Saint Aelred de Rivaulx (1110-1167), Docteur de l’amitié et de la charité, dans son traité intitulé De l’amitié spirituelle, relie l’amitié au « Seigneur des vertus ». Découvrons l'amitié en profondeur, avec ce grand ami de la Vierge Marie.
« L'ami aime toujours » (Pr 17, 17).
Il n'a donc jamais été un véritable ami, celui qui a pu blesser quelqu'un après l'avoir admis dans son amitié ; et d'autre part, il n'a jamais connu les vraies joies de l'amitié, celui qui, ayant aimé, cesse d'aimer parce qu'il se sent blessé.
« Un ami aime toujours ». Même combattu, blessé, livré aux flammes, même cloué à la croix, « un ami aime toujours ».
Les vrais amis furent rares parmi les païens parce qu'ils ne connaissaient pas le Seigneur qui donne les vertus.
« Le Seigneur des vertus, c'est lui le roi de gloire » (Ps 23, 10).
Parmi les croyants, ce n'est pas de trois quatre amis qu'il faut parler, mais de milliers. Les païens regardent l'amitié d'Oreste et de Pylade comme un phénomène exceptionnel, mais c'est par milliers que des chrétiens étaient prêts à mourir les uns pour les autres.
La loi de la charité nous commande d'aimer non seulement nos amis mais encore nos ennemis.
Or, nous ne révélons facilement notre cœur et ses secrets qu'à nos amis, qui, de leur côté, manifestent la même confiance à notre égard.
Mais beaucoup de ceux qui vivent dans le vice, me direz-vous, se lient par un lien semblable et trouvent leur plus grand plaisir dans une telle amitié. Ceux-là couvrent du beau nom d'amitié ce qui n'est que connivence dans le vice. Celui qui fait le mal n'aime pas, mais il hait son âme (Ps 10, 6) ; or celui qui n'aime pas son âme, comment aimera-t-il l'âme d'autrui ?
L'amitié charnelle n'est pas le fruit d'un choix délibéré, elle n'est pas mise à l'épreuve, car la raison n'a rien à y voir. L'impétuosité de la passion fait perdre toute mesure, sans souci de l'honnêteté.
L'amitié mondaine est sujette aux variations de la situation ou de la fortune de l'ami. L'ami de la prospérité n'est l'ami de personne, le succès le retient, les revers le font fuir.
L'amitié spirituelle, la seule vraie, n'a aucun profit temporel en vue. Elle n'a pas de cause en dehors d'elle-même. Le cœur humain la désire instinctivement pour sa propre valeur. Son fruit et sa récompense ne sont autre qu'elle-même.
Le Seigneur ne dit-il pas : Je vous ai choisi pour que vous alliez et que vous portiez beaucoup de fruit (Jn 15, 16), c'est-à-dire que vous vous aimiez les uns les autres ?
Pour ceux que l'amitié unit étroitement, tout n'est plus que joie, assurance, charme et douceur.
Or tout cela commence dans le Christ, progresse grâce au Christ et trouve sa perfection en lui.
Et n'est-il pas que du Christ inspirateur de mon amitié pour quelqu'un, je m'élève jusqu'au Christ qui m'offre son amitié. Rien n'est difficile en cela, c'est un élan de l'âme qui suit un élan de l'âme.
Source :
-Aelred de Rivaulx (1110-1167), De l'amitié spirituelle, In : saint Aelred de Rivaulx, Les éditions du Soleil levant, 1960, p. 169-174 (extraits par F. Breynaert).
-sur l’amitié humaine, dans l’Encyclopédie mariale
-sur st Aelred de Riévaulx (1110-1167), Docteur de l’amitié et de la charité, dans l’Encyclopédie mariale
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