Mo?se, en qualité de médiateur, annonça à ses frères le projet divin : YHWH entendait conclure une alliance avec eux, pour qu'ils deviennent son peuple (Ex 19,5.6).
Moïse attend la réponse qu'il doit transmettre à Dieu. Et le peuple répondit unanime:
"Tout ce que YHWH a dit, nous le ferons." (Ex 19,8; cf. 14,3.7)
La tradition juive aime a rappeler cette réponse, car c'est l'honneur de tout le peuple.
L'insistance des traditions juives sur la responsabilité du partenaire humain dans l'Alliance avec Dieu nous permet de mieux percevoir la beauté de la scène de l'Annonciation (Luc 1,26-38) : Dieu demande à Marie son consentement (ce n'est pas le cas dans le récit parallèle du Coran).
La tradition juive ajoute encore une autre perspective qui nous intéresse aussi. Les Juifs en Egypte s'étaient rendus coupables de transgressions (cf. Ezéchiel 20,7; 23,3.8.19.27). Mais avant l'Alliance, ils lavèrent leurs vêtements (Ex 19, 10). Dans cette netteté des habits, le juif Philon (qui a vécu entre 30 av J-C et 50 après J-C) voyait comme le reflet de leurs esprits renouvelés (Philon, Du Décalogue 10.45).
Cette tradition juive nous éclaire sur le mystère de Marie. De même que Dieu purifia son peuple de toute faute et de toute infirmité, afin qu'il soit prêt à prononcer son « Oui » aux noces de l'alliance, de même il préserva Marie de toute tache, pour que le « Fiat » de l'Annonciation jaillît plus libre et joyeux.
Don de la Torah
Une forte tradition juive affirme que la rédemption est donnée par la Torah interprétée par les sages et il n'y a pas à attendre de Rédempteur personnel.
Mais d'autres textes de la tradition juive reconnaissent que nous avions besoin de la lumière. Citons par exemple :
« Lorsque Israël entendit : Tu n'auras pas [d'autre dieu], le mauvais penchant fut extirpé de leur cœur.
Puis ils vinrent à Moïse et lui dirent : Moïse, notre maître, soit un émissaire entre nous, selon les mots : Toi parle avec nous, et nous entendrons. Pour quelle raison devrions-nous mourir ? Quel avantage y aura-t-il à ce que nous périssions ?
Aussitôt le mauvais penchant reprit sa place.
Ils retournèrent alors à Moïse et lui dirent : Moïse, notre maître, ne peut-il se révéler à nous une seconde fois, que ne peut-Il « m'embrasser des baisers de sa bouche... » !
Il leur répondit : Cela ne se produira pas maintenant, mais dans les temps à venir, selon les mots : Et je retirerai de votre chair le cœur de pierre (Ez 36, 26). »
(Cantique rabba I, 2)
(Lire aussi, Tanhuma naso 16, lien ci-dessous)
Dans l'Evangile, l'enseignement de Jésus, et notamment son discours sur la montagne (Mt 5-7) constituent un dévoilement de la Torah reçue au Sinaï. Jésus est donc un nouveau Moïse, le prophète comme Moïse que l'Ecriture promettait (Cf. lien ci-dessous).
Dans la continuité avec l'Evangile, la Tradition chrétienne salue en Marie le nouveau mont Sinaï. (Cf. Lien ci-dessous).
La montagne majestueuse où commença l'antique alliance cède la place maintenant à l'humble bourgade de Galilée, où est inaugurée l'alliance nouvelle de Dieu, homme parmi les hommes dans le sein d'une femme.
Le Verbe vient demeurer en elle comme sur une montagne spirituelle ; Il descend de façon pacifique, douce, miséricordieuse.
Cet article a pour sources les liens donnés ci-dessous.
F. Breynaert