Le Bienheureux Jean Duns Scot, « Docteur de l’Immaculée », nous donne l’occasion de revenir sur l’apport de ce génial théologien, au XIIIès, au dogme de l’Immaculée Conception. Ce dogme sera promulgué six siècles plus tard, en 1854 par le pape dans sa bulle Ineffabilis Deus.
Né en Écosse, Jean Duns Scot (1265-1308) entra très jeune chez les Franciscains. Il fut ordonné prêtre et enseigna à Paris comme commentateur des livres des Sentences de Pierre Lombard. Il enseigna aussi à Paris, Oxford, Canterbury et Cologne. Il mourut à Cologne le 8 novembre 1308, est enterré dans l’église de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie à Cologne, et fut béatifié par le saint pape Jean-Paul II en 1993, en le définissant «Chantre du Verbe incarné et défenseur de l'Immaculée Conception». Dans cette expression se trouve synthétisée la grande contribution que Duns Scot a offerte à l'histoire de la théologie.
Le bienheureux Duns Scot peut être fêté le 8 novembre.
Éminent philosophe et théologien, Duns Scot fut appelé "Docteur subtil", et sut allier foi et raison dans une même intelligence des mystères. L'école théologique franciscaine adopta son système de pensée comme base doctrinale.
Voici ce qu’en rapporte le pape Benoît XVI[1] :
« Il [Duns Scot] a avant tout médité sur le Mystère de l'Incarnation et, à la différence de beaucoup de penseurs chrétiens de l'époque, il a soutenu que le Fils de Dieu se serait fait homme même si l'humanité n'avait pas péché. Il affirme dans la «Reportata Parisiensa»: «Penser que Dieu aurait renoncé à une telle œuvre si Adam n'avait pas péché ne serait absolument pas raisonnable! Je dis donc que la chute n'a pas été la cause de la prédestination du Christ et que — même si personne n'avait chuté, ni l'ange ni l'homme — dans cette hypothèse le Christ aurait été encore prédestiné de la même manière» (in III Sent., d. 7, 4). Cette pensée, peut-être un peu surprenante, naît parce que pour Duns Scot l'Incarnation du Fils de Dieu, projetée depuis l'éternité par Dieu le Père dans son plan d'amour, est l'accomplissement de la création, et rend possible à toute créature, dans le Christ et par son intermédiaire, d'être comblée de grâce, et de rendre grâce et gloire à Dieu dans l'éternité. Même s'il est conscient qu’en réalité, à cause du péché originel, le Christ nous a rachetés à travers sa Passion, sa Mort et sa Résurrection, Duns Scot réaffirme que l'Incarnation est l’œuvre la plus grande et la plus belle de toute l'histoire du salut, et qu'elle n'est conditionnée par aucun fait contingent, mais qu’elle est l'idée originelle de Dieu d'unir en fin de compte toute la création à lui-même dans la personne et dans la chair du Fils.»
L’intuition de Duns Scot en ce qui concerne l’Immaculée Conception est tellement géniale que, quelques siècles plus tard, son argumentation fut reprise dans la définition dogmatique (1854) de l’Immaculée Conception dans la Bulle Ineffabilis Deus.
Voici ce que dit le pape Benoît XVI de l'apport du Bienheureux Duns Scot au dogme de l'Immaculée Conception[2] :
« À l’époque de Duns Scot, la majorité des théologiens opposait une objection, qui semblait insurmontable, à la doctrine selon laquelle la très Sainte Vierge Marie fut préservée du péché originel dès le premier instant de sa conception: en effet, l’universalité de la Rédemption opérée par le Christ, à première vue, pouvait apparaître compromise par une telle affirmation, comme si Marie n’avait pas eu besoin du Christ et de sa rédemption. C’est pourquoi les théologiens s’opposaient à cette thèse. Alors, Duns Scot, pour faire comprendre cette préservation du péché originel, développa un argument qui sera ensuite adopté également par le Pape Pie IX en 1854, lorsqu’il définit solennellement le dogme de l’Immaculée Conception de Marie. Et cet argument est celui de la «Rédemption préventive», selon laquelle l’Immaculée Conception représente le chef d’œuvre de la Rédemption opérée par le Christ, parce que précisément la puissance de son amour et de sa médiation a fait que sa Mère soit préservée du péché originel. Marie est donc totalement rachetée par le Christ, mais avant même sa conception. Les Franciscains, ses confrères, accueillirent et diffusèrent avec enthousiasme cette doctrine, et d’autres théologiens — souvent à travers un serment solennel — s’engagèrent à la défendre et à la perfectionner. »
L’intuition de cet homme est si géniale qu'il peut encore inspirer le dialogue œcuménique et le dialogue avec les Juifs: Duns Scot a en effet compris l'Immaculée Conception comme perfection du plan Rédempteur de Dieu, donc de l'histoire du salut et des noces de l'Alliance, qui ont commencé par l'Ancien Testament.
La définition dogmatique (1854) de l’Immaculée Conception fut donnée par le bienheureux pape Pie IX dans la Bulle Ineffabilis Deus :
« ... Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine, qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu'ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles.
C'est pourquoi, s'il en était, ce qu'à Dieu ne plaise, qui eussent la présomption d'avoir des sentiments contraires à ce que nous venons de définir, qu'ils sachent très clairement qu'ils se condamnent eux-mêmes par leur propre jugement, qu'ils ont fait naufrage dans la foi et se sont séparés de l'unité de l'Église, et que, de plus, par le même fait, ils encourent les peines portées par le droit s'ils osent manifester par parole, par écrit ou par quelque signe extérieur, ce qu'ils pensent intérieurement... »
Il est possible d’effectuer la neuvaine préparatoire à la fête de l’Immaculée Conception, qui débute le 30 novembre pour se terminer en la fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre.
Sources :
- F.Breynaert. « Duns Scot », in : Encyclopédie mariale
-Benoît XVI : audience générale du mercredi 7 juillet 2010.
-pour lire l’ensemble du texte de Benoît XVI sur le bienheureux Duns Scot, en ligne
-pour accéder aux textes de Duns Scot, dans l’Encyclopédie mariale
-sur la neuvaine à l’Immaculée Conception, dans l’Encyclopédie mariale
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