les hommes ne voile ou ne diminue en aucune manière cette médiation unique du Christ, mais elle en montre l'efficacité. En effet, toute l'action de la bienheureuse Vierge sur les hommes dans l'ordre du salut ne provient pas d'une quelconque nécessité: elle naît du bon plaisir de Dieu et découle de la surabondance des mérites du Christ.

Elle s'appuie sur la médiation du Christ, elle en dépend et en tire toute sa vertu. Ainsi cette action, loin d'empêcher de quelque manière une union immédiate des croyants avec le Christ. la facilite bien plutôt.

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La bienheureuse Vierge, dont la prédestination à la maternité divine, est allée de pair, de toute éternité, avec celle de l'Incarnation du Verbe de Dieu, fut sur cette terre, par disposition de la divine Providence, la noble Mère du divin Rédempteur, l'associée du Seigneur la plus généreuse qui fut, et son humble servante.

Elle, qui a conçu le Christ, l'a enfanté, l'a nourri, l'a présenté au Père dans le temple, qui a souffert avec son Fils mourant sur la croix, elle a coopéré, d'une manière toute spéciale, à l'oeuvre du Sauveur par obéissance, sa foi, son espérance et son ardente charité.

Elle a vraiment collaboré à la restauration de la vie surnaturelle dans les âmes. Voilà pourquoi elle fut pour nous une mère dans l'ordre de la grâce.

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Cette maternité de Marie, elle dure sans cesse, dans l'économie de la grâce, depuis le consentement que sa foi lui fit donner à l'Annonciation et qu'elle maintint sans hésitation sous la croix, jusqu'à l'accession de tous les élus à la gloire éternelle. En effet, au ciel, elle n'a pas déposé cette fonction salvifique, mais elle continue, par son instante intercession, à nous obtenir des grâces en vue de notre salut éternel.

Dans sa charité maternelle, elle s'occupe, jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à la félicité de la patrie, des frères de son Fils qui sont encore des pèlerins et qui sont en butte aux dangers et aux misères. Aussi la bienheureuse Vierge est-elle invoquée dans l'Eglise sous les titres d'Avocate, d'Auxiliatrice, d'Aide et de Médiatrice(16). Tout cela doit pourtant s'entendre de manière qu'on n'enlève ni n'ajoute rien à la dignité et à l'action du Christ, seul Médiateur .

En fait, aucune créature ne peut jamais figurer sur le même plan que le Verbe incarné, notre Rédempteur. Mais, de même que les ministres sacrés et le peuple fidèle participent, selon des façons variées, au sacerdoce du Christ, et que la bonté unique de Dieu est réellement répandue selon une grande variété de manières, dans les créatures, de même également la médiation unique du Rédempteur n'exclut pas, mais suscite plutôt chez les créatures une coopération variée, qui provient de la source unique.

C'est cette fonction subordonnée de Marie que l'Eglise n'hésite pas à professer, dont elle fait continuellement l'expérience et qu'elle recommande à la piété des fidèles, pour que, soutenus par cette aide maternelle, ils s'attachent plus étroitement au Médiateur et Sauveur.

Marie, modèle de l'Eglise

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En outre, la bienheureuse Vierge est liée intimement à l'Eglise par le don et la charge de la maternité divine qui l'unit à son Fils, le Rédempteur, de même que par les grâces et les fonctions singulières dont elle est investie.

La Mère de Dieu est la figure de l'Eglise, comme l'enseignait déjà saint Ambroise, et cela dans l'ordre de la foi, de la charité et de l'union parfaite avec le Christ.

En effet, dans le mystère de l'Eglise, qui reçoit, elle aussi, avec raison, les noms de Mère et de Vierge, la bienheureuse Vierge Marie est venue la première, offrant d'une manière éminente et singulière le modèle de la Vierge et de la Mère. Car, dans la foi et l'obéissance, elle engendra sur terre le Fils même de Dieu, sans commerce charnel, mais sous l'action de l'Esprit-Saint; nouvelle Eve, elle a cru, non plus au serpent ancien, mais au messager de Dieu, d'une foi qu'aucun doute n'altéra.

Elle enfanta le Fils que Dieu a établi premier-né d'un grand nombre de frères (Rom. 8, 29), c'est-à-dire des fidèles. Aussi coopère-t-elle, dans son amour de mère, à les engendrer et à les éduquer.

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L'Eglise, qui contemple la sainteté mystérieuse et imite la charité de Marie, l'Eglise, qui accomplit fidèlement la volonté du Père, devient mère, elle aussi, par l'accueil plein de foi qu'elle offre au Verbe de Dieu. Car, par la prédication et le baptême, elle engendre à la vie nouvelle et immortelle des fils conçus du Saint-Esprit nés de Dieu. Elle est aussi la vierge qui maintient intègre et pure foi qu'elle a donnée à l'Epoux.

A l'imitation de la Mère de son Seigneur, elle conserve d'une façon virginale, par la vertu de l'Esprit-Saint, une foi intacte, une espérance ferme et une charité sincère (20).

Les vertus de Marie, modèle pour l'Eglise

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Tandis que l'Eglise a déjà atteint dans la très bienheureuse Vierge la perfection, par quoi elle est sans tache et sans ride (cf. Eph. 5, 27), les fidèles tâchent encore de croître en sainteté en triomphant du péché. Aussi lèvent-ils les yeux vers Marie: elle brille comme un modèle de vertu pour toute la communauté des élus.

L'Eglise, en songeant pieusement à elle et en la contemplant dans la lumière du Verbe fait homme, pénètre plus avant, pleine de respect, dans les profondeurs du mystère de l'Incarnation, et se conforme toujours davantage à son Époux. Marie, en effet, qui, par son étroite participation à l'histoire du salut, unit en elle et reflète pour ainsi dire les données les plus élevées de la foi, amène les croyants, quand elle est l'objet de la prédication et du culte, à considérer son Fils, le sacrifice qu'il a offert, et aussi l'amour du Père.

Quant à l'Eglise, en cherchant à procurer la gloire du Christ, elle devient plus semblable à son très haut modèle: elle progresse alors sans cesse dans la foi, l'espérance et la charité, elle cherche et suit en toutes choses la volonté de Dieu. Aussi, l'Eglise, en son travail apostolique également, regarde-t-elle avec raison vers celle qui engendra le Christ, conçu donc de l'Esprit-Saint et né de la Vierge, afin qu'il naisse et grandisse également dans le coeur des fidèles par le moyen de l'Eglise.

La Vierge fut dans sa vie un modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l'Église, coopèrent à la régénération des hommes.

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Concile Vatican II, constitution dogmatique Lumen gentium, § 60-65,

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