Le 2 février 2004, la Commission internationale anglicane - catholique romaine (ARCIC) a présenté un document commun « Marie : grâce et espérance dans le Christ ». Les paragraphes 19-21 éclairent les paroles de Jésus en Mc 3, 31 et Lc 19-21.
19. Après ces récits de nativité, on est quelque peu surpris de lire l'épisode raconté dans les trois évangiles synoptiques, qui pose la question de la vraie famille de Jésus. Marc nous raconte que « la mère et les frères » (Marc 3, 31) de Jésus viennent et se tiennent dehors, attendant de parler avec lui.3 En réponse Jésus se distancie lui-même de sa famille naturelle : en lieu et place il parle de ceux qui sont rassemblés autour de lui, sa « famille eschatologique », c'est à dire « quiconque fait la volonté de Dieu » (Marc 3, 35).
Pour Marc, la famille naturelle de Jésus, sa mère comprise, semble à ce stade manquer de comprendre la vraie nature de sa mission.
Mais ce sera aussi le cas des disciples (par ex. Marc 8, 33-35 ; 9, 30-33 ; 10, 35-40).
Marc indique que la progression dans l'intelligence est inévitablement lente et douloureuse, et que la foi authentique en Christ ne sera atteinte qu'avec la rencontre avec la croix et le tombeau vide.
20. Luc évite le contraste fort entre l'attitude envers Jésus de sa famille naturelle et celle envers lui de sa famille eschatologique (Luc 8, 19-21). Dans une scène ultérieure (Luc 11, 27-28), la bénédiction « Heureux le ventre qui t'a porté et les seins qui t'ont allaité », prononcée par une femme du milieu de la foule, est rectifiée ainsi : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et la pratiquent. » Mais cette formule de bénédiction, telle que la voit Luc, inclut nettement Marie qui, depuis le début de son récit, était disposée à laisser toute chose advenir dans sa vie selon la parole de Dieu (Luc 1, 38).
21. Dans son deuxième livre, les Actes des Apôtres, Luc note qu'entre l'Ascension du Seigneur ressuscité et la fête de la Pentecôte les apôtres se trouvaient réunis à Jérusalem « avec les femmes et Marie, la mère de Jésus et les frères de celui-ci » (Actes 1, 14). Marie, qui fut accueillante à l'action de l'Esprit de Dieu lors de la naissance du Messie (Luc 1, 35-38), fait ici partie de la communauté des disciples qui attend dans la prière l'effusion de l'Esprit lors de la naissance de l'Église.
3. Bien que le terme « frère » signifie habituellement un frère de sang, le grec adelphos, comme l'hébreu 'ah' peut avoir un sens plus large de parent ou membre de la famille (par ex. Gen 29, 12 LXX) ou demi-frère (par ex. Marc 6, 17s). Des parents qui ne sont pas de la fratrie directe peuvent être inclus dans cet emploi du terme en Marc 3, 31. Marie avait une famille étendue : on mentionne sa sœur en Jean 19, 25 et sa parente Élisabeth en Luc 1, 36. Dans l'Église ancienne différentes explications de la mention des « frères » de Jésus ont été données, soit comme des demi-frères soit comme des cousins.
Commission internationale anglicane - catholique romaine (ARCIC),
« Marie : grâce et espérance dans le Christ », 2 février 2004, § 19-21