C'est probablement le mardi gras, veille du carême, de l'année 1367, que Catherine a été "fiancée" à Notre-Seigneur et appelée à l'apostolat. Elle avait alors vingt ans.
Le bienheureux Raymond De Capoue qui écrit ces lignes a été son confesseur de 1372 à 1376.
L'âme de notre croissait, chaque jour, en la grâce de son Créateur. Elle volait plus qu'elle ne marchait dans le chemin de la vertu. Son cœur s'éprit du saint désir d'avoir et d'atteindre le degré parfait de la foi, afin que, par ce moyen, immuablement soumise à son Époux, dans une inviolable fidélité, elle lui devint encore plus agréable. A l'exemple des disciples (Lc 17,5), elle se mit donc à demander au Seigneur qu'il voulût bien lui donner une foi plus grande, si solide que nulle force contraire ne pût la briser et l'abattre. Elle entendit alors dans son âme cette réponse du Seigneur : "Je t'épouserai dans la foi." Souvent et longtemps la vierge [Catherine] répéta la même prière, et toujours le Seigneur renouvelait la même réponse.
On était aux jours qui précèdent le carême. Au moment de cesser l'usage de la chair et des aliments gras, les fidèles célèbrent alors une fête toute mondaine qu'on pourrait appeler "la fête du ventre". Notre , recueillie dans le secret de sa cellule, cherchait, dans le jeûne et la prière, le visage de l'éternel Epoux, et répétait avec une grande ferveur et plus d'instance que jamais la prière que nous avons dite.
Le Seigneur lui répondit :
"Tu as rejeté loin de toi et fui à cause de moi toutes les vanités de ce monde; méprisant toutes les délectations de la chair, tu as mis en moi seul le plaisir de ton cœur. Voilà pourquoi, en ce temps, où toutes les autres personnes de ta maison sont à la joie de leurs festins et fêtent leur corps, j'ai voulu, moi aussi, célébrer solennellement avec toi la fête des épousailles de ton âme. Ainsi que je te l'ai promis, je veux t'épouser dans la foi."
Le Seigneur parlait encore, quand apparurent la Vierge, sa très glorieuse Mère, le bienheureux Jean l'Évangéliste, le glorieux Apôtre Paul, le très saint Dominique, Père de la religion à laquelle appartenait Catherine, et avec eux tous, le Prophète David ayant en main son harmonieux Psaltérion.
Pendant que cet instrument résonnait sous les doigts du saint roi, avec une suavité qui dépasse toute imagination, la Vierge, Mère de Dieu, prit avec sa main très la main de notre vierge, en étendit les doigts vers son Fils et lui demanda qu'il daignât épouser Catherine dans la foi. Le Fils unique de Dieu, faisant un signe tout gracieux d'assentiment, présenta un anneau d'or, dont le cercle était orné de quatre perles, et dont le chaton renfermait un diamant d'incomparable beauté. Avec sa main droite, il mit cet anneau à l'annulaire de la main droite de notre vierge et lui dit :
"Voici que moi, ton Créateur et ton Sauveur, je t'épouse dans une foi que tu conserveras sans aucune atteinte jusqu'au jour où tu célébreras, dans les cieux avec moi, des noces éternelles.
Courage donc, ma fille, accomplis désormais virilement et sans aucune hésitation toutes les œuvres que l'ordre de ma Providence te remettra entre les mains.
Parce que tu es armée de la force de la foi, tu triompheras heureusement de tous tes adversaires".
Après ces paroles, la vision disparut, mais l'anneau resta toujours au doigt de Catherine, visible pour elle seulement, invisible pour les autres. Elle m'a confessé, en rougissant, qu'elle voyait toujours cet anneau à son doigt, et qu'il n'était pas de moment où elle ne l'aperçut.
Bienheureux Raymond de Capoue, Vie de Catherine de Sienne, Chapitre XII. voiemystique.free.fr/vie_catherine_de_sienne_1_12.htm