Pour les ébionites, la Vierge Mère est un signe de contradiction, car ils prétendent que Jésus « est né de l'homme et de la femme, de la même façon que nous (In Luc. Hom. XVII,4) . Leur argument, c'est qu'il tire son origine de David (In Matth. com. XVI 12.). En effet Jésus est appelé fils de David par l'Évangile : or c'est Joseph qui descend de David, l'Écriture ne parle pas de Marie. Origène (185-253) leur répond :
« Certains nous demandent avec passion comment il peut se faire que le Christ descende de David, alors que selon la Bible il n'est pas né de Joseph, puisque la généalogie qui part de David aboutit à Joseph. Il est difficile de leur répondre d'après le seul texte de l'Écriture. Cependant les nôtres répliquent que cette Marie, qui, était fiancée à Joseph et fut trouvée avant leur cohabitation enceinte par l'Esprit-Saint, avait été unie sans aucun doute selon la Loi à un contribal et parent. »[1]
Autrement dit, Jésus est aussi fils de David par Marie.
La conception virginale a d'autres adversaires, les Juifs, et, par la plume de Celse, les païens font chorus avec eux. Jésus serait le fruit d'un adultère : le responsable de sa naissance serait un soldat romain du nom de Panthéras. Cette calomnie est attestée par les Talmuds, qui parlent de Jésus « ben Panthéra ». Origène leur répond :
« Voyons si ceux qui ont aveuglément imaginé cette fable de l'adultère de la Vierge avec Panthéras et du charpentier qui l'a répudiée, n'ont pas fabriqué tout cela pour détruire le miracle de la conception sous l'action de l'Esprit-Saint. Ils pouvaient falsifier autrement cette histoire à cause de Soli caractère trop miraculeux et ne pas admettre, comme ils le font malgré eux, que Jésus n'est pas né d'un mariage ordinaire. Il fallait en conséquence que ceux qui n'acceptaient pas la naissance miraculeuse de Jésus fabriquent quelque mensonge. Mais le fait qu'ils n'aient pas réussi à le faire de façon vraisemblable, et qu'ils aient conservé la vérité sur un point, en disant que la Vierge n'a pas conçu Jésus de Joseph, rend le mensonge évident pour ceux qui savent comprendre et réfuter les fictions »[2]
[1] In Rom. Com.. 1.5. PG 14.850 C.)
[2] Contre Celse I, 32, GCS 83.16
Extraits de H. CROUZEL, Origène, Introduction sources chrétiennes 87, Paris Cerf 1961, p. 22-24.