Eclairages carmélitains sur la vie spirituelle

Eclairages carmélitains sur la vie spirituelle

En Occident, la vie de prière a été formée par de grands saints : saint Augustin, saint Benoît, saint François et Claire d'Assise, les saints du Carmel, les fondateurs de diverses congrégations mariales du XVIII° et XIX° siècles, et les saints d'aujourd'hui.

Pourquoi donner une place particulière à l'éclairage carmélitain ? Il y a deux raisons :

- Parce que le Carmel a donné des docteurs de l'Eglise qui ont enseigné non pas sur tel ou tel dogme, mais justement sur la vie de prière.

- Parce que le Carmel a une relation avec la Vierge Marie si forte que Marie a reçu le titre de Notre Dame du Carmel, célébrée le 16 juillet.

Une aventure d'amour

Comment rencontrer Dieu, qui est si différent de nous ? La question est mal posée, répond Jean de la Croix car il faut savoir que si l'âme cherche Dieu, Dieu, de son côté, la cherche bien davantage : amour infini de la part de Dieu, amour tout juste naissant de la part de l'homme ; amour qui attire irrésistiblement Dieu et l'homme l'un vers l'autre.

L'âme devient comme l'épouse à l'égard du Christ Époux et leur amour va culminer dans l'union parfaite du mariage spirituel.

Ma montée du Carmel

C'est à une véritable ascension qu'il faudra se livrer pour arriver à ce sommet. Jean de la Croix l'a décrite dans sa 'Montée du Mont Carmel' et l'a résumée dans un dessin suggestif qu'il distribuait à ses disciples.

Le principe qui l'inspire est simple : puisque Dieu se communique partout où il trouve la place, le premier souci de l'âme sera de faire place à Dieu et pour cela d'évacuer d'elle-même tout ce qui lui fait obstacle.

Les nuits

Le but de la prière est l'union à Dieu, ou l'acquisition du Saint Esprit, ou le mariage spirituel (diverses expressions sont possibles...) Or, nos sens, notre intelligence, notre volonté, toutes nos « facultés », sont à mesure humaine et le péché les entache.

La nuit des sens accommode les sens à Dieu.

La nuit de l'esprit accommode l'esprit à Dieu.

Même si nous étions sans péché, il serait nécessaire de passer par des nuits. Le pape Jean Paul II a dit de Marie :

« La Mère de ce Fils, gardant la mémoire de ce qui a été dit à l'Annonciation et au cours des événements suivants, porte en elle la «nouveauté» radicale de la foi, le commencement de la Nouvelle Alliance. C'est là le commencement de l'Evangile, c'est-à-dire de la bonne nouvelle, de la joyeuse nouvelle. Il n'est cependant pas difficile d'observer en ce commencement une certaine peine du cœur, rejoignant une sorte de "nuit de la foi" - pour reprendre l'expression de saint Jean de la Croix-, comme un «voile» à travers lequel il faut approcher l'Invisible et vivre dans l'intimité du mystère. »

(Jean Paul II, Redemptoris Mater § 17)

Pour les croyants que nous sommes, la « nuit obscure » pourrait désigner les expériences purificatrices occasionnées par des souffrances physiques, morales ou spirituelles, la conscience douloureuse du péché, l'apparente absence de Dieu dans une situation donnée. Vécues dans la prière, de telles expériences affinent la conscience morale, détachent l'esprit de l'éphémère, de l'illusoire, de ce qui trop humain, trop étroit, et...

et attachent le cœur à l'unique Dieu, y allument un feu d'amour, de zèle, éclairant les choses tout autrement...


Françoise Breynaert