Luc se place après « beaucoup » qui « ont entrepris de composer un récit des événements » donc sans doute derrière Matthieu et Marc.
Cette notice de Luc suppose que Matthieu et Marc ont été composés, fixés et écrits, mais ils n’ont certainement pas été encore publié et diffusés largement, car du temps de Luc, beaucoup d’Apôtres sont encore vivants et ils privilégient évidemment la prédication orale, comme Jésus et comme tous les juifs de leur temps.
La critique moderne de l’historicité des Évangiles de l’enfance est tout à fait étonnante alors que Luc dit explicitement dans sa préface qu’il s’est informé « exactement de tout depuis les origines » et qu’il donne les circonstances de la naissance Jean, le nom de son père, de sa mère, la classe à laquelle il appartenait, etc. et quantités de renseignements précis qui sont la preuve de l’exactitude de son information. Il est totalement invraisemblable que Luc ait inventé ces choses. Il s’agirait d’une imposture caractérisée.
Luc a clairement recueilli en particulier tout ce que Marie gardait et méditait dans son cœur à propos des événements de l’enfance autour de l’Annonciation, dont elle fut le seule témoin.
« Les premières communautés chrétiennes elles-mêmes ont recueilli les souvenirs de Marie sur les circonstances mystérieuses de la conception et de la naissance du Sauveur. En particulier, le récit de l'Annonciation répond au désir des disciples de connaître de façon plus approfondie les événements ayant trait au début de la vie terrestre du Christ ressuscité. Marie est en dernière analyse, à l'origine de la révélation sur le mystère de la conception virginale par l'opération de l'Esprit Saint. Cette vérité, qui démontre l'origine divine de Jésus, a été immédiatement saisi par les premiers chrétiens dans sa dimension importante, est inscrit au nombre des affirmations clés de leur foi » (Jean-Paul II Catéchèse 13 septembre 1995).
« Pour identifier la source dont découle l’Évangile de l’enfance, il faut se rapporter à la phrase de saint Luc : « Quant à Marie, elle conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait dans son cœur. » (Lc 2,19). Luc le répète à deux reprises : après le départ des bergers de Bethléem et après que Jésus eut été retrouvé dans le Temple (cf. Lc 2,51). L’Évangéliste lui-même nous offre les éléments pour identifier Marie avec l’une des sources d’information dont il s’est servi pour écrire l’« Évangile de l’enfance ». Marie, qui a conservé avec soin « tous ces souvenirs dans son cœur » a pu témoigner après la mort et la résurrection du Christ, de ce qui concernait sa propre personne et sa fonction de mère, et ce précisément aux temps apostoliques où furent écrits les textes du Nouveau Testament et où se forma la première tradition chrétienne. Le témoignage évangélique de la conception virginale de Jésus par Marie a une grande importance théologique. Il constitue en effet un signe particulier de l’origine divine du fils de Marie. Le fait que Jésus n’a pas de père terrestre, parce que engendré « sans intervention d’homme », met en évidence la vérité qu’il est le Fils de Dieu, tant et si bien que quand il assume la nature humaine, c’est Dieu qui demeure exclusivement son Père. La révélation de l’intervention de l’Esprit Saint dans la conception de Jésus indique le début dans l’histoire de l’homme de la nouvelle « génération spirituelle » qui a un caractère strictement surnaturel (cf. 1 Co 15,45-49). De cette manière, Dieu, un et trine, « se communique » à la créature par l’intervention du Saint Esprit. C’est le mystère auquel on peut appliquer les paroles du Psaume : « Tu envoies ton souffle, ils sont créés et tu renouvelles la face de la terre » (Ps 104,30). Dans l’économie de cette communication de soi que Dieu fait à la créature, la conception virginale de Jésus, advenue par l’opération du Saint Esprit, est un événement central et culminant. Elle marque le début de la nouvelle création. Dieu entre ainsi de manière décisive dans l’Histoire. » (Jean-Paul II Catéchèses sur le Credo - 28 janvier 1987).
Pour les Actes, il raconte la captivité de Paul mais pas son martyre ni celui de Pierre, ni de la chute de Jérusalem. La fin de sa rédaction doit donc se situer au tout début des années 60, alors que la plupart des témoins oculaires de Jésus étaient encore en vie.