Moïse et le miracle de la mer :
Le mot « Exode » signifie « sortie au dehors »[1].
Moïse, dont le nom est un nom égyptien (Ex 2, 10), eut un différent avec les Egyptiens, et s'enfuit chez les Madianites où il se maria. Il eut alors une révélation de YHWH à l'Horeb, et retourna en Egypte : au nom du Seigneur, il appela les descendants des Israélites, qui étaient alors en servitude, à sortir. En sortant d'Egypte, il y eut une victoire inespérée, attribuée à YHWH :
« Les chars de Pharaon et son armée, Il les a jetés à la mer, l'élite de ses officiers, la mer des Roseaux l'a engloutie. » (Exode 15, 4)
La "mer des Roseaux" de la sortie d'Egypte est un lac salé[2] ou un gué dans le golfe[3], qui, à l'occasion d'un vent fort conjugué à la marée, pourrait devenir un passage à pied sec, avec une eau profonde à droite et à gauche[4].
Le miracle est comparable à celui qui a eu lieu avec Déborah (Jg 5) quand le Qishon a débordé et que les chars des Cananéens se sont embourbés. Les récits se ressemblent, l'histoire devient commune à tous, un Credo commun se constitue, même si nous avons expliqué qu'il n'est pas sérieux de penser que les douze tribus aient vécu exactement la même histoire comme des frères biologiques.
Les datations sont discutées. La stèle de Merneptah, indique la présence des « israélites » en Palestine en tant que groupe ethnique, mais sans être sédentarisés, ils étaient encore migrants, souffrant probablement de la domination des cités-états des plaines cananéennes au moment de l'incursion militaire du pharaon Mineptah (ou Merneptah) vers l'an 1208 avant notre ère[5].
La période de l'Exode est marquée par les miracles de Dieu, "ses hauts faits". Dieu est vivant est soutient le peuple dans sa distanciation de l'idolâtrie. A côté des évènements que tout un peuple perçoit, il y a aussi les rencontres plus personnelles avec le Dieu vivant, notamment pour Mo?se.
On peut parler de la spiritualité de l'Exode jusqu'à David et même jusqu'à Elie dans le sens où durant toute cette période, la victoire et la délivrance donnent au peuple l'assurance d'avoir suivi le bon chemin en sortant de la magie et de l'idolâtrie et en se tournant vers le Dieu de l'Alliance. Ensuite, à partir du prophète Amos, au temps des grands empires, les victoires ou les défaites ne seront plus le gage d'une bonne ou d'une mauvaise conduite et une théologie de la souffrance se précisera.
Toutes les tribus n'ont pas participé au miracle de la mer :
Les listes de fils de Jacob ne coïncident pas exactement (Gn 29, 30.49 ou Dt 33). Certains noms bibliques sont vraiment des noms de personnes, leur structure est connue dans la langue araméenne : Jacob, Isaac, Dan, Gad, Laban...
Mais Issachar signifie « l'âne de charge » (Gn 49, 14-15), c'est-à-dire travailleur soumis au tribut : les tables d'Armana indiquent que cette région était cultivée pour le compte de l'Egypte. Ce nom ne remonte donc pas à la période du semi-nomadisme des patriarches mais à l'époque de la sédentarisation.
D'autres noms sont des noms de lieu, tels que Juda, Ephraïm, Nephtali, ce sont donc les noms de clans familiaux qui se sont constitués en tribus après la sédentarisation. De même, Benjamin signifie « au sud » : ce sont ceux qui se sont installés au sud des premiers.[6]
Ainsi, si ces noms n'ont pu exister qu'après la sédentarisation (voir les articles sur l'entrée en Canaan), il devient difficile de savoir qui a vécu le miracle de mer.
Il est en général admis que la tradition du miracle de la mer est portée par les fils de Rachel (Ephraim et Manassé qui sont les deux fils de Joseph, et Benjamin) parce que c'est d'abord à Gilgal, près du Jourdain qu'est commémoré le miracle de la « mer des roseaux » (Jos 4, 23), dans leur territoire.
Les annonces de Marie :
Pour parler de la Vierge Marie, l’Eglise reprendra les grands symboles de cette période de l’histoire :
Marie est la "femme de l'Alliance".
Marie vit un Exode, un "pèlerinage de la foi".
L’Arche d’Alliance symbolise la marche de l’Exode en la présence de Dieu. Marie est l’Arche d’Alliance car elle porte Dieu.
Marie est aussi le buisson ardent car elle porte Dieu sans se consumer.
Le rôle de Débora dans le rassemblement du peuple préfigure aussi l'importance de Marie pour le rassemblement de l'Eglise.
[1] Il y a un livre de la Bible qui s'appelle l'Exode et qui raconte la sortie d'Egypte.
Il y a aussi des références au miracle de la mer des roseaux dans le livre de Josué (Jos 4 ; Jos 24). Le récit de l'Exode est repris aussi dans le livre des Nombres ou celui de la Sagesse (très tardif).
[2] http://bible.archeologie.free.fr/departexode.html
[3] www.wyattmuseum.com/red-sea-crossing.htm
[4] Et non pas un « mur d'eau », expression qui reflète une rédaction tardive pour évoquer les récits de création où la divinité fend la mer, comme on le racontait à Babylone
[5] M.G. HASEL : « Israel in the Merneptah Stela ». Bulletin of the American Schools of Oriental Research, No. 296 (Nov. 1994), pp. 45-61.
[6] Martin METZGER, Breve storia di Israele, editrice queriniana, Brescia 1985, p. 43-66.
Françoise Breynaert