Dans l'Ancien Testament,
« Ne va pas oublier ces choses que tes yeux ont vues, ni les laisser, en aucun jour de ta vie, sortir de ton cœur; enseigne-les au contraire à tes fils et aux fils de tes fils. » (Dt 4,9)
Le vieux Tobit dit à son fils :
« Je vous ai déjà enseigné qu'il convient de garder le secret du roi, tandis qu'il convient de révéler dignement les oeuvres de Dieu. » (Tb 12,11)
La même attitude est exprimée dans ce psaume :
« Alleluia! Rendez grâce à Yahvé, criez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits; chantez-le, jouez pour lui, récitez toutes ses merveilles ; (…) rappelez-vous quelles merveilles il a faites, ses miracles et les jugements de sa bouche. » (Ps 105,1-5)
Dans le Nouveau Testament:
Beaucoup de personnes racontent ainsi les grandes choses que Dieu fait : le Gérasénien délivré raconte à toute la ville ce que le Seigneur a fait pour lui (Lc 8,39) ; les disciples racontent ceux qu’ils ont fait (Lc 9,10), de même Barnabé raconte ce qui concerne Paul (Ac 9,27) et Pierre raconte l’épisode du centurion Corneille (Ac 11,4), et plus tard comment le Seigneur l’a sortit de prison (Ac 12,17) ; Paul et Barnabé racontent la mission chez les païens (Ac 15, 4.12).
La tradition chrétienne a vu en Marie la source principale des informations concernant l’enfance de Jésus. Cette conviction a son fondement dans les textes de Luc.
L'Evangile de Luc confirme le fait : seule Marie est témoin de l'Incarnation
L’événement de Pâques où le Christ est sorti du tombeau de manière prodigieuse a suscité un questionnement sur la naissance de Jésus. En effet, la pensée associe facilement la terre et le sein maternel. Qui pouvait répondre à cette interrogation dans la minuscule communauté primitive ? Certainement Marie.
En outre, la communauté primitive retient comme témoins valides les personnes ayant été témoins oculaires de la vie de Jésus et ayant une compréhension des faits et gestes de Jésus. Luc est très précis sur ce sujet, il écrit
« D'après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole » (Lc 1,2).
Les événements de la Résurrection ont pour témoins les femmes (Lc 24,9.10.23). Elles sont venues avec Jésus de la Galilée (Lc 23,55 cf. 8,1-3). Les apôtres sont
« de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu'au jour où il nous fut enlevé » (Ac 1, 21-22).
Marie, témoin singulier de l'Incarnation :
Les disciples, les femmes, les apôtres sont des témoins oculaires de la vie publique de Jésus, mais seule Marie est témoin de l’Incarnation.
Pour transmettre le témoignage (Lc 1,2) il faut aussi avoir compris ce qui concerne Jésus à la lumière du plan divin exprimé dans les Saintes Ecritures, Moïse, les prophètes et les psaumes, (Lc 24,45-48).
Jésus ressuscité prévient qu’il est nécessaire d’avoir reçu la force de l’Esprit Saint pour devenir témoin :
« Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8)
Et le jour de la Pentecôte,
« Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. » (Ac 2,4)
La Vierge Marie fait partie de la communauté sur laquelle descend l’Esprit de la Pentecôte; peut-on l’imaginer repliée jalousement sur les mystères divins dont elle fut la protagoniste ? Marie aussi dans l’Eglise est témoin des choses qu’elle a vues et entendues.
La tradition de l’Eglise croit que Marie a témoigné des événements de l’enfance du Christ : ainsi Paschase Radbert (+ 865)[1] ; Ruperto di Deutz[2] …
Plus récemment, le pape Jean Paul II, dans sa lLettre encyclique "Redemptoris Mater"(n° 25) dit que les premiers croyants ont eu conscience que Jésus était le fils de Marie et que Marie, en tant que mère de Jésus, était « depuis la conception et la naissance, un témoin singulier du mystère de Jésus. »
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[1] Epistola Cogitis me, n° 20, in CCLM 56 C, p. 118
[2] Commentaria in Canticum Canticorum in CCLM 114-115
Bibliographie:
A. Serra, Memoria e contemplazione (Lc 2,19.51b), dans la revue Theotokos VIII (2000), p. 821-859.
N.B. Cette revue est une revue interdisciplinaire de mariologie, dirigée par Alberto Valentini, éditée par l’Association centro Mariano Monfortano, via Romagna, 44 – 00187 Roma.