Nous suivons les explications de Rémi Brague[1] puis nous donnerons une note mariale.
Entrer dans un espace sacré nécessite une vie intègre.
N'importe qui ne peut pas entrer dans un sanctuaire, ainsi l'aveugle et l'estropié en sont exclus (2 Sam 5, 8b). L'intégrité physique s'accompagne de l'intégrité morale, il faut confesser son innocence à l'entrée (Dt 26, 13-14).
Cela, nous dit Rémi Brague[2], n'a rien d'exceptionnel : en Egypte, comme en Asie mineure, « les dieux qui habitent l'espace sacré sont censés ne pas y tolérer ceux qui transgressent certaines règles » (Cette continuité avec les mentalités ambiantes ne doit pas faire oublier la nouveauté d'Israël, une nouveauté qui se manifeste au plan du culte, dans le refus de l'attitude magique, des sacrifices d'enfants, des prostitutions sacrées, et au plan social, par une très grande attention aux pauvres car YHWH prend soin du pauvre).
Illustration avec le psaume 15.
Rémi Brague explique que l'on peut interpréter par exemple le psaume 15 comme une liturgie qui instaure un dialogue entre le peuple et les prêtres qui habitent l'enceinte du temple.
Le peuple demande la Torah : « Qui habitera sous ta Tente ? »
Et les prêtres répondent en énumérant des règles morales qui sont des règles sociales (être vrai, ne pas calomnier, ne pas pratiquer l'usure, etc.).
Celui qui respecte tout cela ne vacillera jamais » (Ps 15, 5) : il habite sur la montagne, en communion avec Dieu.
La vie humaine se ressource donc en ces lieux privilégiés[3].
C'est donc le culte qui est à la source des règles morales.
Rémi Brague observe : « Le prophète Michée rappelle que les règles ont déjà été indiquées (Mi 6, 9).
Ce ne sont donc pas les règles morales des prophètes qui ont influencé le culte ; au contraire, ces exigences viennent du culte lui-même.
L'idée d'Israël comme d'un peuple de prêtres (Exode 19, 6) signifie aussi, entre autres, qu'Israël est tenu d'observer en tout temps le code de conduite des prêtres en service, de se conduire comme on se tient dans le sanctuaire. » [4]
Note mariale.
Quand nous donnons à Marie des titres liturgiques, Temple, Tabernacle, Arche d'Alliance, nous faisons référence au fait que Marie est la mère de Jésus qui est Dieu, donc la demeure de Dieu.
Avec ce que nous venons d'expliquer nous comprenons aussi que ces images de Marie comme Temple, Tabernacle, Arche d'Alliance, sont indissociables de la sainteté de Marie immaculée ou de Marie comme inspiratrice de la doctrine sociale de l'Eglise.
[1] Qui a reçu le prestigieux prix Ratzinger en 2012.
[2] Rémi Brague, la Loi de Dieu. Gallimard, Paris 2005, p 98
[3] Il y a en Israël de multiples sanctuaires avant la réforme d'Ezéchias. Ensuite, à partir du roi Ezéchias et de son petit fils Josias, et plus encore au retour d'exil, Israël se rassemble uniquement au Temple de Jérusalem.
[4] Rémi Brague, la Loi de Dieu. Gallimard, Paris 2005, p 99
Synthèse F. Breynaert