Il est très important de réaliser que le coeur de l'homme est en recherche de biens infinis et que rien de ce qui est fini et limité ne peut le rassasier. Il y a un désir infini au coeur de tout homme.
Beaucoup d'objets de la terre sont nécessaires, mais ils sont tous radicalement insuffisants.
Nous sommes programmés par Quelqu'un d'infiniment grand, d'infiniment parfait, qui nous a fait pour lui : toutes les choses créées ne sont que des tremplins pour le désirer et pour espérer l'atteindre.
Saint Augustin l'avait bien compris, lui qui disait :
"Tu nous as fait pour toi Seigneur, et notre coeur est sans repos tant qu'il ne demeure en toi"
Tous les matins, nous nous levons parce que nous voulons quelque chose. Il y a une chaîne des raisons, mais il n'y a aucune raison in fine qui justifie qu'on vive, à part Dieu lui-même.
Seul Dieu infini peut combler le coeur de l'homme et toute la vie de l'homme, toute la religion de l'homme, n'a pour but que de nous faire approcher de Dieu, pour nous faire rencontrer Dieu et nous faire vivre de sa vie. Toute autre forme de vie éternelle serait un enfer, car nous nous en lasserions forcément ... Nous sommes faits pour la vision béatifique et c'est pourquoi la religion chrétienne est la religion ultime.
Le bonheur de l'homme n'est pas dans le pouvoir, la domination, la possession matérielle, les réalisations extérieures : tout cela est extérieur à l'homme qui n'y trouve pas une satisfaction durable. Le besoin le plus profond de tous les hommes est en réalité d'aimer et d'être aimé. Même si sur la terre les amours que l'on rencontre sont aussi limités, imparfaits, peu durables, il reste que c'est dans la relation aux autres et dans l'amour partagé que l'homme sent qu'il s'approche le plus de ce que désire son coeur.
De toute éternité, le Père aime infiniment le Fils et il lui donne tout, le Fils aime infiniment le Père et il lui remet tout, et l'Esprit Saint est cet amour substantiel qui unit le Père au Fils et le Fils au Père.
Dieu a créé l'Univers par amour et il l'a créé pour l'homme, pour partager sa vie éternellement.
L'homme est "capable de Dieu" (capax Dei) et il ne s'épanouit que dans sa relation à Dieu.
Le temps que nous passons sur la terre, c'est, comme disait l'Abbé Pierre : "un peu de temps laissé à des libertés pour apprendre à aimer"; c'est un temps donné pour commencer avec Dieu et avec nos frères une relation véritablement unique et personnelle, qui s'épanouira finalement dans l'éternité.
Cette formule fondamentale est répétée dans toute l'Antiquité par les Pères de l'Eglise.
Si Dieu ne s'était pas incarné, il serait pour toujours un être lointain, inaccessible, incompréhensible, avec lequel nous ne pourrions avoir qu'une relation de créature à Créateur, d'esclave à Maître ... Mais Dieu s'est fait homme en Jésus, et il est devenu visible, accessible : il est devenu notre frère en humanité et nous pouvons avoir avec lui une véritable relation, le rencontrer, l'aimer, le voir, le connaître, le toucher par la foi. Les chrétiens font dans leur vie, dans leur prière, dans l'action de la Providence, l'expérience d'une rencontre avec Jésus et ils confessent qu'il est "Vivant", c'est-à-dire qu'il peut agir, se faire connaître, se faire toucher, aider, réconforter et finalement se manifester (Jn 14,21) à ceux qui l'aiment, qui le cherchent et qui demeurent en son amour.
Il ne suffit pas en effet que Dieu se soit fait proche, connaissable, adorable, admirable : il fallait que nous puissions vivre de sa vie, que nous puissions partager son bonheur éternel et c'est pourquoi il nous a envoyé son Esprit. Par l'Esprit Saint, qui vit en nous, au plus profond de nous, nous commençons la vie de fils de Dieu que nous achèverons dans l'éternité. Par notre baptême, nous sommes unis au Fils de Dieu, configurés à lui, membre de son corps et appelés à vivre de sa vie, à se laisser envahir par son Esprit, à adorer la Père comme il l'adore lui-même. Nous sommes appelés à être fils de Dieu dans l'Alliance avec le Fils unique du Père et à partager avec lui l'héritage du Royaume qu'il nous a conquis et qu'il nous offre par amour.
Imaginer le Ciel en dehors de cette relation personnelle à Dieu qu'il nous est possible de commencer dès ici bas pour l'achever en plénitude dans l'éternité, c'est une impasse. Imaginer vivre éternellement des plaisirs de ce monde serait un véritable enfer dont on se lasserait immanquablement et très rapidement. Seule la vision béatifique ouverte sur l'infini de Dieu et dans le flot de son amour éternel peut véritablement nous combler et en y réfléchissant quelque temps nous voyons très vite que c'est la vérité.
Le baptême est nécessaire au salut : "Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; celui qui refusera de croire sera condamné" (Mc 16,16).