1° MOTIF. Défendre la foi en la conception virginale et en la transcendance divine et en conséquence, défendre la figure éthique et sociale de Marie.
Les apocryphes sont une réponse vivante aux calomnies sur le mystère de la conception virginale de Jésus et sur la figure éthique de la Vierge.
Nous avons des échos de ces calomnies dans le Talmud, les "Actes de Pilate" rapportent les rumeurs des Juifs sur l'illégitimité de la naissance de Jésus, et surtout dans le fameux Discours véridique du philosophe platonicien Celse (vers 178) selon lequel Jésus n'était pas le fils d'une vierge, mais le fruit de l'adultère commis par sa mère, une pauvre fileuse répudiée par son mari charpentier, avec un soldat de nom Panthère ; Marie n'était selon lui ni belle ni riche ni de sang royal, ni connue de ses voisins.
Contre ces calomnies, quelques chrétiens et en particulier l'auteur Judéo-chrétien du Protévangile ont réagi avec vivacité et conviction.
2° MOTIF. Véhiculer les idées et les sentiments des communautés Judéo-chrétiennes particulièrement liées à la Mère de Jésus (Cf. Actes 1,14).
L'Église du second siècle ne s'exprima pas seulement par de grands personnages, mais aussi par des gens simples qui furent des propagateurs passionnés du christianisme comme par exemple les auteurs des écrits pseudo-épigraphes que nous sommes en train d'examiner. En particulier, l'auteur du Protévangile a conçu son oeuvre comme une glorification cultuelle de Marie et comme un moyen d'exprimer ce que lui et la communauté dont il faisait partie comprenaient et croyaient au sujet de la Mère de Jésus.
3° MOTIF Elle qui serait devenue la Mère de Dieu, qui était-elle ?
Pour nous aujourd'hui l'identité du Christ, vrai homme et vrai Dieu, ou mieux, visage humain de Dieu, l'humanisation de Dieu lui-même est une vérité de foi que nous avons maintenant assimilé et nous ne nous étonnons plus. Pour les premiers chrétiens, au contraire, qu'ils soient orthodoxe ou hérétiques, cette vérité du Christ vrai Dieu était tellement grande et, humainement parlant inconcevable, qu'ils se demandaient nécessairement : mais quelle aura été son origine ? Et qui était sa mère ?
4° MOTIF. Combler les lacunes sur Marie des Évangiles canoniques.
Probablement le dernier verset du 4e Évangile encouragea à composer d'autres écrits évangéliques, avec des informations historiques ou présumées telles. Le prologue de Luc (Lc 1,1) ("beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous") pourrait se référer - Origène pense ainsi - aux évangiles pseudo-épigraphes. Du reste les Apôtres ne furent pas les seuls à entendre Jésus.
Deux phases fondamentales de la vie de Marie concentrent l'attention des communautés Judéo-chrétienne, plus particulièrement liées aux souvenirs historiques de la Mère du Seigneur:
- ses origines (Protévangile de Jacques)
- et son départ (Dormitio Mariae).
Ces textes pourraient conserver quelques éléments historiques comme la naissance à Jérusalem et le lieu de la sépulture temporaire de la Mère du Seigneur.
A. Gila