Vérité des Écritures et diversité des interprétations selon Origène (185-253)

La vérité reste malgré les divisions selon Origène

« Les Écritures, reconnues par tous comme divines, furent comprises de différentes manières et des sectes apparurent : elles prirent le nom d'hommes pleins d'admiration pour l'origine de la doctrine chrétienne, mais arrivés, pour divers motifs, à des divergences considérables.

Pourtant, il ne serait pas raisonnable de ne pas vouloir entendre parler de médecine à cause de ses différentes écoles, comme il ne serait pas convenable de haïr la philosophie en prétextant les opinions différentes des philosophes; comme enfin on ne doit pas condamner les livres sacrés de Moïse et des prophètes à cause des diverses sectes apparues dans le judaïsme.

Si tout cela est logique, pourquoi ne devrions-nous pas de la même manière justifier la présence de sectes parmi les chrétiens? Ce que dit Saint Paul en la matière semble admirable :

« Il faut qu'il y ait aussi des hérésies parmi nous, pour manifester parmi nous ceux qui sont expérimentés » (1Co 11,19).

De même que dans la science médicale est « expérimenté » celui qui s'est exercé avec différentes méthodes et qui, après avoir sagement pesé les diverses écoles, a choisi la plus excellente; et de même qu'en philosophie, celui qui a fait de vrais progrès c'est celui qui a adhéré à la doctrine la plus solide après s'être exercé à en connaître beaucoup d'autres; je dirais ainsi qu'entre chrétiens le plus sage est celui qui a étudié avec grand soin les différentes sectes du judaïsme et du christianisme.

Celui qui blâme notre foi à cause de la présence de différentes sectes doit aussi mépriser la doctrine de Socrate, puisque son enseignement suscita diverses écoles qui certes concordent peu; et il doit blâmer aussi la doctrine de Platon à cause d'Aristote, qui en abandonna l'enseignement pour divulguer de nouvelles vérités. »


Origène, Contre Celse, 3,12-13