Un pauvre orphelin devient religieux.
Il s'appelait Alfred Bessette. Il vint au monde le 9 août 1845.
Sa famille est pauvre et son père est tué par la chute d'un arbre. Alfred n'a que neuf ans. Sa mère se retrouve seule, à quarante ans, avec dix enfants : trois ans plus tard, la tuberculose l'emporte. La famille est dispersée. Alfred a douze ans. On le voit manœuvre, garçon de ferme, forgeron, boulanger, cordonnier, cocher et part quatre ans aux États-Unis travailler dans les filatures.
En 1870, Alfred se présente au noviciat de la Congrégation de -Croix, à Montréal. Son état de santé fait douter ses supérieurs de sa vocation. Finalement, il est accepté et s'appellera désormais André. Il est nommé portier au Collège Notre-Dame.
Portier du collège Notre Dame, il prie saint Joseph et les malades guérissent.
Dès 1900, le frère André nourrit le projet d'ériger une chapelle (un oratoire) dédié à Saint Joseph sur le mont Royal, en face du collège Notre-Dame où il travaille.
Sur la montagne en face du collège, l'oratoire saint Joseph est agrandi toujours plus.
À cause de la renommée du frère André, la multiplication des guérisons et l'augmentation de l'affluence des fidèles, l'agrandissement du petit oratoire devient une nécessité. On l'agrandit en 1908 et encore en 1910. Cela ne suffit pas. En 1917, on inaugure la crypte capable de recevoir mille personnes. Mais cette crypte n'est que la base d'un projet encore plus grandiose. Toute sa vie, frère André s'emploie avec ses amis à construire un oratoire qui deviendra le plus grand sanctuaire au monde dédié à saint Joseph.
Pourtant, jamais il ne parle de « son œuvre ». Au contraire. Quand les foules viennent à l'Oratoire pour des grandes célébrations, il s'efface, se cache presque, derrière le chœur pour prier en solitaire.
En 1931, alors que s'érige la basilique, la crise économique force l'arrêt des travaux. En 1936, les autorités de -Croix convoquent une réunion spéciale pour décider s'il faut poursuivre le projet ou l'abandonner, d'autant plus que la neige et le gel menacent d'endommager la structure même de l'édifice en chantier qui est sans toit. Le provincial convoque frère André pour le consulter. Le vieux frère dit alors à l'assemblée réunie : « Ce n'est pas mon œuvre, c'est l'œuvre de saint Joseph. Mettez donc une de ses statues au milieu de l'édifice. S'il veut se couvrir, il y veillera... ». Deux mois plus tard, la communauté a en main l'argent nécessaire à la reprise des travaux.
L'homme au grand cœur.
Frère André met un soin extrême à accueillir les gens qui se pressent autour de lui. Il passe de longues heures au bureau où des milliers de gens viennent le voir. Et le soir, ce sont les visites à domicile ou dans les hôpitaux en compagnie d'un ami bienveillant.
Il met tellement de naturel et de bonne humeur dans ces sorties quotidiennes, que certains le considèrent comme « un vieux courailleux » qui aime se promener dans la voiture d'un ami! Mais le frère André réplique un jour : « Il y en a qui pensent que c'est par plaisir que je visite les malades. Après une journée de travail, c'est loin d'être un plaisir... ».
Dans sa bonté, il ne perd pas sa lucidité : « C'est étonnant, dit-il, on me demande souvent des guérisons, mais bien rarement l'humilité et l'esprit de foi. C'est pourtant si important... ». Ou encore : « Si l'âme est malade, il faut commencer par soigner l'âme. » Ou bien : « Avez-vous la foi?... » ... « Croyez-vous que le bon Dieu peut faire quelque chose pour vous? » « Allez vous confesser au prêtre, allez communier, vous reviendrez me voir ensuite. ». Il dit à quelqu'un qui souffrait : « Ne cherchez pas à vous faire enlever les épreuves, demandez plutôt la grâce de bien les supporter... ».
Sa mort et sa canonisation.
Quelques instants avant sa mort, il exprime sa douleur : « Que je souffre, mon Dieu, mon Dieu ». Puis, à voix très basse, faiblement : « Voici le grain de blé ne meurt, il reste seul : s'il meurt, il porte beaucoup de fruits. » (Jn 12.24). Il meurt le 6 janvier 1937 à l'âge de 91 ans à l'hôpital de Saint-Laurent.
Il est canonisé par Benoît XVI, à Rome, le 17 avril 2010.
Fête liturgique de saint frère André : 7 janvier.
Le plus important sanctuaire dédié à Saint-Joseph à travers le monde.
Quant à l'Oratoire saint Joseph, inauguré en 1904 à l'initiative du Frère André, les travaux se terminent en 1967. Dans les jardins de l'Oratoire, on peut suivre un chemin de croix grandeur nature, inauguré en 1951, peuplé de sculptures représentant la Passion du Christ.
En 2012, le dôme est le troisième plus grand au monde après celui de la basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro et de la basilique Saint-Pierre de Rome. C'est le lieu de pèlerinage le plus important dédié à Saint-Joseph à travers le monde. Il attire environ deux millions de visiteurs chaque année, provenant de toutes les parties du monde. C'est aussi la plus grande église du Québec et du Canada.
Synthèse F. Breynaert