Certains voudraient dater la Renaissance de la musique à partir de l'Ars Nova, d'autres à partir du début du XVII°... Grosso modo, la Renaissance est l'époque de la grande polyphonie, avec la chanson française, le Madrigal italien, le Mottetto, et la Messe.
En ce qui nous concerne, trois auteurs ont une grande importance :
Pier Luigi da Palestrina (1525-1594).
- « Priego alla Beata Vergine » (c'est un « Madrigal »);
- « Stabat Mater » (considéré comme une pierre précieuse);
- 100 « Magnificat » dont la musique s'enracine dans le chant grégorien est naît des tons de psalmodie, notamment le Magnificat dans le 8° ton, édition de 1591.
- « Salve Regina » et « Alma Redemptoris Mater » ...
Orlando di Lasso (1532-1594), excelle dans la polyphonie « A cappella », c'est à dire chanté sans instrument.
- Chose très rare, il a mis en musique les oracles sibyllins (Egloga IV), textes païens qui annoncent la naissance du messie d'une vierge (1).
- Mottetti à 3 voix : « Ave Regina Coelorum » -« O Maria clausus hortus » ...
- « Alma redemptoris mater » (Mottetto à 5 vois, à 6 voix, à 8 voix)
- Litanie de « Gloriosissima Dei genitrix », de 4 à 10 voix...
- Cent « Magnificat ».
Tommaso Lodovico da Victoria (1548-1611) et les germes de la musique d'opéra.
Il s'occupe des jeunes étrangers à Rome et succède à Palestrina en 1571. Sa musique, tantôt lyrique, tantôt dramatique, contient en germe toutes les caractéristiques de l'opéra.
Parmi ses œuvres mariales :
- « Sancta Maria succurre miseris » ; « Ne timeas Maria » sont deux Mottetti sereins.
- « Gaude, Maria » (à 5 voix), est un joyau.
- « O Ildefonse » est un splendide chant marial.
- Dix huit « Magnificat » sont tous des chefs d'œuvres.
- D'autres joyaux sont les litanies, les « Salve Regina » ; « Alma redemptoris mater »...
Autres auteurs de la Renaissance :
En France :
A partir de 1520, la chanson française est la base de la musique française : la forme musicale est déterminée par la forme poétique, et la musique sert à plusieurs strophes.
Signalons :
Pierre Colin, et ses 9 Magnificat.
Pierre de Villiers avec sa Messe à trois voix « De Beata Virgine » ;
Francesco Layolle et un bel « Ave Maria » à 5 voix.
Claude Goudimel, bien qu'il soit protestant, on lui doit trois « Magnificat ». Etant donné sa grande renommé, on a édité au XIX° siècle, sous son nom, un « Salve Regina » grandiose.
Eustache du Carroy (1549-1608), "Virgo Dei Genitrix".
En Italie :
Le Madrigale italien prend une grande importance ; il se chante à 4 ou 5 voix. Son rythme est élaboré. Le texte poétique est de première importance et ce sont les meilleurs poètes qui y contribuent.
Exemples :
Pier Luigi da Palestrina, (cf. ci-dessus, parmi les auteurs principaux)
Orlando di Lasso, Lacrime di S.Pietro (cf. ci-dessus, parmi les auteurs principaux)
A Rome, Philippe Néri attirait les jeunes par la musique...
Toujours à Rome, en 1584, naît la congrégation de Cécile où la musique est le moteur.
A Brescia, S. Angela Merici (1474-1540) s'occupait des jeunes filles par la musique, et, nous dirions aujourd'hui, l'audio-visuel.
Venise fut un centre musical de très grande importance. Parmi les grands compositeurs, citons Willaert Adriano, qui composa 9 Messes, dont 4 sont en l'honneur de la Vierge Marie.
En Pologne, on se souvient de Andrej Staniczewski, avec son Beata es Virgo ; et Nikolaj Zielenski avec un Magnificat à 12 voix.
En Espagne :
Antonio di Cabezon (1510-1566) : Organiste et compositeur.
Sancta Maria ora pro nobis.
Deux morceaux pour orgue en l'honneur de l'immaculée.
Sébastian Raval (1550-1604)
Francisco Guerrero (1527-1599), premier chanteur et maître du dôme de Séville. Il n'a pas quitté sa région, mais sa renommé s'est répandue hors de l'Espagne.
Il a composé "Canticum B.M.V. quod Magnificat nuncupatur per octo musicae modos" variatum. Trois des messes qu'il a composées portent le titre "De beata Virgine". ; « Ave Maria » à 8 voix. « Trahe me post te » (5 voix) ; « Ave Regina Coelorum » ; « Alma redemptoris mater. »
En Autriche (maison d'Augsbourg), au XVI° siècle, signalons :
Jean Richafort, avec notamment le "Magnificat quinti toni" et le Mottetto "Ave predulcissima."
Benedictus Appelzeller, Mottetto Sancta Maria.
Chez les protestants d'Europe centrale :
Ludwig Senfl, grand ami de Luther, a composé : « Ave Rosa sine spinis » ; « Ave Maria virgo serena » ; « Magnificat octo tonorum » (Nurimberg 1577).
Benedictus Ducis, Balthasar Resinarius ont suivi la réforme de Luther, en ce qui concerne les œuvres mariales, seuls ont survécus le Magnificat et quelques textes marials mineurs.
Cf. Pellegrino Santuci,La Madonna nella musica, cappella musicale D. Maria dei Servi, Bologna, 1981. Vol I, p. 287-335