Les « conquistadores » pendant les guerres de conquête (XVI° siècle), aussi bien que les généraux des guerres d’indépendance (1770-1820), avaient l’habitude d’invoquer la Vierge Marie et, après la victoire, ils se dépouillaient de leurs signes d’autorité et confessaient publiquement que la victoire revenait à la protection de la Vierge Marie. C’est pourquoi, en Argentine, Marie avait le titre de « général des armées » et les statues étaient revêtues des insignes militaires.
La Vierge Marie est la mère du Christ qui est le Seigneur de l’Histoire. Le Christ est le Messie Roi « qui régit les nations avec un sceptre de fer » (Ap 12, 5) et Marie rejoint les hommes dans leur lutte sur la terre.
Cependant, la présence de Marie dans les nations n’a pas d’effet magique. Pour le comprendre, il suffit de se souvenir que dans l’Evangile de saint Luc, Marie, mère enceinte du Christ, est comparée avec l’arche d’Alliance au temps de David (voir la démonstration précise dans la partie exégèse). Or la Bible raconte aussi que l’arche d’Alliance ne garantit pas magiquement la victoire militaire (1 Sam 4) : les Philistins gagnent contre les Israélites, les Israélites vont chercher l’arche d’Alliance et la placent parmi eux, les Philistins gagnent une seconde fois !
Lisons les évènements au juste niveau : au-delà des guerres de conquêtes et d’indépendance, la présence de la Vierge Marie a promu la naissance de l’Eglise nouvelle, sur un continent nouveau.
Exemples :
Notre Dame de Lujàn
Le général Manuel Belgrado, héros de l’indépendance, se rendit en 1810 au sanctuaire de Notre Dame de Lujàn avec tout son bataillon pour demander son aide. Deux années plus tard, après sa victoire à Tucumàn, il alla aussitôt remercier la Vierge Marie au sanctuaire de Mercede.
Buenos Aires : Notre Dame du Rosaire de la reconquête
Dans l’église saint Dominique est mise à l’honneur « Notre Dame du Rosaire de la reconquête ». Marie fut invoquée dans la lutte contre les anglais et pour l’indépendance. Sa procession sur le fleuve est hors comparaison.
Buenos Aires : Notre Dame de la Paix
Dans la cathédrale est vénérée Notre Dame de la Paix. En 1880, elle fut invoquée pour obtenir la fin de la révolution et éviter une guerre civile.
Cordoba : Notre Dame du Rosaire
Depuis le XVII° siècle, Notre Dame du Rosaire est ici invoquée dans les périodes de sécheresses et d’épidémie, avec des processions pénitentielles. En 1806 et 1807 on lui attribua la victoire des espagnols contre les anglais… En 1942, le sanctuaire a été restauré.
Cuyo : Notre Dame du mont Carmel
Le sanctuaire « Notre Dame du mont Carmel » est lié à la guerre d’indépendance. Le général san Martin, avant d’entreprendre la lutte pour la libération du Chili et du Pérou, avait mis ses troupes sous la protection de Notre Dame de Cuyo.
Juiuy : Notre Dame de Rio Blanco
Le sanctuaire « Notre Dame de Rio Blanco » est lié à la guerre de conquête. Les espagnols remercient la Vierge pour une victoire contre les Indiens qui étaient plus nombreux qu’eux…
Tucumàn : Notre Dame de la Merci
Le sanctuaire « Notre Dame de Mercede » est lié à la guerre d’indépendance. Le général Belgrado lui attribua sa victoire du 24 septembre 1812.
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Attilio GALLI, Madre della Chiesa dei Cinque continenti, Ed. Segno, Udine, 1997, p. 867-883
