Le VIII° siècle et les persécutions iconoclastes
Le VIII° siècle est une période de difficultés et de douloureuses controverses autour de la doctrine et du culte des images sacrées.
La doctrine et la dévotion mariales furent aussi impliquées dans cette controverse qui, pendant plus d'un siècle (730 édit iconoclaste), causa des persécutions terribles et des destructions dans l'Église byzantine.
L'amour des chrétiens orientaux pour leurs icônes et les souffrances qu'ils ont dû soutenir pour défendre la validité et la légitimité de cette forme de dévotion pourront nous aider à comprendre le sens des images sacrées comme médiation privilégiée entre Dieu et nous.
Les icônes: un enjeu plus profond qu'il ne paraît
Les icônes religieuses sont en effet peintes selon des règles et des traditions précises pour tâcher de représenter les prototypes des réalités surnaturelles que nous sommes appelés à partager.
L'icône devient donc une sorte de réalité sacramentelle, instrument d'un pouvoir miraculeux, et une sorte de parole de Dieu qui révèle à travers les formes et les couleurs les vérités de notre foi.
L'icône est faite pour susciter en nous le sens d'une présence divine et pour solliciter en nous une communion avec Dieu.
Les orientaux sont peu intéressés à l'esthétique pour elle-même, les icônes sont un traité de théologie.
C'est pourquoi la fin de persécutions iconoclaste (843) est une victoire de l'orthodoxie.
Ce serait une attitude superficielle de considérer la controverse iconoclaste comme un problème d'un autre temps. Au contraire, les erreurs combattues avec leurs beaucoup de souffrances personnelles sont encore présentes dans notre temps et dans une mesure alarmante.
Les icônes, urgence pour notre temps
Le christianisme est aujourd'hui souvent amputé
Que de fois le christianisme est présenté aujourd'hui comme un simple code éthique individuel ou comme une religion pure, qui n'a pas besoin de s'appuyer sur les réalités matérielles.
Que de fois entend-on opposer la matière à ce qui est spirituel, comme s'il s'agissait de deux réalités inconciliables.
L'un des résultats logiques de cette mentalité qui réduit le christianisme à une religion désincarnée est le phénomène récent de la démythisation qui arrache le noyau central de la foi évangélique, c'est-à-dire de la résurrection du Christ et de la résurrection future de ceux qui croient en lui.
Les icônes défendent une religion incarnée et une vision complète de l'homme.
Défendre la vénération des icônes sacrées signifie sauvegarder la prédication de l'Église selon laquelle le Jésus de l'histoire, c'est-à-dire l'homme qui a vécu vraiment au milieu de nous, et le Christ de la foi est une seule et même réalité.
Diviser le Christ en deux signifie transformer la personne en une idée.
Le culte des images sacrées de la Mère de Dieu et des saints conduit à vivre selon une foi authentique en Jésus Christ, Verbe Incarné et Sauveur.
L.Gambero, université pontificale Marianum, Rome