Vatican II est passé d’une « mariologie des privilèges » à une « mariologie dans l’histoire du salut ».
Le concile situe les privilèges de Marie dans l’horizon de notre salut.
Tous les schémas préparatoires présentaient en bloc, sous la forme d’une liste de privilèges, sa maternité, sa sainteté, son immaculée conception et son Assomption. Les privilèges de Marie ne sont pas effacés : le concile a lui aussi présenté la Maternité de Marie, sa sainteté, son Immaculée Conception et son Assomption mais il a les a nommés à leur juste place, en les intégrant à l’histoire de salut, et en ouvrant aussi un horizon ecclésial, l’horizon de notre propre salut. Par exemple, le privilège de l’Immaculée Conception est ainsi intégré :
« Cependant, si l’Eglise en la personne de la bienheureuse Vierge, atteint déjà à la perfection qui la fait sans tache ni ride (cf. Ep 5,27), les fidèles du Christ, eux, sont encore tendus dans leur effort pour croître en sainteté par la victoire sur le péché: c’est pourquoi ils lèvent leurs yeux vers Marie comme modèle des vertus qui rayonne sur toute la communauté des élus. »
(LG 65)
Le concile a introduit l’histoire du salut dans sa doctrine.
Le concile a donc introduit l’histoire de l’Ancien Testament (LG 55) : ce n’est pas une présentation complète mais elle est suffisamment indicative.
Marie accomplit les prophéties de la Genèse, d’Isa?e ou de Michée ; ici, comme une grande partie de la tradition, le concile s’attache à quelques figures, quelques versets, vus comme une annonce de Marie.
Marie est héritière de la foi de ses ancêtres :
« Elle occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance »
(LG 55)
Ici le concile inscrit Marie dans l’histoire et la croissance spirituelle de son peuple.
« Enfin, avec elle, la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s’accomplissent les temps et s’instaure l’économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d’elle la nature humaine pour libérer l’homme du péché par les mystères de sa chair. »
(LG 5)
Le concile commence donc à raconter l’Histoire en tant qu’Histoire, dans son déroulement chronologique.
Le concile poursuit le récit par une lecture suivie des , une lecture guidée pour fonder l’affirmation centrale : Marie est indissolublement unie au Christ.
Il ne s’agit pas de parler de l’association de Marie au Christ d’une manière abstraite, scolastique, mais de la décrire à partir de l’histoire décrite dans les , Marie à l’Incarnation (LG 56) puis durant l’enfance du Christ : la visitation, la nativité et la présentation aux mages, la présentation au temple, le recouvrement de Jésus au temple. (LG 57).
Alors que le schéma préparatoire de Mgr Balic passait directement du Fiat de Marie à l’Annonciation à sa présence au calvaire, le concile a ajouté ce que nous appellerions aujourd’hui les mystères lumineux :
« La Vierge et le ministère public de Jésus »
(LG 58)
en évoquant Marie à Cana et parmi ceux qui écoutent et observent la parole de Dieu, avant de parler de sa présence au calvaire : c’est toute sa vie que Marie est associée au Christ. (LG 58).
A la Pentecôte Marie est intégrée dans le mystère de l’Eglise (LG 59), ce qui sera encore plus clair dans les paragraphes suivants de la Lumen Gentium.
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F.Breynaert,
cf. www.testimariani.net.