Andrea Vanni . Sainte Catherine de Sienne, v. 1400 Basilique San Domenico, Sienne.
La mystique toscane sainte Catherine de Sienne, que le saint pape Jean-Paul II a proclamé co-patronne de l’Europe en 1999, est également l’une des deux premiers docteurs de l’Église proclamées par le saint pape Paul VI, avec sainte Thérèse d’Avila, en 1970. En raison de sa très abondante correspondance, elle est également la sainte protectrice des journalistes, des médias, et de tous les métiers de la communication. On la fête le 29 avril.
Catherine Benincasa, (sainte Catherine de Sienne) est la vingt-troisième des vingt-cinq enfants d'un teinturier. Née le 25 mars 1345, en la double fête du dimanche des Rameaux et de l'Annonciation, elle sera influencée dans sa vie comme dans sa spiritualité par cette conjonction des deux mystères. Dès l’âge de six ans, elle fut saisie par le Christ et sa vie mystique se développa de façon spectaculaire. À sept ans, Catherine fit vœu de chasteté et devint, dès l’âge de seize ans, tertiaire dominicaine. Catherine se consacra à la prière, à la pénitence et à la charité, en particulier au service des malades, et sa réputation de sainteté s’étendit si rapidement qu’elle devint le conseiller spirituel de très nombreuses et illustres personnes, y compris le pape Grégoire XI, qui résidait alors en Avignon, qu'elle encouragea vivement à rentrer à Rome, allant même le chercher. Elle soutint également le pape Urbain VI pour rassembler l’Église autour de lui. Sainte Catherine joua un rôle politique de médiation, œuvrant pour la paix des peuples et prenant parti dans les conflits qui opposaient les villes italiennes. Cet engagement missionnaire s’appuyait sur une vie mystique intense.
Catherine mourut à Rome le 29 avril 1380, à l'âge de trente-trois ans, l’âge du Christ, affaiblie par ce qu’on peut appeler une anorexie mystique, et elle fut enterrée quelques jours plus tard en présence du pape, qui célébra pour elle des obsèques solennelles dans la basilique de la Minerve. Elle y repose désormais.
Pierre Subleyras. Le Mariage mystique de Catherine de Sienne, v.1740.Domaine public, via Wikimedia Commons.
La vie mystique de sainte Catherine s’est développée très tôt : visions et apparitions, colloques avec Jésus, qui l’enseigna, se sont succédé, jusqu’à son mariage mystique avec le Christ, symbole de l’union entre Dieu et l’homme, en 1368, où le Christ l’épousa dans la foi. Cet événement bouleversa sa vie. Elle reçut les stigmates en 1374, et fut gratifiée de nombreuses extases. Comme le dit le pape Benoît XVI,
« Autour de sa forte personnalité s'est constituée une famille spirituelle, faite de personnes attirées par la grandeur morale de cette jeune femme... Ils furent nombreux à considérer un privilège d'être guidés spirituellement par celle qu'ils appelaient maman... Aujourd'hui encore, l'Église tire grand bénéfice de la maternité spirituelle de tant de femmes, consacrées et laïques, qui alimentent dans les âmes la pensée de Dieu, renforcent la foi et élèvent le niveau de la vie chrétienne".
Sainte Catherine conseille d’avoir recours à Marie. Elle a composé une longue prière le jour de l’Annonciation 1379 , qui est à la fois une méditation sur la Vierge Marie, mais également sur l’Incarnation du Christ et sur la Sainte Trinité. Elle a longuement médité sur la douleur de la Vierge Marie au calvaire lors de la Passion, et ne sépare jamais dans sa correspondance le Christ de Marie.
Parmi les écrits de sainte Catherine de Sienne figure un échange qu’elle eut avec le Christ au sujet de son identité et de celle du Christ : « Qui suis-je pour parler avec Dieu ?», au cours duquel le Christ lui révéla le lien entre la créature et son Créateur.
Sainte Catherine de Sienne nous a laissé une abondante correspondance, constituée de plus de 300 lettres, aux papes Grégoire XI et Urbain VI, aux cardinaux Pierre d’Ostie, Pierre de Lune, Jacques Orsini, Bonaventure de Padoue, au roi de France Charles V, à la reine de Naples, au roi Louis de Hongrie, aux religieux, qui traitent aussi bien de politique que des valeurs de la chrétienté. Elle exhorte chacun, « au nom de Jésus crucifié et de la douce Marie », à œuvrer pour la paix, à chasser ce qu’elle nomme le « nuage de l’amour propre », etc. Son Dialogue de la divine Providence (ou Livre de la doctrine divine), qui est aussi un des classiques de la langue italienne, nous offre ces entretiens enflammés qu’elle eut avec le Christ, au cours desquels celui-ci lui confia certains secrets :
« Je ne donne pas toutes les vertus également à chacun ... Il en est plusieurs que je distribue de telle manière, tantôt à l’un, tantôt à l’autre ... À l’un, c’est la charité ; à l’autre, la justice ; à celui-ci l’humilité ; à celui-là, une foi vive ... Quant aux biens temporels, pour les choses nécessaires à la vie humaine, je les ai distribués avec la plus grande inégalité, et je n’ai pas voulu que chacun possédât tout ce qui lui était nécessaire pour que les hommes aient ainsi l’occasion, par nécessité, de pratiquer la charité les uns envers les autres ... J’ai voulu qu’ils eussent besoin les uns des autres et qu’ils fussent mes ministres pour la distribution des grâces et des libéralités qu’ils ont reçues de moi. »
Avec sainte Thérèse d'Avila, sainte Catherine de Sienne fut la première femme à être déclarée « docteur de l'Église » en 1970 par le saint pape Paul VI.
Soucieux de reconnaître la contribution des femmes à l’Europe, le saint pape Jean-Paul II déclara sainte Catherine de Sienne co-patronne de l’Europe, avec sa mère, Sainte Brigitte de Suède et avec sainte Édith Stein , brillante chercheuse qui devint religieuse carmélite, sous le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix, et mourut dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Avec sainte Brigitte de Suède (1303-1373), cette femme du Nord qui fut mère de famille avant de fonder l’Ordre du Très Saint Sauveur, c’est l’importance du lien œcuménique qui est soulignée. Pour sainte Catherine de Sienne, c’est son engagement inlassable dans la résolution de multiples conflits qui déchiraient tant la société que l’Église de son temps qui est honoré. Enfin, la haute figure de sainte Edith Stein symbolise les drames de l'Europe de ce siècle.
« Toutes les trois expriment admirablement la synthèse entre la contemplation et l'action. Leurs vies et leurs œuvres témoignent, avec une grande éloquence, de la force du Christ ressuscité, vivant dans son Église : la force d'un amour généreux pour Dieu et pour l'homme, la force d'un authentique renouveau moral et civil.
Dans ces nouvelles patronnes, si riches de dons que ce soit au plan surnaturel ou humain, les chrétiens et les communautés ecclésiales de toute confession peuvent trouver leur inspiration, ainsi que les citoyens et les États européens, pourvu qu'ils soient sincèrement engagés dans la recherche de la vérité et du bien commun »,
soulignait le pape Jean-Paul II.