Marie appartient aux trois phases de l’histoire du salut : au temps qui précède le Christ, à la période de sa vie terrestre, au temps après le Christ.
L’existence de Marie est d’abord l’ultime étape de l’Ancien Testament
En elle s’accomplit le processus de préparation qu’Israël avait déjà mûri. Elle est la véritable fille eschatologique de Sion, figure parfaite du peuple de l’élection, comme l’indiquent les allusions du récit de l’Annonciation de Luc 2, 28-30 au texte de Sophonie 3, 14-17. Le corps mystique, qui se déploie dans l’Eglise visible, universelle est déjà mystérieusement présent en ses deux membres originaires, le Christ et sa mère. Et Dieu a voulu que la communion entre lui et les hommes sauvés se réalise dans la foi (Lc 1,45), dans l’amour, dans l’obéissance et l’humilité, dans le dialogue et dans la claire connaissance (Lc 1, 34). Dieu réalise à l’aube de son œuvre sur un mode exemplaire et d’une manière encore limitée ce qui va ensuite s’affirmer d’une manière universelle.
Marie présente durant chaque phase de la vie terrestre de Jésus
Les de l’enfance décrivent aussi plusieurs liens entre Marie et l’Eglise : quand Marie loue le Seigneur (Lc 1, 46s), sa prière est universelle et deviendra la prière de l’Eglise. Presque tous les exégètes pensent que le Magnificat était déjà la prière de la première communauté. L’adoration des mages annonce la conversion des nations, leur entrée dans l’Eglise du Seigneur). Matthieu précise que ces mages trouvent de façon indissociable Marie et l’enfant (Mt 2, 11). Luc souligne que Marie rassemble, médite les évènements; elle en approfondit le sens en les rapprochant dans sa mémoire (Lc 2, 19). Dans la mentalité hébraïque, ce travail de la mémoire est source de dynamisme et de vie. (En hébreu la racine du mot mémoire évoque le mystère de la fécondité de l’homme). Ce travail de Marie est important à la vie de l’Eglise…
Nous retrouvons Marie à Cana où elle parle à Jésus en faveur des hommes et où elle invite les hommes à l’obéissance de la foi en Jésus (Jn 2). Ensuite Marie est extérieurement séparée de Jésus qui rassemble autour de lui les Douze qui formeront la hiérarchie de l’Eglise. Dans cet état de séparation extérieure Marie anticipe ce que l’Eglise aura à vivre après Pâques en approfondissant sa communion avec le Fils qui se donne mystiquement dans la foi et non plus par le moyen des sens .
Au calvaire, l’expérience de la mort du Christ transperce son cœur. C’est aussi l’heure où Marie est la mère du disciple (Jn 19, 25-26). Comme la fille de Sion, elle engendre un peuple nouveau (Is 66,7). Comme Eve après la mort d’Abel tué par Caïn engendre un nouveau fils. (Gn 4,25). Elle anticipe ainsi la maternité de l’Eglise dans laquelle d’autres fils sont engendrés de l’eau et de l’Esprit (Jn 19,30.34). Nous retrouvons la présence discrète de Marie aux côtés des apôtres au cénacle. L’Esprit descend alors sur la communauté comme il était descendu sur Marie lors de l’Annonciation. Et comme l’Esprit avait conduit Marie à travers les monts et les collines de la Judée pour qu’elle porte le Seigneur à son précurseur (Lc 1, 35-39), de même il conduit l’Eglise pour qu’elle porte le Seigneur aux confins de la terre (Ac 1,8).
La plénitude de la grâce et de la sainteté de Marie enrichit le Corps mystique de l’intérieur et coopère à la merveilleuse efficacité de l’évangélisation. Et finalement, un jour que l’histoire n’a pas enregistré, Marie a rejoint pour toujours le Christ ressuscité. Devenue un signe dans le ciel, elle précède l’Eglise dans sa glorification, quand Dieu sera tout en tous.
On ne peut résumer le rapport de Marie à L’Eglise en une seule formule : en la personne de Marie, dans son attitude d’obéissance de foi, Israël devient l’Eglise du Seigneur. Marie précède et anticipe l’Eglise. Marie contient toute l’Eglise comme la graine contient toute la plante. A la Pentecôte, Marie est une des 120 (Ac 1,15), une des 3000 (Ac 2,41), elle est membre de l’Eglise où émerge l’importance du rôle des apôtres.
L’Eglise ministérielle est en communion avec le Christ, elle le représente, elle agit en son nom tant que dure la figure de ce monde terrestre ; la communion de vie entre Marie et l’Eglise, communion essentiellement théologale, n’aura jamais de fin.
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Résumé de : R. Laurentin, Maria come prototipo e modello della chiesa, Mysterius Salutis vol 8 Queriniana 1975, p. 390-415.